21/12/2022 => Jour 111
Ce matin, après deux journées de rando, les filles et moi fonctionnons au ralenti, ce qui énerve Anouck. Elle nous secoue un peu, et on part vers notre micro-balade de la journée. On dépose le linge à laver en passant, on pourra le récupérer le soir-même. C’est reparti pour du ripio pour Coquillette, mais cela ne dure pas longtemps. Arrivés au départ de la balade, Anouck nous mitonne une bonne ratatouille.
Après le repas, nous nous rendons à 500 mètres de là, sans dénivelé. Ça change ! Nous sommes à la cascade Chorrillo del salto, c’est très joli. Il y a beaucoup de rochers en bas, nous en franchissons quelques-uns pour prendre une belle photo. Cet endroit facilement accessible est bien desservi par les navettes touristiques, il y a vite beaucoup de monde autour de nous.
Les Blondinettes ne veulent pourtant pas partir, elles s’improvisent des parcours de motricité sur les rochers, je reste à proximité pour veiller à garder tous les pieds secs. Anouck aurait pu en profiter pour contempler ou méditer, mais le lieu est envahi de taons. Nous retournons donc rapidement au camping-car.
Nous nous dirigeons vers le camping. Plusieurs raisons à ce choix : ils prévoient de la pluie, on a prévu une journée calme, et nous sommes toujours en galère d’électricité. Sans transfo pour convertir le 12V de la batterie en 220V pour les ordis, il faut se connecter au courant du camping pour charger nos appareils.
J’appréhende la pluie sur mon adaptateur électrique, j’improvise une protection étanche avec un sac plastique. Ensuite, nous faisons un tour sous le camping-car avec Anouck, on découvre des vis manquantes, sans doute tombées sur les chemins de ripio. Je devrais vérifier plus souvent !
Ce soir, on mange des pizzas. Ce camping est particulier, il y a un espace commun et une cuisine, ça fait penser à une auberge de jeunesse. Tous les voyageurs en tente ou en van aménagé se retrouvent là et discutent dans toutes les langues. On décide de cuire nos pizzas maison dans la cuisine commune, pour économiser notre gaz. Olala qu’est-ce qu’on a fait envie à tous ces voyageurs ! Quand on voyage en sac à dos, c’est difficile de se préparer une pâte à pizza et de stocker les garnitures !
Après le repas, je fais un aller-retour à pied vers l’autre bout du village pour récupérer le linge, je croise des tas de gens avec des sacs énormes, ça doit être l’heure d’arrivée et de départ des bus longues distances.
22/12/2022 => Jour 112
Réveil en fanfare à 6h du mat ! La pluie a réveillé Anouck, elle a jeté un œil sur la veilleuse du frigo, elle est éteinte ! Nous sommes branchés au 220V du camping, que se passe-t-il ? Panne de courant ? Elle allume le gaz pour ne pas que le frigo se réchauffe de trop, ça me réveille. Je sors, je vérifie que nous sommes toujours branchés : la rallonge n’est pas correctement enfoncée dans l’adaptateur. Ça tenait la veille, est-ce le vent, un chien ? Peu importe, je réglerai cela plus tard avec des colsons.
En attendant, Zora est réveillée aussi, la journée va être longue. Surtout qu’aujourd’hui, on reste au camping. Maman Blondinette a inscrit journée couture sur le calendrier de l’Avent. Elle parvient aussi à motiver Zora pour une leçon d’école, pendant que je fais la vaisselle avec Léna. Les filles veulent maintenant jouer aux legos. On passe les appels aux grands-parents, mais le réseau est vraiment pourri, on est très frustrés en raccrochant, on avait envie de raconter plein de choses !
Le temps de préparer le repas, et la matinée est déjà passée. Je dresse le coin dînette à la place du lit des filles pour pouvoir travailler sur les ordis pendant qu’elles jouent. Anouck nous fait bouger pour le goûter, une chocolaterie de l’autre côté du village. Pour du chocolat, tout le monde est motivé.
Le lieu est agréable, tout en bois, avec une déco chalet de montagne. Les chocolats exposés sont appétissants mais un peu cher, d’un autre côté, ici, tout est artisanal. Nous savourons de délicieuses pâtisseries au chocolat, avec des vrais chocolats chauds. Un peu trop vrai, Léna fait la grimace, ce n’est pas sucré. Et oui, un chocolat chaud peut être amer ! Double dose pour Papa, youhou !
Quand nous rentrons, nous décidons d’aller faire les courses. En passant devant le camping, Léna annonce une urgence toilette, je laisse Anouck et Zora continuer et je rentre avec Léna. Je ne me sens pas bien non plus. Je vois Zora rentrer seule, elle me dit qu’Anouck s’est arrêtée aux toilettes, et qu’elle doit y aller aussi. Tourista massive pour tous les quatre, heureusement qu’on est au camping, on profite de leurs sanitaires.
Nous ne trouvons pas l’élément déclencheur, on fait bien attention pourtant. Heureusement, pour Anouck, Zora et moi, ça passe rapidement, il n’y a que Léna qui va être mal quelques jours, aurait-elle la gastro ?
23/12/2022 => Jour 113
Il fait beau aujourd’hui, nous repartons en rando. Maman Blondinette nous propose la laguna Torre, qui permet de voir la montagne du même nom. Ce ne sont pas les mêmes tours que Torres del Paine, ce sont des sommets en forme d’aiguille (bien plus fines que le Mont Aiguille du Vercors !). La nuit a été compliquée, Léna a eu plusieurs accidents. Elle n’a pas de fièvre, on y va quand même.
À 9h30, nous avons quitté le camping et nous sommes au départ. Ça commence par une grosse montée pour accéder à la vallée qui mène au lac. Très vite, on aperçoit des condors et, surprise, des perroquets. Très vite aussi, Léna n’est pas bien et doit se soulager dans la nature. On progresse quand même, et on arrive à un mirador qui offre une vue exceptionnelle sur l’objectif de la rando et aussi sur le Fitz Roy tout proche.
Après, c’est tout plat, un labyrinthe dans les buissons, des passages en lisière de forêts, on profite du paysage. Nous atteignons le lac vers midi et demi, pause pic-nique bien méritée. On profite de notre chance d’avoir la vue dégagée. Il y a des icebergs dans ce lac, on distingue un glacier de l’autre côté de la laguna.
Anouck me propose un challenge, un mirador à 2km de là, via un pierrier, il faut marcher sur une crête. Elle repart avec les filles, j’attaque l’ascension. Le point de vue permet de voir le pied du glacier, c’est joli. Mais c’est sportif, je suis content de ne pas avoir emmené les filles. Je redescends et commence à marcher rapidement pour les rejoindre.
Pendant ce temps, Maman Blondinette motive les troupes avec des charades et des devinettes. Elles prennent les paris sur le moment où je les rejoindrai. Dans ma tête, je calcule : elles doivent faire 9km, moi 13km, je marche deux fois plus vite qu’elles, je dois donc… on s’occupe comme on peut ! Je les retrouve après 6km, elles ont super bien avancé !
Elles me racontent leur invention de charade, Léna est en mode pilotage automatique, pas chouette de la voir KO comme cela ! On arrive au camping-car à 16h20, presque 7 heures pour les 18km ! Il est temps de dire au revoir à El Chalten, nous commençons la route ce soir.
El Chalten Tres Lagos
2h50
123 kms
Pendant les 20 premiers kilomètres, nous gardons les yeux dans les rétroviseurs. Le Fitz Roy, complètement dégagé, est bien visible, et comme ça ne tourne pas beaucoup dans la région, le miroir continue à nous refléter ce magnifique paysage. Puis nous retrouvons la 40 et les rafales de vent.
Le premier village que nous croisons, après 120 kilomètres, sera notre étape. Nous tournons au hasard dans les rues, et trouvons une impasse avec un mur qui nous protège du vent. Avec Zora, nous allons chercher du pain. On regarde aussi pour des ingrédients pour le menu de Noël, mais ce village est trop petit. Des meutes de chiens passent, ils se battent en rue, on se dépêche de rentrer. Léna est malade toute la nuit, on finit par sortir le Tiorfan, emmené au cas où, de notre trousse à pharmacie. Une cure de quelques jours sera nécessaire pour la rétablir.
24/12/2022 => Jour 114
Quelle excitation ce matin, c’est le réveillon de Noël ce soir ! Nous avons repéré un camping pour ce we, il reste encore 170km de route, dont les redoutés « los 73 malditos » , un mauvais ripio. Ça alterne entre gros cailloux, trous, sable, bosses, le tout en serpentant, sur des collinettes. J’hésite sur la vitesse à tenir, ça semble long.
Tres Lagos Gobernador Gregores
7h
173 kms
Sur une longue ligne droite, j’accélère, je double un van allemand qui roule au ralenti. Il a peut-être raison, quelques kilomètres plus loin, on entend un gros « tac-tac-tac ». Je m’arrête en urgence, et je vais voir. Au début, je suis soulagé, je vois la bavette du garde-boue qui tape sur le bord de la roue, ça explique le bruit. Je regarde d’un peu plus près, et là je me rends compte de l’ampleur des dégâts.
La bavette, sans doute poussée par un caillou, a entraîné le garde-boue vers les roues jumelées. Le garde-boue, en caoutchouc rigide, s’est plié et est passé au sommet des pneus. Au passage, ça a tordu une barre métallique qui soutient la cellule sur le châssis. Et le temps que je m’arrête, les pneus ont frotté sur le garde-boue, celui-ci a gagné. Verdict, un pneu éclaté et l’autre lisse, pas loin de la crevaison.
Nous sommes au milieu de nulle part, sans réseau bien sûr. Anouck m’aide à me poser, à réfléchir au plan d’attaque. Il est midi, elle commence la cuisine pendant que je vais chercher la roue de secours sur le toit, que j’installe le cric, que je commence le démontage. Plusieurs voitures passent, me demandent si j’ai besoin d’aide. Je refuse, la réparation me demande trop de concentration, pas envie de parler une autre langue en même temps.
Changer le pneu se passe étonnamment bien, le cric que je craignais trop petit soulève sans soucis Coquillette, j’arrive sans trop de mal à défaire les boulons, à gérer la double-valve des roues jumelées. Anouck vient me chercher pour le repas, j’ai encore du travail, autant faire une pause. La suite s’annonce corsée : la barre pliée appuie sur le garde-boue, celui-ci est trop proche des pneus.
J’arrache la bavette, inutile à présent. Ensuite je troue le garde-boue pour y passer des ficelles que je tends vers l’arrière. Ce n’est pas suffisant, je prends donc une sangle à cliquet pour tirer la barre tordue vers l’arrière. Ça fonctionne, même si c’est temporaire. Je range tout, et on repart, au pas cette fois. Ça permet d’observer une famille nandou avec une vingtaine de petits !
On arrive bien tard dans la ville de Gobernador Gregores, vers 16h, nous allons directement faire les dernières courses. On craignait que tout soit fermé, un soir de réveillon, mais ce n’est pas le cas. Nous allons ensuite au camping, l’accueil est très bizarre, ça a l’air fermé. Des hommes manipulent des engins de chantier : Anouck avait lu qu’en 2019, ils commençaient la construction d’une piscine. Et bien elle n’est toujours pas finie. Un homme descend de la pelleteuse et nous montre où nous installer : dans la cour en gravier, les pelouses ont l’air d’être réservées aux tentes.
Après nos aventures, nous ne faisons pas les difficiles. Il nous montre la salle commune, on a accès à une cuisine et à des tables. Super, on commence à préparer le repas dans cette pièce, on a plus de place que dans le camping-car ! Je reste dans mon énergie, les Blondinettes voulaient des burgers au menu, je prépare pain et viande (steak haché pour elles, agneau patagon pour Anouck et moi), je caramélise des oignons, Anouck fait mariner des poivrons et prépare une bûche avec les filles. Nous avions acheté des pommes noisette que je passe au four.
Les Blondinettes ont profité du temps passé à réparer Coquillette pour faire les décorations de Noël : guirlandes et sets de table. Le repas est succulent, on se couche heureux d’être arrivés à bon port, et d’avoir quand même pu fêter Noël !