25/10/2022 => Jour 54
Pas de grasse mat’ aujourd’hui, ils sont debout les copains ? On prend le temps de déjeuner et de se préparer avant de sortir, ça trépigne d’impatience. Une fois dehors, les enfants se retrouvent et commencent leur vie, que c’est agréable, on les entend rire, parler, jouer tous les 4 ensemble. Anouck prend un cours de préparation de maté près d’Antoine (il a été conseillé par des locaux), nous comparons les camping-cars, on s’échange les astuces. Nous sommes fiers de notre vaisselle en porcelaine, récupérée chez Mémée, qui tient le coup, alors que leur vaisselle en plastique est déjà fendue.
Nous partons en convoi jusqu’à une colonie de lions de mer, quelques kilomètres plus loin. Une barrière nous tient éloignés d’une cinquantaine de mètres d’un groupe d’otaries, les enfants se lassent vite et repartent jouer dans le camping-car. Sauf Bastien, qui collecte les coquillages. Un responsable du site s’approche de lui et essaie de lui parler en espagnol, avec peu de réussite. Mais par geste, il parvient à lui prêter une paire de jumelles et lui montrer où regarder. Ensuite cet homme s’approche de nous, et il nous donne plein d’informations intéressantes sur la faune locale. Fernando fait l’effort de parler doucement, donc nous comprenons tous les 4, et nous pouvons lui poser nos questions.
On décide de faire une petite promenade jusqu’à un phare en ruine avant de manger. C’est très court, on monte juste une grosse dune et on y est. Mais en chemin, cela nous donne un point de vue sur la baie et … une baleine ! Grand moment pour tous les 8, on a gagné notre journée ! On observe quelques rapaces : la passion commune de Zora et Erwan. On redescend et on improvise un repas collectif. Comme les enfants continuent à bien s’entendre, on prend le temps de boire un café, de faire la vaisselle. Il est déjà 15h, il faut se dire au revoir, on doit aller chercher notre linge à la blanchisserie, blanchir notre argent à Western Union, et tailler la route vers le sud. Les copains restent dans le coin, ils n’ont pas encore été voir les falaises aux perroquets de Las Grutas.
Las Grutas Sierra Grande
1h40
121 kms
Une fois, le linge et les pesos retirés, on roule vers le sud. La route s’éloigne de la côte, si on veut dormir sur la plage, il faut faire des kilomètres de piste. Il est trop tard pour tenter l’expérience, on s’arrête dans la seule ville des environs : Sierra Grande. Cela veut dire grande montagne, c’est facile à dire, c’est la seule à des kilomètres à la ronde, il n’y a pas de comparaison ! On dort sur les hauteurs de la ville, point référencé sur ioverlander, on se demande comment les gens parviennent à trouver des endroits aussi perdus, on n’aurait jamais pris ce chemin par nous-même !
La nuit n’est pas terrible, déjà il n’y a pas de réseau pour nous occuper le soir, mais il y a beaucoup de vent. Anouck se réveille de la nuit en entendant des bruits suspects. Je sors vérifier, nous sommes bien seuls, mais il y a des branches coincées sur le toit qui, avec le vent, tapent sur la capucine. On se réveille fatigués.
26/10/2022 => Jour 55
Sierra Grande Puerto Madryn
2h15
141 kms
Nous arrivons de nouveau près de l’océan, dans le Golfo Nuevo. L’idée est de se poser sur une plage sauvage où l’on peut dormir. Nous roulons sur une piste pendant quelques kilomètres et on tombe sur le chalet des garde-côte. C’est le premier endroit où l’on peut se garer. On y mange, ensuite Maman Blondinettes va chercher des informations près des gardes. Elle revient toute excitée, il y a des baleines visibles dans la baie. On se précipite tous les 4 sur un sentier qui nous emmène sur la falaise, un kilomètre plus loin. Il y a un observatoire, on s’y installe et on profite ! Nous en voyons nager plusieurs, des dos, des nageoires, on est aux anges ! Ce sont des baleines franches australes : en majorité des mamans avec leur bébé. On compte au moins 5 duos dans la baie! On remonte au bout d’un moment, le soleil tape, et on est partis sans chapeau et sans eau.
On redémarre vers un endroit isolé 7 kilomètres plus loin dans la baie. Nous sommes seuls au monde, face à la mer, et face aux baleines. On passe l’après-midi à regarder les cétacés défiler plus ou moins loin de la plage. On reçoit un message d’Antoine et Hélène le soir, ils nous ont repérés, ils viennent se poser près de nous. J’allais faire décoller le drone, on cherche ensemble un endroit où il y a un animal à survoler. Je peine un peu à cadrer, mais lorsque j’y arrive, c’est le bonheur ! Une maman et son petit, avec en prime une otarie qui joue près d’eux. Je filme jusqu’à la fin de ma batterie.
Chacun rentre chez soi pour le repas du soir et le coucher, mais on les aperçoit sortir précipitamment vers la plage, on comprend qu’une baleine est proche, on enfile les gilets sur le pyjama des filles et on va profiter du coucher de soleil près d’une baleine, à quelques mètres du rivage. La vie est belle.
27/10/2022 => Jour 56
Antoine et Hélène partent rapidement vers la péninsule de Valdez, nous restons tranquilles à notre endroit, à regarder les cétacés, à prendre des photos. Maman Blondinette vit un moment intense à longer la plage, seule, à quelques mètres d’une maman baleine et de son petit. Elle avance au même rythme et ressent toute la puissance de l’animal. Lorsqu’elles expulsent l’eau par l’évent, cela fait un bruit impressionnant. Je parviens encore à faire quelques plans magiques avec le drone. Zora me fait remarquer fort à propos que ma piste de décollage a pris le vent et flotte maintenant dans la mer, me voilà obligé de mettre les pieds à l’eau pour aller la chercher. Avec les rafales de vent aujourd’hui, ça sèche vite.
On décide de profiter de ce qu’on vit, on ne bouge pas aujourd’hui. Les filles jouent avec tous leurs jeux, nous avons du temps pour parler, se reposer, geeker sur nos ordinateurs (quand le réseau le permet), lire… Une journée très reposante. Zora est aussi exaltée que nous lorsqu’elle entend un souffle ou aperçoit une nageoire. Léna était heureuse de découvrir les baleines mais elle en a fait le tour. « Je ne vois pas ce que vous trouvez d’incroyable à regarder des sortes de cailloux dans l’eau » nous dit-elle. Une baleine vient encore nous souhaiter bonne nuit au coucher du soleil, quelle politesse chez ces animaux !
28/10/2022 => Jour 57
On se réveille en regardant passer les baleines, mais aujourd’hui on bouge. Le vent a forci ce vendredi, et ils annoncent pire pour ce we. Avec beaucoup d’hésitations, on décide d’aller se poser en ville cette fin de semaine : on commence à regarder les musées et à proposer aux Blondinettes une séance de cinéma. On ira sur la péninsule de Valdez lundi, quand le vent sera retombé. Pour sortir de notre super lieu de camping, il y a une petite montée toute cabossée. On avait été secoués à la descente, mais là, j’ai dû mettre un coup d’accélérateur au mauvais moment, ou entrer dans un trou dans un mauvais angle, mais le camping-car commence à tanguer. On entend un fracas épouvantable, la serrure d’une armoire a lâché. Nos 6 assiettes creuses, nos 6 assiettes à dessert, et quelques tasses ont valsé au sol. Nous nous étions vanté de cette vaisselle en porcelaine qui tenait le coup depuis plus de deux ans, malgré les pistes et les bosses ! Là, 1 assiette sur les 12 a survécu, et il manque les anses à deux tasses. Les filles sont en pleurs, nous on nettoie comme on peut en dédramatisant. Sur la piste du retour, les parkings d’accès aux plages sont bondés, dur à croire qu’on a pu rester deux jours seuls !
On roule vers la ville de Puerto Madryn, lieu touristique d’où partent les bateaux pour l’observation des animaux marins. Il y a énormément de monde, de voitures garées partout. Sur ioverlander, on note un parking où l’eau est gratuite, on va pouvoir recharger nos citernes. Il y a plusieurs autres camping-cars, ça a l’air gratuit, c’est à l’abri du vent. C’est pas sexy, mais peut-être qu’on va pouvoir passer notre we ici.
Nous allons nous promener, plaine de jeux, petit snack. À la sortie de celui-ci, Anouck reçoit un message sur instagram de @enjoylifeanywhere, ils nous préviennent que Coquillette vient d’être fracturée, ils nous attendent au parking. Je pars en courant, lorsque j’arrive, il y a donc ce couple de français qui était garé 3-4 véhicules plus loin, et un Brésilien en camping-car également. C’est celui-ci qui a remarqué le comportement bizarre des intrus, il était garé juste à côté. Il est intervenu à temps, les voleurs n’ont pas eu le temps de fouiller, ils sont repartis les mains vides.
Pour entrer dans le camping-car, ils ont fait sauter l’attache d’une fenêtre coulissante et déchiré le store qui était relevé. Ils n’ont eu l’occasion que de fouiller un seul placard, heureusement pour nous il n’y avait rien de valeur. On remercie longuement notre sauveur, on fait le plein d’eau et on s’en va. Nous sommes sous le choc. On se gare devant un supermarché, je reste avec Zora dans le véhicule pendant qu’Anouck fait les courses avec Léna. Je cherche un meilleur endroit pour dormir, hors de la ville. Je finis par choisir une plage isolée, d’après les commentaires, ce serait à l’abri du vent. Maman Blondinette ramène du réconfort comestible : biscuits au dulce de leche et vin blanc.
Une fois posés, j’emmène les filles sur la plage se défouler pendant qu’Anouck souffle. À notre retour, on met la dînette en mode banquette et on se regarde un film en famille. Le petit lord Fauntleroy, film que je regardais chez ma Bonnie quand j’étais petit. Nous avons passé la séance blottis les uns contre les autres, besoin de se recréer un cocon de sécurité. Ensuite on inaugure les assiettes de camping en plastique achetées en remplacement cet aprèm pendant les courses. On relativise doucement, personne n’est blessé, rien n’a été volé, les dégâts ne sont pas graves, on ne restera plus en ville, on fera attention à planquer les équipements de valeur lorsqu’on s’absente.
Les grands voyages, c’est comme à la maison, c’est juste que le jardin change chaque jour. Les épreuves, elles ne disparaissent pas par magie, et comme tout le monde, on les surmonte et on avance !
Comments (2)
Magnifique cette vidéo par drone, merci pour le partage. Elles viennent super près de la côté !
Mince pour le CC mais heureusement que des gens les ont fait fuir. Mes parents ont eu leur porte fracturée (tordue) et faut attendre qu’ils produisent une série de nouveaux CC, ils n’auront rien avant le printemps !
J’aurais dû sortir le drone plus souvent, ici dans le sud, c’est impossible, beaucoup trop de vent !
Elles viennent super près car il y a tout de suite de la profondeur, c’est super impressionnant car tu entends vraiment quand elles expulsent l’eau par l’évent !