Ce prochain récit de voyage nous ramène en 2013 juste après notre mariage. Nous avons eu la chance de vivre deux voyages de noces! Le premier en voyage organisé par mon travail à Cuba et le second en van en Nouvelle-Zélande.
Pour le récit en terres maories, je vous invite à suivre la plume de Patrick dans ce qui est le précurseur de notre blog actuel : https://blondinettes-en-voyage.fr/nz/ .
Contexte cubain en 2013
Pour vous décrire la conjoncture de Cuba en 2013, laissez-vous porter par les mots de Patrick de l’époque. Je crois que depuis le changement de présidence (le départ des Castro du pouvoir) et la levée de l’embargo des Etats-Unis les choses ont un peu changé mais ce récit décrit notre ressenti de 2013.
Bon, vite fait pour vous situer le contexte, Cuba est la plus grande île des Caraïbes, juste en dessous des Etats-Unis. Colonisée par Christophe Colomb et les Espagnols en 1492, elle est conquise par les USA en 1898 pendant 4 ans, puis laissée aux différents dictateurs jusqu’en 1959 où Fidel Castro prend le pouvoir et y implante le régime communiste. Depuis 2006 c’est son frère à la tête du gouvernement, il est plus socialiste que communiste, il laisse le droit à la propriété, aux voyages, et, la nouvelle vient de tomber, aux importations de nouveaux véhicules.
Les conséquences de cette histoire sont très visibles actuellement. D’abord, suite à l’esclavagisme, les Espagnols ont amené une forte population noire. Le peuple est donc très métissé, et il n’y a pas de racisme. Même si la religion catholique est très présente (40%), la religion majoritaire est la Santeria, une religion africaine, mélange de christianisme et de ce qui ressemble à du vaudou. Hum, il faut rajouter que tout ce que je raconte ici est ce que j’ai retenu du discours du guide, donc il faut prendre ça avec des pincettes, j’ai peut-être mal retenu, et le guide a pu nous raconter ce qu’il voulait, même si nous étions très attentifs et très curieux de ses dires.
La deuxième grosse conséquence de l’histoire, c’est leur mode de vie. Quand on est communiste, tout est différent. Tout le monde est fonctionnaire, tout appartient à l’état. Les avantages, c’est que la santé et l’éducation sont gratuites. Cuba fait partie des 3 pays du monde les plus alphabétisés, et est à la pointe au niveau médecine, surtout pour les greffes, beaucoup d’étrangers viennent se faire soigner là. Il n’y a pas de chômage non plus, l’état fournit du boulot à tout le monde.
Ce dernier point soulève une anecdote amusante, lorsqu’on doit trouver du boulot à tout le monde, on invente des boulots inutiles. Dans un parc de La Havane, il y a une statue de John Lennon. Il porte ses traditionnelles lunettes rondes, mais celles-ci se faisaient voler régulièrement. Donc il y a un gars qui est là tous les jours, dès qu’il voit des touristes approcher il pose les lunettes sur le nez de John, et une fois le groupe parti il les retire… Ce gars a le même salaire que tout le monde là-bas.
Tout n’est pas positif, loin de là. Il y a deux monnaies, le CUC, pour les touristes, et le peso pour le peuple. Le CUC suit le cours du dollar US, le peso vaut 25 fois moins. L’Etat verse au peuple un salaire entre 20 et 30 CUC. Pour vivre correctement, c’est à dire acheter 2-3 vêtements de temps en temps, aller une fois au resto par mois, acheter de la viande régulièrement, il faudrait 400 CUC. Cet argent, le seul moyen de le gagner c’est de le prendre aux touristes. Les métiers jackpot à Cuba sont guide et chauffeur de car. Après 10 jours de voyages, les touristes laissent un joli pourboire. La classe moyenne, c’est ceux qui vendent des babioles dans la rue aux touristes.
L’état fournit maisons et voitures, mais au compte-goutte, il n’est pas rare de vivre avec ses parents ou beaux-parents pendant des années après le mariage. Pour les voitures c’est surtout en fonction du besoin professionnel. Il y a énormément de problèmes de transport en commun, les gens font du stop en tendant de l’argent pour payer la course, et des fonctionnaires sont placés en dessous des ponts de l’autoroute pour arrêter les véhicules de l’état (95% des véhicules) pour embarquer les gens qui le désirent, afin de rentabiliser les trajets.
Des métiers ne permettent pas de côtoyer les touristes, tels que médecin ou instit. Les instits fabriquent chez eux des gâteaux ou des crêpes et les vendent aux enfants qui peuvent se le permettre. Les gens amènent des cadeaux aux médecins, car ils savent qu’ils n’ont rien pour vivre.
L’état fournit des cartes de rationnement, avec des quantités fixes en fonction du nombre de personnes dans la famille. Par mois, tu as droit à un savon, un tube de dentifrice, 3kg de riz, un peu de viande, de farine, etc. Cela représente le strict minimum pour survivre. Mais tout le monde y a droit. Sur cette carte, il y a aussi le poids maximum de denrées un peu plus rares que tu peux acheter à l’état si tu as de l’argent, tel que le bœuf.
Le plat principal est riz-poulet-haricots noirs. Les gens peuvent posséder poules et cochons, ce qui rend ces viandes plus accessibles. Les vaches et les chevaux appartiennent à l’état, sont prêtés aux paysans pour les aider à la ferme, mais seul l’état a le droit de les tuer.
On trouve dans les rues des personnes telles que sur les photos, hommes/femmes bien habillés, cigare immense au bec. En fait, suite au succès qu’ont ces images dans le monde, ces gens sont payés pour faire cela, c’est-à-dire qu’ils prennent la photo avec toi, te demande une pièce, et reversent une partie à l’état.
A tous les repas nous avions droit à un groupe musical. Au début c’était très plaisant. A la fin on s’est rendu compte qu’ils jouaient toujours les mêmes airs, liés à Che Guevara ou au film Buena Vista Social Club. Et toujours toujours toujours ils réclamaient une petite pièce.
Il n’y a pas de publicité là-bas, par contre il y a de la propagande politique partout, sur les bienfaits du travail pour le pays, sur les héros de guerre dont surtout le Che. Dès qu’un message doit être passé, ça devient une citation du Che, cela favorise la communication. C’est limite un martyr !
Notre voyage
Nous avons donc fait ce voyage en groupe, nous étions 30, avec un guide et un chauffeur, très sympas tous les deux. Le guide parlait français, il était très ouvert, il nous laissait poser plein de questions. Les guides parlant français sont rares, c’est pour cela qu’il a choisit cette langue, il est sûr d’avoir du boulot tout le temps, et donc des pourboires. Les guides parlant italien par exemple sont plus nombreux, il n’y a pas assez de demandes pour les occuper à plein temps toute la saison.
Nous avons passé 2 nuits à La Havane pour visiter la ville, déguster du rhum et rouler dans de jolies voitures. Le 2ème soir, nous avons eu droit à une immersion hors des sentiers battus : avec un autre couple d’amis, nous avons flâné dans les rues et un homme nous a abordés pour nous proposer d’acheter des cigares. Il est allé chercher sa compagne à son travail puis ils nous ont emmenés chez une connaissance à eux qui travaillait dans une fabrique de cigare. On a cru comprendre que tout cela n’était pas très légal et que notre accompagnateur touchait une commission sur ce que nous achèterions. Nous avons assez vite coupé court à cet achat et sommes repartis vers l’hôtel en nous sentant un peu gênés mais jamais nous n’avons pensé que notre sécurité était compromise. C’était intéressant de découvrir l’envers du décor touristique décrit par notre guide.
Les deux jours suivants ont été consacrés à un tour dans l’ouest de l’île du côté de Viñales pour découvrir les impressionnants Mogotes ainsi que des fabriques de cigares.
Nous avons ensuite visité quelques villes plus centrales : Cienfuegos, Santi Spiritus, Santa Clara, la très colorée Trinidad et des plantations de café dans le Parque Guanayara. Nous avons fait l’expérience d’une boite de nuit dans une grotte avec des jeunes cubains et l’entrée gardée par des hommes armés. Voir les jeunes faire la fête comme partout sur la planète malgré des conditions de vie austères et un avenir pas toujours rose, nous ont permis d’apprécier encore mieux ce voyage dont l’authenticité est limitée par le côté organisé.
Nous avons eu droit à des plages paradisiaques tant au Nord Ouest (côté Floride) qu’au Sud (côté Caraïbes), pas de plongée car trop de vent, mais malgré cela près de la côte nous avons pu voir quelques jolis poissons/crabes…
Les deux derniers jours étaient très contrastants, comparés à toute la pauvreté que nous avions pu voir, nous nous sommes retrouvés dans des hôtels de luxe avec tout à volonté. Ces hôtels sont prévus principalement pour les Canadiens (60% du tourisme de Cuba), qui ne veulent pas visiter mais profiter du soleil, en sortant des liasses de billets pour les pourboires…