28/11/2022 => Jour 88
Pendant tous nos préparatifs du matin, on regarde la mer par la fenêtre. Mais il n’y a personne, les dauphins sont partis jouer ailleurs. On recommence à longer la côte jusqu’à Porvenir, les paysages sont magnifiques, on monte et on descend sur le bord des falaises, on aperçoit nettement de l’autre côté du détroit des monts enneigés, sans doute de l’île Dawson.
Bahia Inutil Porvenir
1h
46 kms
La piste, quand à elle, est horrible, beaucoup de cailloux, ça bouge beaucoup, ça penche, j’appréhende toujours que ce soit un pneu crevé. À mi-chemin, un 4*4 chilien nous fait des appels de phare en nous croisant, je remarque qu’il s’arrête, comme hier je fais une marche arrière pour être à sa hauteur. Quand les fenêtres s’ouvrent, on entend « Alors les Savoyards, ça va ? » (En français dans le texte). Des voyageurs français (Franche-Comté d’après l’accent me dit Anouck, moi je sais juste que ce n’est pas marseillais !) en road trip dans le sud de l’Amérique, malgré un historique apparemment chargé de voyage, ils nous envient notre liberté en camping-car. C’est marrant ces rencontres fugaces en bord de route.
Juste avant d’arriver en ville, nous passons voir un mirador qui permet d’admirer Porvenir et sa baie. Il y a des sculptures représentant des rituels indigènes, ainsi que des panneaux expliquant ces cérémonies à grand renfort de vieilles photos. En effet, ces peuples vivaient toujours au XIXème siècle, il y a eu un génocide vers 1900…
Dans la ville, on s’arrête au musée qui fait aussi office du tourisme. Nous récoltons les infos culturelles et pragmatiques : nous avons besoin de cash, et de remplir les placards. Le taux monétaire est plus ou moins de 1€ pour 1000 pesos, les conversions seront faciles. La plus grande épicerie est de la taille d’un petit supermarché, on trouve tout ce dont on a besoin, sauf de l’alcool, ils n’ont pas la licence.
On mange un bout puis on va visiter le musée. Il y a beaucoup d’animaux empaillés, les filles sont heureuses, et beaucoup d’explications sur les peuples indigènes. Il y a le wifi aussi, et ça, ça fait plaisir aux parents. On amènera donc à tour de rôle notre PC pour mettre à jour le blog et instagram.
L’employée du musée, très sympathique, nous demande si on a de la monnaie européenne pour son conjoint qui collectionne les pièces. On fouille Coquillette pour trouver des euros originaires des différents pays, France, Belgique, Pays-Bas… Je lui montre et elle, toute contente, écrit sur ses post-it l’origine de chaque pièce.
Nous devons ensuite trouver une carte SIM chilienne. Je refais la même erreur qu’en Argentine, je sors du magasin sans avoir internet qui marche. J’essaie de recharger via le wifi du musée, mais l’opérateur refuse mon téléphone français. Finalement on va dans une autre épicerie, où la dame prend le temps de nous expliquer, elle nous confie même son numéro de carte d’identité pour que je puisse ouvrir un profil sur le site de l’opérateur. Ça y est, on a internet, ouf !
Porvenir Laguna Verde
40 minutes
23 kms
Nous quittons Porvenir pour rejoindre un site admirable: des formations rocheuses bâties par des bactéries. Ça prend des millions d’années, et les petits murs ne font pas plus de 60 cm de haut ! Par contre il y en a vraiment beaucoup ! Nous marchons sur une passerelle au milieu de ces rochers, on admire la lagune à l’extrémité, et on revient en courant. Les filles ont besoin d’exercice, nous leur avons beaucoup demandé de tenir en place aujourd’hui.
La route continue, c’est du ripio. La dame de l’office du tourisme nous a déconseillé cette piste, elle pense qu’on peut se perdre. Mais on n’a pas envie de faire demi-tour. La route qu’elle nous a suggéré nous fait faire un détour, et Anouck a trouvé un lieu pour dormi au bord d’une lagune. Lorsqu’on y arrive, le vent est déchaîné. On se gare face au lac et face au vent, les vagues sont dignes de l’océan.
En cours de soirée, on bouge de plus en plus : le vent a tourné et nous attaque latéralement. C’est un dilemme, est-ce qu’on change d’emplacement pour se remettre le nez au vent ? On risque de réveiller les filles ! Je choisis la sécurité, je nous remets dans un bon axe. Les filles ne se réveillent pas, et nous on dort plus sereins.
29/11/2022 => Jour 89
Le vent s’est calmé durant la nuit, d’après Anouck. Elle a dû se lever pour Léna qui a eu un accident, pour une fois je n’ai rien entendu ! Le vent recommence déjà à souffler, et on a beaucoup de ripio à parcourir aujourd’hui. La piste continue sans vraiment d’embranchement, je ne sais pas comment on pourrait se perdre. Ça tremble de partout, la route n’est vraiment pas agréable.
Laguna Verde Cerro Sombrero
2h15
99 kms
On rejoint une route principale, pendant une trentaine de kilomètres, c’est bitumé. Ensuite ça recommence le ripio, ils n’ont pas fini l’amélioration de la route. On ne croise pas grand monde, à part les 4*4 rouges des travailleurs du pétrole. Nous atteignons vers midi Cerro Sombrero. Nous connaissons bien ce village, nous y avons fait étape en arrivant en Terre de Feu.
La raison de notre arrêt ici : ce sont les copains (Hélène, Antoine et les garçons) qui sont en route vers le Sud, ça fait presqu’un mois qu’on ne les a pas vu. Nous les rejoignons au camping. Celui-ci est fermé, car des panneaux brise-vent sont tombés. Mais en faisant le tour de la zone, on y accède facilement, tous les voyageurs continuent d’y venir. On repère le camping-car des copains, mais eux ne sont pas là. Les sanitaires sont fermés, donc ils sont partis à l’office du tourisme se doucher.
Maman Blondinette en profite pour faire mijoter une bonne ratatouille, le nouveau plat préféré de Zora. Dès que les copains arrivent, les enfants partent jouer. Ils sont super contents de se retrouver, ça fait plaisir à voir. On discute un peu dehors, sous le vent qui monte en puissance. Puis, comme les enfants sont montés dans Coquillette et s’amusent bien, les adultes vont dans l’autre véhicule pour prendre l’apéro. On finit par aller prendre le repas de midi… à 15h !
Ensuite Anouck part à l’office du tourisme profiter du wifi gratuit. La fois passée, elle avait sympathisé avec l’employé, mais le bureau est fermé. Comme les filles jouent chez les copains, je me lance dans un gros chantier : le robinet de la cuisine n’a plus de débit. Mais pour le démonter, je dois aussi démonter l’évier encastré dans le meuble. Je passe le robinet au vinaigre, et je remonte le tout. Je croise surtout les doigts pour que ce soit étanche, j’ai peur de faire pire que mieux !
Finalement, il faudra deux-trois jours pour que l’ensemble se décrasse et retrouve un débit correct. Pour le soir, nous nous mettons d’accord pour un repas pizza, de nouveau accompagné d’un apéro. On fait table à part : les enfants mangent d’un côté et les adultes de l’autre. Tout le monde y trouve son compte ! On ne va pas coucher trop tard, on sait que les Blondinettes ont besoin de sommeil !
30/11/2022 => Jour 90
Comme à chaque fois, on se réveille bien avant nos voisins. Les filles veulent aller jouer, mais hors de question de réveiller les copains ! Nous partons pour les douches, à l’Office du Tourisme. Il y a 1/4h à pied, et le vent est toujours bien présent. Le bloc sanitaire est chauffé, l’eau est chaude, nous en profitons pour laver les cheveux des filles. Le démêlage est compliqué, surtout pour Zora qui laisse toujours ses cheveux détachés. Avec le vent patagon, ça ne pardonne pas.
On profite du wifi pour appeler Papy Blondinette. Tata Fanny est près de lui, c’est chouette de parler à la famille. Lorsqu’on revient, les copains sont réveillés, deux clans se forment, les aînés préparent un spectacle, les plus jeunes regardent des livres. Léna récite ses livres préférés à Bastien, c’est trop mignon.
Le jeu des adultes, c’est de trouver le meilleur endroit pour être abrités du vent. Des ouvriers sont venus débroussailler le terrain, on a dû bouger nos véhicules. Et nos nouveaux emplacements sont horribles, nous sommes sur des barques en pleine tempête. Lorsqu’ils terminent leur journée, on retourne à notre emplacement initial.
L’employé de l’office du tourisme, celui avec qui Anouck avait sympathisé la semaine passée, vient jouer avec sa fille à la plaine de jeux du camping. On a enfin la raison de la fermeture de l’office, il a démissionné. Tant qu’il n’y a pas de remplaçant, la porte est close. Il passera quand même afficher un message sur la porte.
Le vent est plus puissant qu’hier, nous sommes encore bien secoués. On hésite à remonter dans le village et s’abriter derrière un gymnase ou autre bâtiment massif. Finalement, on se gare contre le bloc sanitaire. Ce n’est pas notre meilleur spot question panorama, mais ça nous sauve la vie ! Les camping-cars sont stables, on ne ressent plus les rafales à plus de 100km/h.
Anouck a préparé un gâteau à la banane pour le goûter, on le sert aux grands. Antoine et Hélène en amènent aux plus jeunes, Léna leur fait des yeux de Chat Potté pour éviter d’en manger. Elle réussit trop bien, ils lui donnent du chocolat à la place. Pour le soir, nous avons installé la deuxième dînette à la place du lit des filles, nous mangeons tous ensemble des crêpes, il y a une bonne ambiance !
Nous parlons du futur, ils partent vers Ushuaïa, nous en revenons, dur de savoir quand on pourra se recroiser. Les enfants sont déçus, ils s’entendent vraiment bien. On se dira au revoir demain matin.
01/12/2022 => Jour 91
C’est incroyable ! C’est toujours lorsqu’on se plaint de nos filles lève-tôt qu’elles font une grasse mat’. Elles voulaient vraiment dire au revoir aux copains, elles se réveillent à 9h30. La dernière fois que Zora s’est levée si tard, elle avait 3 ans et on l’avait soignée au Toplexil ! Bon, elle a fait du bruit à 7h, on lui a dit « chut ». Elle s’est vraiment rendormie, ça n’arrive jamais.
Quand Anouck est sortie de Coquillette pour dire au revoir, elles se sont réveillées en catastrophe ! Elles ont quand même pu faire au revoir depuis la porte, en pyjama. On se prépare à notre tour pour le départ. Un dernier passage à l’office du tourisme faire le plein d’eau, puis nous roulons plein nord, pour prendre le ferry.
Cerro Sombrero Détroit de Magellan
45 minutes
41 kms
Comme à l’aller, la chance nous sourit. On arrive vers midi, on embarque 15 minutes plus tard. Pendant que je paye, les filles montent sur le pont. Antoine et Hélène ont aperçu des dauphins de Commerson lors de leur traversée. Les Blondinettes en voient aussi, mais de loin, et lorsque j’arrive, c’est trop tard.
Bye bye Tierra del Fuego, ce fût 15 jours vraiment à la hauteur de ta réputation !