Ha ha ha, je suis content ! Anouck est peut-être à jour sur le compte insta, mais elle est frustrée de ne mettre que 10 photos par post. Le parc dont je vais parler était trop beau, et je n’ai pas de limites, je vais vous inonder de photos !!!
09/03/2023 => Jour 189
Après ce passage de frontière facile, nous atteignons le village de Melipeuco. Nous nous arrêtons comme d’habitude à l’office du tourisme. Nous mangeons ensuite dans un restobar qui avait fait de l’œil à Maman Blondinette. Je me laisse tenter par un morceau de sanglier, ça faisait longtemps que je n’avais pas mangé de gibier. Les filles n’aiment pas trop leur poulet gratiné, et les patates sautées que Léna a choisies sont un peu trop piquantes. Anouck et moi sortons le ventre bien rempli !
Nous faisons les courses et ensuite nous nous garons sur le parking du musée, Anouck y emmène les filles pendant que je bosse mes articles, je me mets un peu la pression car j’ai deux mois de retard ! Le musée est fermé, donc c’est séance plaine de jeux sous la pluie. Ensuite temps calme dans Coquillette pendant que je continue à rédiger, jusqu’à ce qu’un article soit prêt.
Nous voulons dormir près de l’entrée du Parc Conguillio, c’est à une dizaine de kilomètres d’ici. Dès le démarrage, je sens que Coquillette ne va pas bien. La pédale d’embrayage ne remonte pas jusqu’en haut. On hésite beaucoup, est-ce qu’on continue comme ça, ou on cherche un garage ? Il est 19h, nous continuons, j’essaye de ne pas trop changer les vitesses. Après le parc, nous voulons aller dans la ville de Temuco, on cherchera un garage là-bas, si le câble d’embrayage tient jusque-là.
Le spot pour dormir est déjà occupé, on se gare finalement sur le parking du parc, comme il est fermé, il ne devrait pas trop y avoir de passage.
10/03/2023 => Jour 190
Cette journée est placée sous le signe du stress. Nous avons mal dormi, on est inquiet pour cet embrayage. Les cascades de Truful-Truful sont juste à côté, avant d’entrer dans le parc. Nous commençons donc par là. C’est joli, on se promène sur un sentier de sable noir, délimité par des blocs de lave. La cascade n’est pas très haute, mais a beaucoup de débit. On retourne au camping-car, en passant chez les gardes-parc pour valider notre ticket d’entrée.
Je me concentre, je démarre et … zut, le frein à main. On recommence. Je me mets en deuxième et je roule à 20km/h. Le ripio aurait pu être sympa, sable noir volcanique ou terre quand on traverse des forêts. Mais il y a de la tôle ondulée et des trous, souvent en alternance, ce qui fait tanguer Coquillette. Et surtout, la piste est étroite, pas facile de se croiser. En temps normal, ce n’est pas grave. Mais là, je ne veux pas avoir à changer de vitesse. La chance est avec nous, nous croisons deux voitures lors de passages plus larges.
Les vacances chiliennes sont finies, nous sommes en semaine et il fait gris : il n’y a pas grand monde dans le parc. Le paysage est magnifique, nous voyons le volcan Llaima avec ses teintes noires et rouges, et des lacs aux couleurs magiques, nous nous y arrêterons quand il y aura du soleil, demain ou dimanche.
Anouck me dit à un moment qu’elle hésite à faire la dernière portion, qu’on peut la faire à pied, elle me dit de choisir en fonction de comment je sens le chemin. Ultra concentré sur la route, je ne prends pas de décision, je suis le plan. Nous nous retrouvons dans une montée interminable, avec des talus abruptes de chaque côté qui empêchent de se croiser. Certains arbres penchent vers la route, je dois me serrer d’un côté ou de l’autre pour les éviter, ce ne sont pas juste des branches mais des vrais troncs d’arbres anciens !
Le moteur chauffe, certaines ornières nous secouent. Au bout de 5kms, une descente de 800 mètres pour terminer ce tronçon, encore plus étroite et extrêmement pentue. Je me gare exténué sur le parking de la balade, et je remarque que de ce côté, un panneau annonce « 4*4 seulement » . Grosse tension entre Anouck et moi, elle ne comprend pas pourquoi je n’ai pas fait demi-tour quand j’ai vu le début du chemin, j’ai du mal à expliquer que j’étais tellement la tête dans ma conduite que je ne pouvais pas prendre du recul sur la situation.
Nous faisons le tour d’un lac, 2,5km, pour décompresser. Cet étang n’est pas fou, ça rend encore plus insensé ma décision de venir jusqu’ici. En plus, il y a des petites averses. J’appréhende énormément le trajet inverse, que faire si on croise quelqu’un ? Anouck a peur que l’embrayage lâche ici, les gardes-parc ne nous aideront pas si on emprunte une piste 4*4 avec un camping-car !
Ça nous brasse tellement qu’on décide de repartir tout de suite, même s’il est l’heure de manger. On commence la montée et Coquillette s’essouffle en deuxième. Le temps de repasser la première, je cale. Je cale trois fois de suite, grosse panique à bord. Finalement ça repart dans un gros nuage de fumée, de peur d’abîmer l’embrayage, je lâchais la pédale trop vite. Une fois dans la longue descente, on souffle un peu, et la suite se passe bien. Nous ne croisons personne, je reste en deuxième, je ne touche pas les troncs envahissants.
On se gare sur le parking d’une plage de sable volcanique. C’est le lac Conguillio, avec vue sur le volcan Sierra Nevada. À peine garés, un chilien vient me parler, son frère importe des camping-cars européens, si jamais on veut vendre le nôtre à la fin de notre voyage ! Je suis encore sous l’adrénaline de la conduite, mais je fais bonne figure.
Nous nous cuisinons un repas rapide, puis nous repartons en balade, en laissant Coquillette se reposer. Nous voulons voir l’araucaria Madre (=mère). Le sentier est très agréable, dans une forêt de Lenga, Coigüe et Araucaria. C’est magnifique, tous ces arbres sont hauts de 30-40 mètres, dans les sous-bois c’est des bambous et du fushia. Les pics de Magellan sont présents, ces oiseaux sont magnifiques ! On trouve des pignons d’Araucaria ; même si leur ramassage est soumis à un contrôle, on en ramasse une poignée pour les goûter à l’apéro (il y en a tellement sur le chemin).
Ça monte très légèrement, c’est une promenade facile. Les Blondinettes sont à fond dans Harry Potter, elles courent devant en inventant des histoires magiques : je suis préfète-en-chef, je suis attrapeur de Quiditch, mon père c’est Dumbledore… Des bouts de bois leur font des baguettes ou des balais. Les troncs de ces arbres anciens sont majestueux, mais lorsqu’on arrive devant l’araucaria Madre, c’est encore autre chose : 1800 ans, 50 mètres de haut, 2,20m de diamètre. Cette espèce n’a des branches qu’au sommet, pour capter la lumière. Donc on peut admirer le tronc massif qui s’élève tout droit, c’est impressionnant !
Nous rebroussons chemin, et nous allons voir le voile de la mariée. C’est une cascade dans une forêt d’araucarias, qui rebondit sur de nombreux rochers pour faire comme un voile. Ce n’est pas non plus la plus belle cascade que nous ayons vue, nous retournons vers Coquillette. Nous passons un peu de temps sur la plage, les filles jouent les pieds dans l’eau. Nous mangeons et prenons la douche sur ce parking, puis nous roulons jusqu’au départ de la rando de demain. On ne croise personne à cette heure tardive, ouf, au dodo !
11/03/2023 => Jour 191
La randonnée d’aujourd’hui est vantée comme l’une des plus belles du Chili, d’après de nombreux commentaires dont celui de nos copains les P’tits Coquins. Maman Blondinette est un peu inquiète, le ciel est bleu sauf sur le volcan. Il a un chapeau de nuages, c’est bien moins sexy que lorsqu’il est découvert. Moi, je reste confiant, ça va se dégager dès que le soleil chauffera.
Nous nous lançons sur un sentier qui monte tranquillement dans les bois. Le premier mirador arrive vite, avec une vue sur le lac Conguillio magnifique. La montée continue sans difficultés, jusqu’à une crête bien large. À ce moment, d’autres promeneurs nous montrent deux condors en contrebas. Un araucaria offre un perchoir à un adulte et un jeune (d’après la couleur des plumes). On les observe quelques minutes puis on continue à avancer.
Un glacier sur le volcan Sierra Nevada crée de belles cascades le long de falaises, et lorsqu’on se retourne, on aperçoit au loin le volcan Lanin. Les araucarias de la forêt dans la vallée dépassent tous les autres arbres, c’est impressionnant. Nous arrivons au mirador final, qui offre une vue imprenable sur le volcan Llaima, et le lac Conguillio en dessous. Les nuages se sont dissipés, c’est juste magique !
Il est un peu plus de midi, nous nous isolons pour manger nos sandwiches, en admirant d’autres cascades et le vol de plusieurs condors. Au lieu de redescendre tout de suite, nous nous dirigeons vers les cascades du glacier, nous avions repéré une piste non balisée dans cette direction. Dans un creux de la falaise, nous trouvons un névé, qui forme un tunnel de glace vers la paroi (des copains voyageurs passeront deux semaines plus tard, mais tout sera fondu !).
Le pierrier paraît instable, mais c’est trop tentant. Nous montons prudemment avec les Blondinettes, elles sont toutes contentes de toucher la glace. Léna ose même m’accompagner dans le tunnel pour la photo. Nous essayons de continuer la piste pour atteindre les cascades, mais ça semble trop risqué pour les filles.
Nous rebroussons chemin et commençons la descente. Les filles nous demandent de raconter des anecdotes d’enfance, je choisis celles qui parlent d’école, j’essaie de leur montrer à quel point elles sont bien en voyage, sans devoirs ni leçons. Nous croisons beaucoup de monde à la redescente, c’est samedi et il fait beau.
Cela entraîne une conséquence que nous n’avions pas anticipée : le parking est plein à notre arrivée ! Avec notre embrayage défaillant, j’hésite à faire des manœuvres pour en sortir. De plus, le lac arc-en-ciel que nous voulons voir a un parking minuscule, si c’est complet ici, c’est sûrement pareil là-bas. Nous décidons de rester ici et d’aviser plus tard. Anouck se coltine un chapitre de plus de Harry Potter, nos filles sont droguées ! Moi je bouquine, ça fait du bien.
Vers 18h, je remarque que le parking s’est vidé. Anouck me propose de continuer, on prépare le camping-car et on y va. Nous arrivons au lac arc-en-ciel un peu tard, le soleil est déjà bas dans le ciel. Le tour du lac prend une vingtaine de minutes à pied, on y va au pas de course.
Ce lac est vraiment étonnant, les couleurs ne sont vraiment pas coutumières, et on peut voir au fond de l’eau des troncs d’arbres morts. Le chemin serpente dans le champ de lave. On en déduit que ce lac a été formé par le barrage formé par la coulée de lave de la dernière éruption. Les parties au soleil nous donnent des reflets incroyables, les parties à l’ombre un peu moins.
Apéro, soupe et arépas pour se féliciter de cette belle rando, demain nous quittons le parc !
Comments (2)
Quels arbres majestueux. Et belle transparence du lac. Ça change de ceux avec la boue au fond 😀
Quels magnifiques photos !! Merci !! Nous sommes heureux de voir que malgré quelques péripéties tout va bien pour vous bisous à vous quatre 😙