08/11/2022 => Jour 68
Aujourd’hui, nous partons en excursion. Après plusieurs réveils d’impatience, il est enfin l’heure. On quitte rapidement le camping, et on prend le petit déj’ devant l’agence. Hors de question d’être en retard ! Roxana, notre guide, nous présente aux deux autres couples qui nous accompagnent, l’un vient des USA et l’autre de Pologne, les explications seront donc en anglais et en français. Deux gardes du parc nous accompagnent sur le bateau. Dès le départ, Anouck les bombarde de questions : C’est quoi cet oiseau ? C’est un parc national ou régional ? etc.
Très vite, nous avons notre premier cadeau de la journée : des dauphins ! Le pilote arrête le moteur, on aperçoit des petits dauphins de Commerson, blancs et noirs. Et bientôt des dauphins australs se joignent à eux, on les voit sauter près de nous, passer sous le bateau, on guette et on sursaute aux exclamations de chacun ! À chaque fois, le capitaine s’arrête, on en profite à fond. Une fois au large, on accélère vers l’île du pingouin. Je ne sais pas pourquoi c’est au singulier, vu le nombre de membres de la colonie.
Nous sommes déposés sur l’île rocheuse sur laquelle il y a un phare. Il a fonctionné au kerozen, au gaz, et maintenant il éclaire à l’électricité grâce à des panneaux solaires. On commence par observer des pingouins de Magellan, on en a déjà beaucoup vu il y a 3 jours à Punta Tumbo. L’avantage ici, c’est qu’il y a la guide, Roxana, qui nous explique comment distinguer le mâle de la femelle, grâce à la forme du front. Elle nous explique pourquoi ils respirent rapidement (ils ont trop chaud), pourquoi ils ont un trait noir sur le ventre (les plumes se séparent à cet endroit pour couver l’œuf).
On avance vers le phare, Roxana nous explique l’origine de la colonie des gorfous sauteurs, une personne en kayak les a découvert il y a 35 ans seulement, ils étaient 300, maintenant la colonie compte plus de 2000 membres. Ils vivent sur la roche, pas de nid, pas de trou, les œufs sont posés là. La femelle pond d’abord un petit œuf puis un second plus gros, sélection naturelle, les parents ne gardent que le plus gros. Ils fonctionnent par tour de garde de 15 jours entre le père et la mère, le parent libre va manger et se dégourdir les pattes. On les appelle « sauteur » car ils font des bonds de rocher en rocher, de manière assez impressionnantes vu leur petite taille.
On descend vers la colonie, et on reste bien 1 heure à admirer les manchots de différents points de vue. Ce qui m’impressionne vraiment, c’est qu’ils n’ont vraiment pas peur des humains. On est parfois très proche d’eux, ils restent statiques. Dur dur de retenir Léna qui veut tester à quel moment ils fuient comme des pigeons. Roxana s’occupe beaucoup des Blondinettes, Anouck mitraille avec son appareil photo, et moi ? Je profite, posé sur mon rocher, j’admire les gorfous, les lions de mer au loin, les vagues qui s’écrasent sur les rochers. On assiste à des vols d’œufs, des skuas profitent de l’inattention d’un manchot pour attraper l’œuf et aller le manger plus loin.
Plus tard, nous nous approchons d’une plage avec de nombreux lions de mer, on traverse une zone où les skuas nichent, elles n’apprécient pas trop que l’on approche de leurs œufs. La coquille est verte, c’est bizarre. J’ai bien envie de leur prendre et d’aller le donner en échange au pauvre gorfou. On termine le tour de l’île par un pique-nique à deux pas des otaries.
C’est l’heure de repartir : le capitaine part en kayak chercher le bateau amarré plus loin. La marée est haute, c’est sportif de remonter sur le pont. Déjà en attendant que l’embarcation approche du bord, une énorme vague s’écrase sur notre plateforme rocheuse, les étasuniens ont les pieds mouillés. Ensuite il faut monter au rythme des vagues, Zora essaie de sauter lorsque le bateau est plus haut que l’embarcadère, Anouck la rattrape à temps. Le temps se couvre, la matinée a été bien remplie, on ne fait pas le détour vers l’île aux cormorans, lot de consolation pour les expéditions moins fructueuses.
Puis lorsqu’on approche de la côte, les dauphins se montrent à nouveau. Le pilote sent bien qu’on en veut encore, il ralentit. Je sors la gopro pour filmer, et quand les gardes du parc, qui sont revenus avec nous, disent que les cétacés sont devant le bateau, je me mets à plat ventre sur la proue et enfonce la caméra dans l’eau. Ça va très vite, mais en regardant les images, je peux voir qu’ils ont nagé vraiment très près de moi ! J’ai la manche trempée, mais je suis heureux !
En arrivant au port, il se met à pleuvoir, on a vraiment eu de la chance à tous les niveaux ! Nous restons sur le parking de l’agence, les filles font des dessins pour Roxana, pendant qu’Anouck et moi nous extasions sur les images et vidéos collectées aujourd’hui. On se bouge quand même pour aller faire les courses, on cherche un spot sauvage sur la plage pour dormir, mais rien ne nous convient. On décide de revenir dormir sur le parking de l’agence, c’est pas sexy, mais il y a le wifi !
Pendant qu’Anouck prépare le repas, je bricole un peu : le fusible du verrouillage central a lâché. Je bénis mon papa qui m’a laissé une boîte entière de fusibles de toutes sortes. Je maudis Iveco et sa boîte à fusible en vrac. Au bout d’un moment, je retire le panneau complet, et je trouve un fusible tout seul, bricolé entre deux câbles. Je teste celui-là au pif : bingo, ça remarche ! Une journée réussie jusqu’au bout !
09/11/2022 => Jour 69
Après un réveil tout cool, les filles profitent qu’on soit sur le parking de l’agence pour aller dire bonjour à Roxana. Celle-ci les accueille chaleureusement et leur propose de faire des origamis. Anouck et moi en profitons pour mettre à jour notre suivi des dépenses, c’est super, depuis qu’on a Coquillette, le coût journalier a bien baissé, l’excursion d’hier n’était donc pas un craquage insensé.
Puerto Deseado Bosque petrificado Jaramillo
5h
269 kms
On part ensuite vers notre prochaine étape : les forêts pétrifiées. À Puerto Deseado, nous étions dans un cul-de-sac, on reprend la même route qu’à l’aller, avec ses immenses lignes droites. On en profite pour faire un essai : Maman Blondinette se met au volant. Le premier changement de vitesse est compliqué, mais ensuite cela va tout seul, pas de problème pour la gestion du gabarit.
Moi je découvre la vie de copilote, avec les allers-retours dans la cellule pour aider les filles à dessiner, ramasser ce qui tombe de la table, répondre à leurs questions. Les Blondinettes rigolent tout plein, ça leur fait bizarre d’avoir leur papa derrière. Je constate aussi le bruit à l’arrière, y’a tout qui tremble, je suis mieux derrière mon volant. Après quelques temps, on rechange. Il n’y a tellement pas de trafic qu’on s’arrête sur la voie, les bandes d’arrêt d’urgence en terre battue n’inspirent pas confiance. C’était surtout une expérience, je vais continuer à conduire, mais si je me blesse, Anouck pourra me remplacer.
Nous faisons la pause repas dans le seul village que l’on croise : Jaramillo, et on continue vers nos arbres en pierre. Les derniers 30 kilomètres sont en ripio, on croise une dizaine de poids lourds, il doit y avoir une carrière dans le coin. Le paysage change, nous sommes dans un désert avec de la pierre rouge et des canyons colorés. Je donne des grands coups de frein pour prendre le temps d’admirer la faune locale, une famille de maras, une autre de choique. Des guanacos partout, mais tels les perroquets du nord, on commence à s’en lasser.
On se gare avant l’entrée du parc national (dans lequel il est interdit de dormir). Nous sommes seuls au monde. Le vent est faible mais il y a des rafales violentes, j’ai essayé de mettre le store mais j’ai atteint les limites de mes poids de lestage, je replie rapidement avant qu’il n’y ait des dégâts. On prépare du pain, des pizzas, je fais voler un peu le drone pendant une accalmie du vent.
10/11/2022 => Jour 70
La journée commence fort. Je veux descendre le marchepied pour sortir du camping-car, il ne fonctionne plus. Même pas un petit bruit, ce doit être électrique. Je commence à démonter le boîtier à fusible, je remarque que celui que j’ai changé pour le verrouillage central a grillé. Grrr. Bon, on va faire sans pour le moment, préparons-nous pour la journée. Il nous reste une vingtaine de kilomètres sur ripio, ça réveille !
Les paysages sont magnifiques. On arrive au centre des visiteurs, une guide nous donne plein d’explications sur la pétrification des arbres. Cela date d’il y a 150 millions d’années, des arbres de 100 mètres de haut ont été balayés par des vents provoqués par des éruptions volcaniques. Ensuite l’arbre a absorbé des eaux très minérales qui ont fini par transformer le tronc en pierre.
Un petit sentier nous emmène auprès de ces troncs, c’est très impressionnant ! La balade fait 2 kilomètres, et c’est tout ce qu’il y a à visiter dans ce parc. Maman Blondinette nous prépare le repas, pendant que je change le fusible, qui reclaque direct. Il y a le wifi au poste de garde, je l’utilise pour l’appel à un ami. Mon papa Mc Gyver me propose de mettre un fusible 10A à la place du 7.5, et de tester serrure par serrure. Bon le fusible 10A crame aussi, et je ne me sens pas de démonter la porte de la cellule pour tester. On repart sur nos 50kms de ripio pour rejoindre la route 3, bitumée. Celle-ci est surtout utilisée par des poids lourds, d’énormes ornières sont creusées dans l’asphalte, Coquillette n’aime pas trop ça.
On roule vers le sud, et on s’arrête sur une plage vers 16h, au pied d’une falaise sensée nous abriter du vent. Les Blondinettes emmènent leur maman à la pêche aux moules, je vide mes soutes pour voir s’il y a un câble défectueux. Une fois le contenu étalé sur des bâches, les filles se sentent comme à la brocante : j’veux un seau pour mettre les moules, j’veux tous les coquillages qu’on a collectionné depuis le début pour les laver et les trier, j’veux faire de la trottinette (sur la plage ???).
On sent quand même le vent, on râle un peu. On est loin de savoir à ce moment-là que la brise que l’on reçoit est anecdotique, c’est juste de l’entraînement pour la suite !
Le marchepied se remet à fonctionner, victoire ! Je ne suis pas sûr d’y être pour quelque chose. Pour le verrouillage central, j’abandonne, on le fera à l’ancienne. Séance biologie dans le camping-car : Anouck montre aux filles comment les moules s’ouvrent et dégorgent le sable. Les fruits de mer, c’est pas mon truc. Je les laisse jouer et je prépare des crêpes. Pendant le repas, les filles se régalent même si Anouck trouve que les moules sont encore sableuses. Comme on est sans réseau (comme souvent), on n’a pas pu vérifier le temps de rinçage des moules. On apprendra plus tard qu’il y a des marées rouges à certains endroits de Patagonie et qu’il ne faut pas manger de fruits de mer ici ! Personne ne sera malade, ouf !
Comments (1)
Impressionnant ces arbres pétrifiés. Et géniale l’excursion. Ces gorfous on une bonne tête avec ces plumes en l’air et les yeux soulignés de jaune.
En Bretagne j’ai parfois navigué avec des dauphins gris. Ils sont jolis ceux là aussi. C’est assez joueur les dauphins 😉