10/02/2023 => Jour 162
Dans notre havre de tranquillité, on dort bien ! Ce matin, Léna nous réveille en fanfare. Elle a bien raison, il est 8h15, et nous voulons aller aux thermes à 10h. En plus, j’ai promis de faire du pain perdu. Conclusion, on arrive un peu plus tard que l’ouverture, mais il n’y a pas grand monde. On paye dans un petit chalet, ensuite on doit descendre en véhicule une descente abrupte pour atteindre le niveau de la rivière. Coquillette s’en sort bien, on se dépêche de se préparer, nous avons droit à 2h dans le domaine.
Les piscines sont séparées de quelques dizaines de mètres, nous allons directement jusqu’au bout. Il y a 5 piscines dont 2 avec seulement 30cm d’eau, on profite surtout des deux dernières, avec des températures annoncées de 34 et 38°C. Les bords sont formés soit de la falaise qui limite le parc, soit de gros blocs de pierre. Le fond est en gravillon avec quelques rochers au milieu, ça fait vraiment naturel. On apprendra bien plus tard que ce sont les seuls thermes de la région bâtis sur les sources d’eau chaude, les autres acheminent l’eau d’ici vers leurs piscines artificielles.
Certaines personnes profitent des thermes pour se détendre, avec les Blondinettes c’est difficile, elles veulent tout le temps changer de piscine, nager, s’éclabousser, parler fort… Le temps passe vite, il faut repartir. J’appréhende la montée, mais Coquillette, en première, passe sans soucis l’épreuve.
On sélectionne un bord de lac pour aller manger. Durant la route, on a des nouvelles de Antoine et Hélène, ils remontent vers Bariloche, en Argentine. Comme tous les parcs sont fermés au Chili, pour risque d’incendie, on hésitait sur le temps à rester dans la région. Il faut faire une lessive, refaire des courses, mais on laisse traîner. Si on veut passer la frontière, il ne faut pas de produits frais!
Los Pozones Curarrehue
1h
56 kms
Anouck se décide, nous changeons de plan. Direction la frontière la plus proche. Elle avait repéré un restaurant dans cette direction qui fait de la gastronomie Mapuche. Ce peuple, présent avant l’arrivée des Espagnols, a encore et toujours résisté aux envahisseurs et est bien présent dans la région. Nous mangeons des plats essentiellement végétariens, on se régale ! Le restaurant propose un menu complet qui comprend de la soupe avec de la farine de pignon d’araucaria, des petits pains à tremper dans différentes sauces ainsi que différents choix de plats principaux. On en goûte un de chaque : une tortilla au quinoa et fromage avec des champignons oranges, une sorte de ragoût végétarien aux haricots blancs, un couscous de quinoa et légumes : un régal pour les papilles! Comme les filles ne terminent pas leurs assiettes, Anouck et moi sortons le ventre bien rempli, sans même faire honneur au dessert typiquement chilien : le mote con huesillo.
Curarrehue Puesco Bajo
20 minutes
21 kms
La route continue jusqu’au pied des Andes. Nous allons dormir ici, pour laisser Coquillette refroidir avant d’attaquer cette longue route en lacets, les copains qui l’ont prise dans l’autre sens ont fait chauffer leurs freins ! Nous galérons à trouver le spot merveilleux annoncé sur iOverlander, finalement on trouve une prairie qui fera l’affaire pour cette nuit. Anouck se lance dans plein de préparations culinaires, il ne faut rien de frais pour passer la frontière demain !
11/02/2023 => Jour 163
Toutes les journées ne sont pas géniales, loin de là. Certaines sont tellement longues qu’on n’en voit pas la fin !
Puesco Bajo Junin de los Andes
10h
84 kms
Pourtant, celle-ci s’annonçait bien. Des ibis picorent près de nous au réveil, on range tout, on planque les quelques patates et paquets de fromage qu’il nous reste, et on démarre à 9h30. La montée est très jolie, avec une vue incroyable sur le volcan Lanin, un lac d’un bleu exquis. Pas trop de monde, Coquillette ne chauffe pas trop, tout va bien.
10h, nous arrivons à 2 kilomètres du poste de douane, gros coup de frein. Tout le monde est à l’arrêt, les gens se promènent à côté de leur voiture. On comprend que c’est la file d’attente pour sortir du Chili. Et elle n’avance pas. On prend notre mal en patience, Anouck s’occupe en faisant le ménage et la cuisine (plus besoin de planquer de patates finalement !), les filles écoutent des histoires d’Aldebert, je monte sur le toit retirer les branches accumulées dans nos spots nature.
J’avance de 50 mètres par ci par là. On profite de notre chance d’être en camping-car, les filles ont accès à des activités, on a des toilettes, on peut manger, faire notre café, notre vaisselle. Maman Blondinette fait même une lessive, on se rend compte qu’on ne pourra pas être suffisamment tôt dans une ville pour trouver une laverie.
On atteint enfin la frontière à 14h, le parking est tout petit, un garde fait la circulation, personne ne rentre tant qu’un autre véhicule n’est pas sorti. Nous avons accès au parking bus, ouf, pas de manœuvre à faire. Par contre, il y a une file immense, Maman Blondinette occupe les filles en leur lisant Harry Potter, quelle abnégation ! Même si l’officier a deux de tension, les formalités se déroulent sans problème.
On repart à 15h10. Au revoir le bitume chilien, bonjour le ripio argentin. Il aurait pu être agréable, nous traversons une forêt d’araucarias magnifiques, et on a toujours ce panorama sur le volcan. Mais on retombe, à 1,4 km de la douane argentine, sur le bouchon. 2h de plus pour atteindre le poste de douane. On n’en peut plus. Nous avions eu de la chance avec nos 6 passages de douane précédents, on avait attendu 2 heures maximum !
Une fois garés, il faut refaire la file. L’agent argentin est très accueillant, mais il a l’air exténué. Une fois les formalités pour les humains faites, c’est au tour de Coquillette. Il y a un petit quiproquo sur le terme « casa rodante », comme il y a une caravane sur la parking, les agentes nous demandent les papiers de la remorque. Mais elles comprennent vite le malentendu, et on repart avec le papier validé.
Nous sommes impatients de partir, il est 18h. On roule de nouveau sur le ripio, il nous semble horrible, une énorme tôle ondulée. Je ne parviens plus à accélérer, le ripio chilien était moins agressif, et les soucis de Coquillette m’ont refroidi. On s’arrête rapidement pour préparer une pâte à pizza qui lèvera pendant la route.
Après quelques minutes de route, les filles appellent, un paquet de feuilles est tombé, et y’a de l’eau par terre. C’est pas vrai, mais ça vient d’où ça ? On trouvera plus tard que le couvercle de notre cuve d’eau était mal revissé (on y avait jeté un œil dernièrement). Bon, rien de cassé, mais les dessins des filles sont mouillés.
Au bout de 10 kilomètres, le ripio se termine. Je m’arrête pour faire une vérification des pneus, tout va bien. Mais en redémarrant, la lumière du frein à main reste allumée. Le capteur s’est tordu, il ne voit plus quand je lâche le frein à main ! C’est pour plus tard, direction Junin de los Andes, Anouck a trouvé un spot super calme au bord d’une rivière.
On retrouve des éléments argentins qui ne nous avaient pas manqués : contrôle de police à l’entrée de la ville, grosses rafales de vent, … Nous arrivons à l’endroit pour dormir. C’est noir de monde. Il y a l’air d’avoir une compétition de rodéo. En temps normal, on aurait trouvé cela génial de découvrir ce spectacle folklorique. Mais là, après cette journée, on dit non. Anouck retrouve un autre point, aussi près de la rivière.
C’est en ville, il y a du monde partout sur le trajet, il y a l’air d’avoir une brocante. On se gare près de la rivière, dans une rue sans trop de passage. Je lance la cuisson des pizzas pendant qu’Anouck et Zora vont chercher du pain. Le commerçant leur explique que c’est la fête de la ville, ce soir c’est bal populaire.
La nuit ne va pas être calme.
12/02/2023 => Jour 164
La nuit n’a pas été calme.
Nous nous sommes endormis à 23h malgré la musique du bal. À 3h du matin, une sirène d’incendie retentit. Stressés par les feux de forêt chiliens, nous ouvrons les stores de chaque côté pour vérifier que tout va bien. La sirène resonnera encore quelques minutes plus tard. La fête bat encore son plein. Lors d’un micro-réveil à 7h, j’entends passer des voitures passer près de nous avec la musique à fond.
On se lève fatigués, mais la perspective de retrouver les copains nous donne de l’énergie. Sur la route, on aperçoit des gauchos en costume partout dans la ville. Nous prenons de l’essence, je tente de payer par carte. Nous avons lu que depuis peu, si on utilise une carte visa étrangère, la banque applique le taux blue à la place du taux officiel. On ne connait pas les détails. Je vérifie en direct sur mon téléphone, en effet, on est décompté de la moitié (à peu près) par rapport au taux du jour ! Ça va nous faciliter la vie.
Junin de los Andes Dina Huapi
3h
206 kms
On roule ensuite vers Bariloche. On prend la route de Valle Encantado, les paysages sont très beaux. Bon, on retrouve des décors de pampa, et des grosses rafales de vent. Il y a de plus en plus de circulation, je me fais beaucoup dépasser. On croise un lac aux eaux turquoises, on rentre ensuite dans un canyon. Le jeu est d’imaginer ce que les formes des rochers peuvent représenter. La météo a bien changé, le vent a amené de vilains nuages gris. On se prend quelques averses.
On arrive à Dina Huapi, sur les bords du lac Nahuel Huapi. C’est le lac de San Carlos de Bariloche. On retrouve du réseau, ça permet de savoir qu’Antoine et Hélène nous attendent sur le spot qu’on leur avait indiqué. On a un peu de mal à trouver l’entrée, entre les entrées privées et un labyrinthe de végétation. Lorsqu’on découvre des petits cairns de pierre et pommes de pin, nous sommes soulagés. Nous sommes sur le bon chemin, et ils nous attendent.
Effectivement, Erwan et Bastien sautent dans tous les sens en nous voyant ! Erwan est trop fier que ses cairns aient servi. Les enfants se retrouvent comme s’ils s’étaient quittés la veille. C’est un peu la même chose pour les adultes, mais nous rencontrons aussi Corine et Jean-Pierre, un couple plus âgé qui vivent le voyage différemment, ils viennent passer l’hiver ici, ils laissent le véhicule en Uruguay ou en Argentine pour aller dans leur maison du sud de la France l’été.
On essaye de discuter dehors, mais le vent est trop violent, il nous envoie des embruns du lac, nous rentrons nous réfugier dans les camping-cars. Dans l’après-midi, Axelle et Julien nous rejoignent, deux camarades de jeu en plus pour les Blondinettes.
Et lorsqu’on commence l’apéro, un autre couple, Maryline et Yann, débarquent pour compléter le campement. Ils ont aussi deux enfants, un garçon et une fille, celle-ci est toute heureuse de rencontrer enfin des filles dans son voyage. On a remarqué en effet que l’on croise plus de familles avec des petits gars qu’avec des princesses !
Je sors le vin de noix du frère d’Anouck, Théo, il y a des amateurs ! L’apéro est festif et animé, mais quand les copains mettent un film aux enfants vers 10h du soir, on préfère rentrer coucher les Blondinettes.
Comments (2)
Malgré le passage de frontière compliqué la suite avec les retrouvailles s’annonce plus sympa.
Effectivement, les jours qui ont suivi ont été agréables, mais je ne vais pas spoiler ! 😜