Du courage, du courage, du courage…
Depuis que nous nous sommes décidés, c’est un mot qui revient très souvent. La famille, les Amis, même les commerçants à qui l’on achète notre équipement, ils le disent:
« Oh, vous en avez du courage… »
Mais pourquoi nous disent-ils ça ? Avec Anouck, ça nous a interpellé, alors on a pris le temps de réfléchir sur ce sujet. Et on s’est rendu compte que finalement, les raisons étaient très variées : elles sont liées aux peurs des personnes en face de nous. On a pu en identifier quelques-unes.
- La peur de l’inconnu. C’est sûr, nous ne savons pas ce qui nous attend. Nous avons imaginé, planifié, préparé plein de choses, mais ce que nous allons vivre sera certainement loin, même très loin de ce qu’on avait en tête. Mais cela fera partie de l’aventure, nous nous sommes conditionnés à être cool, nous aurons des bonnes et des mauvaises surprises, tout sera à posteriori des supers histoires à raconter !
Il y aura bien sûr des retards dans les transports, des aléas météorologiques, des jours où l’on est moins bien, des repas pas très bons, des logements décevants.
Il y aura aussi des rencontres géniales, des paysages à couper le souffle, des découvertes culinaires, des émerveillements, des sourires et des rires, des câlins et du partage !
- La peur de voyager avec des jeunes enfants. Entre l’appréhension de les perdre et les stéréotypes du « Papa c’est encore loin ? », « Maman j’m’ennuie… », « J’dois faire pipiiiiiiiiiiii !!! ». Cela ne nous inquiète pas.
Depuis qu’elles sont nées, les Blondinettes ont voyagé, des allers-retours avec la Belgique pour voir la famille, en train, en voiture, Zora a même fait le tour du Royaume-Uni en auto lorsqu’elle avait 2 ans (Léna était dans le ventre d’Anouck, ça compte pas !).
Nous avons testé l’avion à Pâques l’an dernier pour Majorque, pas de soucis non plus, le ferry pour traverser la Manche ou aller en Corse n’a pas posé problème. Nos filles sont très faciles à vivre dans les transports, sont collées à nous dans les lieux publics, tout va donc bien se passer.
Il y a les activités aussi. Bien sûr nous ne pourrons pas avoir le même rythme que si nous étions qu’entre adultes. Et il y aura sans doute de nombreuses sorties qu’on ne fera pas car les Blondinettes sont trop jeunes (tant pis pour les matchs de foot si réputés, pour le trek de l’Inca ou pour les nuits à danser le tango !).
En changeant de point de vue, cela va nous permettre de prendre le temps pour chacune de nos activités, sans courir, pour en profiter à fond. Et mine de rien, elles marchent nos petites montagnardes ! Donc nous ferons quand même de la randonnée et nous visiterons des endroits inaccessibles en voiture.
- La peur de se faire voler. Oui, il y a une probabilité élevée de se faire voler. Comme dans le métro des capitales européennes ou dans les lieux touristiques très fréquentés (Anouck a aperçu des pickpockets en action sur la butte Montmatre à Paris). A partir du moment où l’on accepte ce risque, l’angoisse s’envole.
Après, tous nos documents sont scannés et sur internet, nos billets d’avions aussi, nous aurons plusieurs cartes de banque, et nous laisserons autant que possible les choses de valeur à l’hôtel. Le reste, c’est de la vigilance, des sacs à dos sur le ventre, des cadenas durant les transports.
On se dit aussi que même si on ne se fait rien voler, on peut toujours perdre des objets, surtout avec nos deux Blondinettes dans la lune ! Nous devrons garder l’œil ouvert !
- La peur de partir de chez soi. C’est vrai que l’on a notre petit confort, notre maison, nos habitudes, tous ces accessoires superflus mais nécessaires. Mais tout cela nous attendra à notre retour. Et certainement qu’après quelques mois de voyage avec très peu de matériel / vêtements, on sera enfin prêts à trier nos possessions et ne garder que l’essentiel.
Pour ce qui est des manques que l’on aurait là-bas, ils ont aussi des magasins, des médecins, des pharmacies, des marchés… Rien à craindre donc !
Les Blondinettes sont déjà inscrites à l’école, elles auront leur place à la rentrée. Et moi, même si je ne sais pas encore sur quel projet je serai, mon travail m’attendra.
Après ces réflexions, nous avons réalisé que nous n’avions pas peur. C’est pour cela que nous sommes à chaque fois étonnés de ce courage que l’on nous attribue. Nous sommes prêts, notre rêve est devenu un projet, toutes les choses que l’on pouvait anticiper ont été étudiées, pour le reste… On verra !
Partir aussi longtemps va nous permettre d’improviser, partir aussi loin va nous inciter à trouver des solutions simples et efficaces.
Anouck est organisée, je suis pragmatique, à nous deux on forme une super équipe ! Et puis nos Blondinettes seront là pour nous faire rire et relativiser, et on mise aussi sur l’accueil des locaux !
Finalement, le seul courage dont j’ai besoin, c’est celui pour effectuer ce dernier mois de boulot sérieusement malgré mon esprit déjà à moitié parti !