20/03/2023 => Jour 200
Nous errons toujours dans les rues de Concepción. En attendant les indications d’Anouck, je roule au hasard, et j’avance vers le centre-ville, que nous voulions éviter. Je repère un panneau Decathlon, je propose d’y aller. En attendant, je suis coincé dans la circulation, les travaux, les étudiants près de leur campus. Nous arrivons à un autre hypermarché, mais sans parking extérieur, c’est mort pour Coquillette.
Heureusement le Decathlon est à côté d’un hypermarché et d’un magasin de bricolage, avec un immense parking extérieur, exactement ce qu’il nous faut ! On commence par manger, on arrive au bout de tous nos stocks, on est prêts à passer la frontière. Sauf que ce n’est pas le plan, je vais donc avec les filles remplir les placards. L’hypermarché est gigantesque, on trouve notre bonheur.
Ensuite Anouck emmène les filles à Decathlon, elles sont ravies de renouveler un peu leur garde-robe. Finalement je vais au magasin de bricolage. Je ne trouve pas l’isolant que je cherche (il commence à faire froid la nuit !) mais je trouve d’autres articles intéressants, comme un tuyau plus long pour recharger l’eau dans la citerne de Coquillette.
Il est déjà 18h30, il est temps d’aller chercher notre linge. Il y a de gros bouchons, c’est l’heure de pointe. On arrive juste à l’heure, et Maman Blondinette a repéré un lac juste à côté pour dormir. Comme tout espace de verdure en ville, il y a beaucoup de monde en soirée, mais nous sommes trop fatigués pour tenter de sortir de la ville à cette heure tardive !
21/03/2023 => Jour 201
Nous nous réveillons au son des ouvriers communaux qui élaguent les arbres. Eh oui, nous sommes mardi, le commun des mortels travaille. Nous quittons Concepción et montons sur une autoroute.
Concepción Tricahue
4h50
283 kms
Après en avoir discuté avec mon frangin et sa chérie, les autoroutes ici, ça ressemble à des grosses nationales en Europe, comme la N4 en Belgique. C’est 2*2 voies, avec un terre-plein central, tu peux rouler vite. Mais y’a des sorties clandestines, pour aller dans une ferme ou dans une forêt. Y’a des gens qui attendent sur le bord de la route, y’a des arrêts de bus, et il y a même des stands qui vendent des fruits de saison (genre des fraises et des cerises, nous sommes à la fin de l’été !). Et il y a des péages, mais sans entrée-sortie, il y a un portique et tu payes la même chose, peu importe le nombre de kilomètres que tu parcours.
Les arbres ont une jolie couleur orangée, mais ce n’est pas dû à l’automne. Nous sommes dans la région où de terribles incendies ont eu lieu il y a deux mois de cela. Nous quittons la côte et roulons à mi-chemin entre le Pacifique et la cordillère des Andes. On la distingue au loin, mais c’est brumeux. Anouck a lu que nous sommes dans une région très polluée.
Nous sortons de l’autoroute pour le midi, près d’un étang, avec une petite plaine de jeux. Les gens sont surpris de nous voir, ce n’est pas du tout un lieu touristique. Nous repartons vers le nord, c’est une région agricole, on croise de grands champs, des vergers, des vignobles, et beaucoup de maraîchers. Il est dit qu’ici, peu importe ce que tu plantes, cela poussera, la terre et la météo sont favorables. Fini l’autoroute, on oblique vers les montagnes.
Les filles ont mis les écouteurs et écoutent leur playlist, en chantant à pleine voix. Nous devons mettre notre musique bien fort pour couvrir le massacre. Les sommets que nous découvrons sont bien jolis. Une rivière coule en fond de vallée, il y a des lignes électriques partout, je pense qu’il y a de la production dans le coin !
Nous atteignons le camping qu’Anouck avait sélectionné, mais il n’y a personne à l’accueil. On attend un peu, on envoie un message puis on abandonne. On cherche où dormir, et surtout de l’eau, nos réserves sont vides. J’ose demander à un garde de barrage hydraulique, il accepte que j’utilise son robinet extérieur. Ouf, une bonne chose de faite.
On trouve un petit chemin sur le bord de la rivière, apparemment utilisé par des pêcheurs. On se gare à l’écart, les filles vont mettre les pieds à l’eau. Je prépare des pizzas, on prend les douches, et au lit. Il a fait très chaud aujourd’hui, et cela va durer toute la semaine. Anouck cherche des randonnées dans le parc naturel voisin , mais il n’est ouvert que du vendredi au dimanche ! Tant pis, nous avons encore quelques promenades à faire d’ici la frontière.
22/03/2023 => Jour 202
Que ça fait du bien une nuit loin de tout ! On dort profondément et on se réveille tard. Conclusion, lorsqu’on arrive au début de la promenade du jour, il est 11h30. La route pour venir était très belle, en fond de vallée, avec de jolis reliefs, il y a plein de couleurs de roches autour de nous. Il n’y a pas vraiment de grosses montées, je suis étonné lorsque je découvre qu’on est à 1500m d’altitude, hier matin on était à l’océan !
Tricahue Vallée des condors
2h
64 kms
Il est trop tôt pour manger, surtout qu’on a pris le petit déj’ tard. Anouck prépare un plat de pâtes, je range le tuperware dans mon sac et on peut partir. Il fait grand soleil, et le sentier n’est pas ombragé, nous avons vite chaud. La rivière à nos côtés semble fraîche, Zora aimerait s’y baigner. Nous lui demandons de patienter.
Au bout de deux kilomètres, nous voyons des gens en maillot de l’autre côté de la rivière, nous avons atteint l’objectif de la balade : des sources d’eau chaude. À cet endroit, des bassins ont été creusés, et c’est accessible gratuitement. Nous franchissons la rivière sur des pierres et des planches, ensuite on se colle à la paroi de la montagne pour avoir de l’ombre. On mange notre repas, et on se met en maillot. Anouck a une migraine, elle préfère rester à l’ombre, et me laisse me baigner avec les filles.
Les premiers bassins que l’on teste sont vraiment trop chauds, surtout pour les filles. On en choisit un au bord de la rivière, les eaux s’y mélangent. C’est globalement agréable, même si de temps à autre il y a un courant froid qui arrive de la rivière. Léna ramasse des cailloux pour consolider le bassin, mais Zora s’ennuie. Elle veut aller tester d’autres bassins.
Avec Anouck, elles s’approchent d’un bassin collé à la montagne, où trois Chiliens barbotent. Ils proposent à Zora de venir, il y a un peu d’ombre grâce à la paroi et l’eau n’est pas trop chaude. Zora ne veut pas y aller seule, nous la rejoignons. Les Chiliens me posent plein de questions sur notre voyage.
Une dame commence à discourir sur les genres, le non-binaire, les modifications génétiques, je ne suis pas sûr de comprendre son point de vue. En tout cas, je ne maîtrise pas encore assez l’espagnol pour oser me lancer dans un débat philosophique. Ni spirituel d’ailleurs, je ne dis rien lorsqu’elle échange avec son voisin sur ses croyances.
Léna a décidé de me couvrir de boue et de cailloux, puis de me nettoyer. Et elle recommence, cela dure bien 1/2h avant que je l’interrompe. La dame s’est tartinée de boue, elle propose à Zora d’essayer, j’en mets aussi pour faire rire les Blondinettes. Nous retournons dans notre bain tiède, je tente même un refroidissement complet dans la rivière. Enfin, jusqu’aux genoux, ça suffira. Anouck a récupéré les deux hommes chiliens qui étaient avec nous dans le bain, à son tour de pratiquer un peu son espagnol !
Cet endroit est magique, nous sommes restés plus de 3 heures, il devait y avoir au max dix personnes ! Lorsque nous arrivons au camping-car, il est déjà 17h. Notre prochaine étape, c’est une cascade inversée. Cela fonctionne avec le vent, actuellement il y a de grosses rafales, mais le matin c’est plus calme. Autant y aller tout de suite ! L’endroit n’est pas loin.
On s’approche du bord d’une falaise, sans barrière. Anouck n’est pas rassurée, on garde à l’œil les filles. Cette cascade est fantastique. Le vent qui souffle depuis le Pacifique dans cette vallée fait remonter l’eau. Le spectacle est donc à voir au sommet, on voit la petite rivière tomber … et remonter en fines gouttes à quelques mètres au-dessus du sol. C’est difficile à raconter, regardez les vidéos !
On reste quelques minutes, jusqu’au moment où une rafale poussent les gouttes dans notre direction, et une douche gratuite, une ! Nous reprenons la route jusqu’à trouver un emplacement un peu éloigné de la route principale. Nous sommes au milieu des montagnes, à 2000 mètres d’altitude.
23/03/2023 => Jour 203
Olala mes Amis, quelle journée ! J’en ai pris plein les yeux. Pourtant, ça commence difficilement, avec une insomnie pour Anouck et pour moi. On fait un petit déj’ copieux, il faut utiliser nos œufs qui ne passeront pas la douane. On guette les condors, nous sommes dans une vallée où ils sont très présents. Mais ils ne se montrent pas.
Vallée des condors Malargüe
7h
168 kms
Nous sommes proches du poste de douane du Chili, on y monte doucement mais sûrement. C’est une route qui ferme régulièrement en hiver, à cause de la neige. La route en garde des traces, il y a des gros trous dans le bitume. Rapidement, Anouck est très occupée : tout est très beau, elle prend des photos par sa fenêtre.
Le passage de la douane chilienne se fait en 10 minutes. Après, il y a 23 kilomètres jusqu’à la frontière. Nous nous arrêtons avant cela, sur un belvédère qui offre une vue magnifique sur une lagune et sur l’ensemble des sommets avoisinants. On peut voir à la couleur que certains sont des volcans. On cuisine ce qu’il nous reste de frais, des tomates, des œufs, on fait quand même l’impasse sur les 5kg de patates !
Il y a très peu de passage, pas de traces de l’humain à part cette route qui serpente entre les massifs. On est monté de 200 mètres depuis ce matin, on va prendre 500 mètres de plus sur les 20 kilomètres suivants. Coquillette s’en sort bien, malgré que je passe mon temps à me tordre le cou pour admirer chaque nouvelle roche derrière chaque virage.
On a beau monter, les sommets semblent toujours bien plus hauts que nous ! Lorsqu’on atteint le point culminant de la route, qui représente la frontière, nous sommes à 2741 mètres. À partir de là, il y a 40 kilomètres pour rejoindre la douane argentine, en descente douce. Je ne freine pas, je reste en quatrième à 50km/h, ça fonctionne bien. Les paysages continuent de m’éblouir, j’ai enfin l’impression de traverser les Andes ! Les autres frontières plus au sud, y’avait une montée, une descente, sans être haut en altitude.
Les choses sérieuses commencent ! Nous arrivons à la douane, ça s’annonce sévère, il y a des tables pour l’inspection, des voyageurs ont leurs valises grandes ouvertes dessus. On prend notre temps pour sortir du camping-car, on planque les patates à la salle de bain, le fromage au freezer… La partie administrative se passe facilement, comme d’habitude, Coquillette ne rentre pas dans leurs petites cases mais on y arrive toujours.
Pour la visite du camping-car, ils ont tout ouvert, mais sans regarder. Tant que le miel est bien au fond du placard, et qu’il n’y a pas de salade au frigo, ils ne risquent pas de trouver grand chose. Ouf, on repart sans être inquiétés !
Nous sommes à 1717 mètres d’altitude, ça ne descend plus beaucoup. On est maintenant dans un décor de far-west, avec des parois rocheuses rougeâtres de part et d’autre la route. Le premier village est aussi le carrefour entre notre route et la route 40. Il n’y a pas de réseau ici, on décide de continuer à rouler. Les filles se prennent un délire anti-route 40, celle-ci le rend bien, on se ramasse quelques kilomètres de ripio. Les Blondinettes rigolent beaucoup, ça fait plaisir.
On arrive à Malargüe, petite ville avec de la 4G, un camping municipal à 6€ la nuit (3 au taux blue), on se dit qu’on peut se poser une journée ici, pour faire les lessives, bricoler dans le camping-car, faire du ménage. La plaine de jeux plaît aux filles, c’est validé ! Nous rencontrons un couple de français, les Phil&As, avec qui on discute un peu.
Et on va bientôt revoir les copains !
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magique cette cascade et tous ces volcans