22/02/2023 => Jour 174
Pour la randonnée aujourd’hui, il ne faut pas trainer au lit. La nuit n’est pas terrible, le stress de louper le réveil me réveille à plusieurs reprises. Je ne crois pas que je pourrai un jour reprendre une vie de bureau ! On est prêts à 8h, je gare Coquillette dans le champ à côté du camping. Personne n’est là pour nous faire payer le stationnement, tant mieux !
Au début du sentier, un garde nous accoste pour vérifier qu’on sait que l’on s’engage sur une randonnée compliquée, je me demande comment il filtre les promeneurs, vu le nombre de personnes que l’on croise une bouteille à la main, ou avec un sac à main mal positionné, ou même sans équipement du tout !
Nous sommes sur une piste poussiéreuse assez large pour que les 4*4 puissent passer. Nous devons descendre jusqu’à la rivière, c’est assez raide, Maman Blondinette appréhende déjà le retour, nous devrons terminer par cette énorme côte ! Tout en bas, il y a quelques plants de houblon, cela nous permet d’expliquer cette curieuse plantation aux filles. El Bolson est la région de production du houblon argentin.
On passe deux passerelles pour franchir l’eau et l’ascension commence. Il faut revenir à la même altitude que le camping pour longer la montagne avant de rejoindre à nouveau la rivière. Ce n’est pas un passage agréable, c’est très poussiéreux et on soulève des nuages de fumée à chaque pas. Des quads nous dépassent, ils vont ravitailler les nombreux refuges de la zone.
Au sommet de la côte, on entre dans la forêt et on alterne montées et descentes. Nous croisons beaucoup de monde dans les deux sens, équipés de sacs à dos avec affaires de couchage, les refuges doivent bien tourner ! On arrive près d’un endroit nommé Playita (=petite plage). Un espace en galets donne accès à la rivière, qui forme à cet endroit un joli bassin avec une couleur d’eau à couper le souffle. On comprend mieux pourquoi elle est appelée la rivière bleue ! Il est 11h du matin et il y a déjà des jeunes en train de se baigner.
On continue vers notre objectif, el Cajon del Azul. Après une passerelle, on grimpe sur l’autre versant et on arrive à ce refuge. Ça a l’air haut de gamme, il y a un verger, des moutons, des tentes un peu partout, des bâtiments bien entretenus… Mais on n’a plus accès à la rivière. Nous voulions manger près de l’eau, on ne reste pas ici.
Pour ne pas redescendre par le même chemin, on suit une piste qui nous mène en haut d’un canyon, la vue est belle mais impressionnante. En effet, rien n’est sécurisé, on surveille bien les Blondinettes. Sur ma carte topographique, on peut passer par une passerelle à cet endroit. Celle-ci est dans un piteux état, on respecte donc le panneau « No Pasar » . On repère un sentier qui longe la falaise, on l’emprunte et on arrive sur une plage de galet. Celle-ci est déjà occupée par des groupes en train de faire bronzette, quelques courageux se lancent depuis des gros rochers vers les bassins plus profonds.
Nous nous isolons un peu, à l’ombre, nous mangeons et les filles font des barrages. Nous observons des randonneurs qui traversent la rivière, la passerelle n’est apparemment pas accessible sans refaire tout le tour par le refuge. C’est l’occasion de proposer une aventure aux filles ! Nous sortons les maillots, je transforme mon pantalon en short, Anouck enfile son bas de bikini.
On se lance dans la traversée. Les filles empruntent un endroit calme, mais un peu profond. Je choisis un passage plus adapté à ma tenue, le courant est beaucoup plus fort. Je dois mettre les mains à l’eau pour m’agripper à des rochers ! Nous arrivons sur l’autre rive sans avoir mouillé les affaires critiques, on peut se rhabiller.
Nous entamons le retour, qui n’est pas très passionnant. Ma douleur au genou se réveille, je traîne la patte. Zora me tient compagnie, pendant que Léna entraîne Anouck en courant dans les descentes. La dernière côte à gravir est longue, on se fait dépasser par des cavaliers qui proposent d’embarquer Léna. Anouck l’imagine nous attendre 1/2h seule à l’arrivée, on décline donc l’offre.
En atteignant Coquillette, il commence à pleuvoir, timing parfait. 9h, 20km, presque 1200m de dénivelé, encore une belle performance ! Nous roulons jusque El Bolson, on se pose à l’écart du centre, près d’une passerelle qui franchit une rivière. Beaucoup de locaux passent par là, Anouck ouvre la fenêtre pour discuter pendant que je fais des crêpes. Son téléphone se met à sonner : 4 nouveaux followers pour son compte instagram, avec des noms bien latinos !
23/02/2023 => Jour 175
Avant de quitter El Bolson, nous avons vu qu’il y avait une station d’épuration, on espère pouvoir y déverser nos eaux grises et noires. C’est raté, les grilles d’égouts sont entourées d’obstacles, et je n’ai pas de tuyau, je dois garer Coquillette au dessus de la grille. L’employé, très sympa, accepte que je remplisse le réservoir d’eau fraîche. Pendant ce temps, nous discutons, il est intéressé par mon avis sur sa région. Il y vit très heureux, c’est vrai que ce cadre de montagnes n’est pas pour me déplaire.
El Bolson Parc Nation Nahuel Huapi
1h30
87 kms
On en parlait avec Anouck, c’est un peu les paysages des vallées alpines. Mais il n’y a pas de hameaux partout sur les flancs, pas de GR, pas de routes alsphatées hors de la 40, ➕ d’oiseaux mais ➖ de mammifères, ➖ de gestion de la forêt. Quand on regarde les montagnes ici, elles semblent sauvages et inaccessibles.
On attaque la route 40 vers Bariloche, mais avant d’atteindre la ville, on s’engage sur une piste de ripio pour entrer dans le parc national Nahuel Huapi. On reçoit les instructions à l’entrée, après avoir payé notre droit de passage. La route de ripio est tellement étroite à certains endroits, qu’il y a des horaires sur les sens de circulation. Pour l’instant, on peut rejoindre des cascades d’un côté du parc, c’est parti pour 30km de ripio. Je prends mon temps, pas question d’abîmer Coquillette. Je crée des bouchons, je me range régulièrement sur le côté. Les Argentins n’ont ni problème de pneus, ni de suspension !
Entrée du parc Cascade Los Alerces
1h25
25 kms
Les paysages sont magnifiques, des lacs et des rivières aux couleurs féeriques. Sur les bords d’un lac, on aperçoit un immense sommet enneigé, le Tronador, ce sera lui qu’on admirera demain. Nous arrivons aux cascades « Los alerces ». Il y a 500 mètres de passerelles en bois pour y accéder, avec des panneaux pédagogiques sur la faune et la flore. La cascade principale est très jolie, beaucoup de débit, une eau transparente, ça vaut la mauvaise route pour venir.
De retour au camping-car, c’est l’heure du goûter. Maman Blondinette s’installe au bord de la rivière pour lire Harry Potter aux filles pendant que je prépare la collation. Nous décidons de dormir sur les bords du lac, avec la vue sur le Tronador. Les filles jouent les pieds dans l’eau en attendant le repas. Des voitures passent pendant la soirée, ce sont les Argentins qui ont profité de leur maté jusqu’aux derniers rayons de soleil.
24/02/2023 => Jour 176
Anouck m’avait proposé qu’on prenne notre temps, nous ne pouvions prendre la route qu’avant 9h ou après 11h. Je m’embrouille dans le timing, comme on se lève tard, je mets la pression pour qu’on parte à 10h. On croise plusieurs bus de touristes, qui ont passé la barrière au dernier créneau pour monter, tracent pour visiter les cascades et redescendre après 11h vers le Tronador. Je suis un peu confus, je pense qu’ils sont en tort jusqu’au moment où Anouck me relit les horaires. En plus, ils ont un horaire à respecter, ils roulent comme des fous.
Cascades Los Alerces Tronador
2h30
51 kms
Nous avons 51km aujourd’hui pour aller jusqu’au début de la randonnée qu’Anouck a repérée. Certains passages sont rudes, mais on s’accroche et on arrive à destination au bout de 2h30. C’est déjà l’heure de manger, on part dans l’après-midi faire cette balade. Les commentaires la décrivent comme un des plus beaux points de vue d’Argentine, mais aussi comme une randonnée très exigeante. En moins de 2 kilomètres, on monte de 550 mètres. Autant vous dire que c’est raide. Et que la majorité des touristes ne la font pas, ils accèdent à un mirador non loin pour voir le paysage d’en bas.
La première épreuve consiste à trouver le départ du sentier, ils ont construits des bâtiments depuis que ma carte a été dessinée. On les contourne, on trouve une petite rivière composée de plusieurs bras. On galère un peu mais on parvient à la franchir en gardant les pieds secs ! La piste débute dans les bois et commence directement à grimper. Ce n’est pas bien entretenu, il y a des arbres couchés à éviter.
Un bruit suspect nous interpelle, on dirait un jouet pour chien. Ce sont trois pics de Magellan qui nettoient un tronc non loin de nous. Les premières trouées dans les arbres viennent tard, mais elles offres des vues magnifiques, un glacier au sommet d’une falaise, avec une cascade qui tombe jusqu’au pied de la montagne, non loin du parking. Nous admirons aussi un lac, on croit y voir un iceberg.
Certains passages très pentus sont en terre sèche, on patine un peu, et on appréhende la descente. Nous avons croisés au début 1 femme et un couple, mais cela fait un moment que nous sommes seuls. À la sortie de la forêt, on escalade une pente en roche dure. Des rafales de vent nous bousculent, cela fait très peur à Anouck. Si l’un de nous glisse ici, la chute ne sera pas drôle. Je fais un peu de repérage, il y a de nouveau de la végétation plus haut, on continue !
La pente se fait plus douce, nous sommes sur la crête de cette colline. À la sortie d’un bosquet, on trouve la raison des commentaires élogieux de cette rando : derrière un piton rocheux, un autre glacier (ou un autre pan du même glacier) avec de nombreuses cascades, la vue est exceptionnelle. Il n’y a aucun autre accès pour admirer ce panorama. En marchant quelques dizaines de mètres de plus, on revient au premier glacier, avec une vue en surplomb incroyable.
On prépare les filles à la descente, on reste sur les pieds, on ne pousse pas les autres, on garde les mains libres… Nous sommes très concentrés jusqu’à l’entrée dans les bois, après on relâche. Les filles se laissent glisser sur les fesses à plusieurs reprises, se prennent des fous rires, courent quand c’est faisable. On découvre des nouveaux pics, une autre espèce, qui grignotent des troncs, ils sont plus petits. En bas, on essaye de trouver un meilleur gué pour franchir la rivière, mais au final Anouck et Zora termineront un pied dans l’eau.
Sur le parking, il n’y a plus personne, il est 18h. Anouck fait l’aller-retour jusqu’au mirador à touristes pour voir s’il y a une photo à prendre, mais c’est très décevant. On redescend d’un kilomètre jusqu’à un autre mirador, pour admirer le lac que nous avions vu d’en haut. À son extrémité, il y a le glacier noir. C’est la glace qui tombe de la falaise, accompagnée de gravats, qui regèle et recrée un nouveau glacier. Ce sont donc bien des icebergs que nous avions vu dans le lac.
Vu l’heure, on décide de manger dans le restaurant à touristes à 8km de là. La vue par la baie vitrée est incroyable, bien plus que la nourriture. Pour ne pas devoir faire toute la route demain, on roule une grosse heure après le repas. Il commence à pleuvoir, il fait nuit, pour parcourir une piste de ripio ce n’est pas l’idéal. On se dit que pour certains passages, c’est peut-être mieux de ne pas voir ce que je fais subir au camping-car.
Peut-être qu’avec de la chance, on va pouvoir voir un puma ? Ben non, nous avons vu 5 lièvres et une vache. L’endroit où l’on s’arrête n’est pas autorisé pour camper (seulement pour passer la journée), mais il est tard, et on compte partir tôt demain.
Comments (2)
superbe cette rivière à l’eau limpide et incroyable la vue sur les glaciers !
Oui, on s’est vraiment régalés !