25/12/2022 => Jour 115
Joyeux Noël !
Père Noël est passé ! Les Blondinettes sont toutes heureuses, il y a des Playmobil étalés sur la table, un jeu de cartes pour chacune (Dos et Tres, les variantes du Uno), ainsi qu’un doudou. Il y a un autre gros cadeau pour toute la famille, on s’offre l’Île de Pâques ! On aimerait y aller pour la semaine de Pâques, on verra si on trouve des vols.
Note de la rédaction : nous partirons du 5 au 15 mai, au départ de Santiago au Chili.
Nous passons une journée de Noël tranquille. Le vent respecte la trêve, cela nous fait bizarre, ça fait deux mois qu’il nous accompagnait nuit et jour. Le ciel est bleu, une vraie journée d’été ! Et pourtant on reste beaucoup enfermé, les Blondinettes jouent, Anouck et moi profitons du Wifi. Appel à la famille en Belgique, cela fait bizarre, ils sont tous rassemblés chez mon frère David, c’est aussi ça les voyages longue durée, des événements que l’on ne peut suivre que de loin.
On met en place le plan d’action, demain, on commence par la gomeria…
26/12/2022 => Jour 116
Le proprio du camping nous propose de nous montrer où est la gomeria, je lui parle aussi qu’on veut passer à la laverie. Il monte dans sa voiture et nous guide dans la ville. On arrive devant une habitation, une dame en sort et attrape nos sacs de linge, ce sera prêt dans 4h. Ce n’est pas une laverie officielle, juste une personne qui a un lave-linge et un séchoir.
Nous arrivons ensuite à la gomeria. Le proprio du camping nous laisse là, j’attends un peu avant de pouvoir parler au patron. Celui-ci a l’air d’avoir deux de tension. Je lui demande des nouveaux pneus, il me dit qu’il n’a pas la taille adéquate. Je lui montre l’état de mes roues, je lui dis que je ne peux pas continuer comme ça, c’est trop risqué. Il est d’accord avec moi, mais ne me trouve pas de solution. Je lui demande d’en commander, il me dit que c’est pas possible. Je deviens fou, je lui demande si je dois m’installer ici, si je ne peux pas bouger ? Il prend un air gêné et hausse les épaules.
Je lui demande s’il peut réparer mon garde-boue, il répond qu’il faut un mécanicien, mais n’a pas d’adresse à me donner. Un client suit un peu la conversation, il me dit qu’il va appeler son oncle, d’attendre un peu. Son oncle arrive rapidement, comprend le problème et me dit de le suivre. Nous sortons de la ville, pour entrer dans une propriété privée plutôt grande, je me gare dans un hangar.
Le neveu, Dario, bavarde avec moi pendant que l’oncle Celestino accroche ma barre tordue à une sangle, l’autre extrémité est fixée à un camion, et grâce au cliquet il parvient à remettre la barre droite. Ensuite, grâce à des colsons, il tire le garde-boue en arrière. Génial !
Anouck est sortie discuter avec nous, Dario nous propose de partager un maté. On accepte avec joie, on va enfin tester cette tradition argentine ! Dario prépare la boisson, ensuite me la tend. Lorsque j’ai bu quelques gorgées à la paille, il reprend la tasse, remet de l’eau bouillante et la tend cette fois à Anouck. Et il fait tourner aussi avec son oncle, pendant qu’on discute (le tout en espagnol bien sûr !).
L’oncle appelle le frère de Dario qui est à Rio Gallegos, la grande ville la plus proche, pour voir s’il peut nous dégotter un pneu. Comme nous aurons la réponse que vers 14h30, Dario nous invite à passer dans sa maison, avec les filles. Il nous propose de la nourriture froide, les restes du repas de Noël. Il sort des grands plats.
D’abord de la viande, ils ont fait un asado, il en reste des kilos ! Un plat qui ressemble à un gratin dauphinois, mais ce sont des escalopes à la place des patates, et dans le jus y’a des œufs durs, et du thon ? Un gâteau de crêpes, entre chacune il y a des crudités et du fromage liquide. Enfin on goûte à de la « gastronomie » locale, et pas à des plats de restaurant !
Dario prête son téléphone aux Blondinettes, il leur lance un jeu de courses automobiles. Il est tout étonné de se rendre compte que nos filles n’y sont pas habituées. De même, il est étonné quand Anouck dit ne pas vouloir de sucre dans son thé. Dario ne travaille pas, il surveille les bêtes de son oncle. Il rêve d’aller en Espagne, mais nous ne pensons pas qu’il pourra se le permettre un jour.
Un homme entre et s’installe avec nous, il est bolivien, il travaille comme jardinier. Anouck le comprend mieux que moi, je ne me fais pas à son accent. Vers 14h, comme nous n’avons pas de nouvelles du frère de Dario, nous partons chercher notre linge. On échange les numéros pour qu’il puisse nous prévenir dès qu’il en saura plus.
Petite blague, nous n’avons pas noté l’adresse pour la laverie. Comme on suivait le proprio du camping, nous n’avons pas fait attention. Heureusement, je me rappelle d’un nom sur le numéro de la maison. C’est le nom de la rue, ouf, on retrouve nos affaires. Les prix que Dario et son oncle nous ont indiqués pour les pneus nous incitent à faire un tour au Western Union de la ville.
Le guichet est au bureau de poste, nous y sommes à 15h26. Il est indiqué que la dernière opération est à 15h30. On comprend pourquoi, ils mettent un temps infini à recopier ce qu’on a mis sur internet sur une feuille papier. Ensuite ils la scannent et l’envoient à un centre Western Union pour validation. Ils attendent 10-15 minutes la réponse avant de pouvoir nous donner l’argent.
Et pour Anouck, la première tentative échoue pour le « ep. » (abréviation d’épouse) entre nos noms de famille. Pourtant c’est ce qui est indiqué sur son passeport. On fait faire des heures supp’ au personnel, et on renfloue les caisses. Mais quand Dario nous appelle et nous annoncent du 480 euros par pneu, on décline l’offre, c’est vraiment trop cher.
On se gare le long d’une rivière dans la ville, derrière un buisson qui nous abrite bien du vent. Quelques temps plus tard, un camping-car français vient se garer près de nous. Ce sont les loulous en vadrouille, Charles, Jennifer et leurs 3 enfants. Le courant passe tout de suite entre Ambre, 7 ans, et nos Blondinettes. Les loulous emmènent depuis quelques temps des auto-stoppeurs français, Lulu et Raf, qui dorment sous tente. Nous prenons l’apéro tous ensemble, en comparant nos expériences et nos galères. Ensuite nous rentrons nous coucher, nous allons faire de la route demain !
27/12/2022 => Jour 117
Nous avons beaucoup discuté, et nous avons choisi la solution qui nous semble la plus sage : tracer vers le Chili, en minimisant les routes en ripio. On démarre alors que les nouveaux copains sont en train de petit-déjeuner. Nous prenons de l’essence, et j’essaie de regonfler les pneus. Malgré l’aide de locaux, ça ne fonctionne pas.
Ils me conseillent d’aller dans une autre gomeria, à la sortie de la ville. Anouck l’avait repérée, mais elle semblait fermée. Lorsque je me gare devant, une voiture s’arrête à côté de moi. C’est le propriétaire, il accepte de m’aider. Après avoir fait le tour, je lui explique nos déboires. Il me propose de me vendre un pneu usagé comme pneu de secours, c’est pas la même taille, mais il me certifie que ça fonctionnera. Naïf et stressé, j’accepte.
Gobernador Gregores Pinturas Canyon
6h
299 kms
On repart vers 11h, il est déjà presque l’heure de la pause repas. On s’arrête à une intersection avec une route en ripio pour manger. Ce chemin est en réalité la route 40, dans son tracé initial. Ça se voit sur des cartes pas si anciennes (2007 par exemple). Depuis, ce n’est plus entretenu, au bénéfice de la route qui passe par Gobernador Gregores. Plusieurs voitures s’y engagent, et reviennent quelques minutes plus tard. L’une d’elle s’arrête pour avoir notre avis, on leur conseille le bitume bien sûr !
La route vers la ville suivante alterne entre le bon et le très mauvais, mais pas de longue période de ripio. Je roule au ralenti dès que le bitume s’arrête, je vérifie régulièrement que toutes nos roues sont encore en état. Nous guettons le moindre bruit suspect. De plus, le volant oscille entre gauche et droite, comme si la géométrie était foireuse.
Le trajet semble long. Maman Blondinette déprime, on passe à côté de « Las cuevas de los manos », qu’elle espérait vraiment admirer. Mais pour y accéder, il y a des kilomètres de ripio. Nos pneus sont trop usés, c’est trop risqué. Idem pour les lacs de Posadas et le Parc National Perito Moreno.
Sur la fin du parcours, on découvre un panorama ahurissant. Au milieu de nombreux canyons couleur grisâtre, des tâches rouge et jaune apparaissent. Ce sont les « Cañadón Pinturas », ça parait irréel. Nous nous arrêtons à l’entrée du parc Patagonia (financé par la compagnie du même nom). Le garde nous explique qu’on peut se garer à 500 mètres, il y a une courte promenade qui donne des points de vue sur ces roches colorées.
Il donne aussi les consignes de sécurité, entre autres sur les araignées qui peuvent être dangereuses. Maman Blondinette a la bonne idée de traduire cela aux filles. Sur le sentier, nous découvrons des sauterelles bien costaudes, de la taille d’un pouce. Zora se met à paniquer, à hurler, on a beau lui dire que ce ne sont pas des araignées, il n’y a plus rien de rationnel qui fonctionne.
Ça complique la vie d’Anouck qui ne peut pas prendre facilement des photos. Pourtant ça en vaut la peine, pas besoin d’accentuer les couleurs pour avoir une photo magique ! Je calme finalement Zora en lui expliquant que les araignées n’aiment pas le vent, que ça détruit leur toile. Je ne suis absolument pas sûr de cela, mais ça fonctionne, vu les rafales qu’on subit, Zora se calme. Le tour n’est pas très long, on repart pour les derniers kilomètres.
Pinturas Canyon Perito Moreno
55 minutes
57 kms
La ville étape de ce soir, c’est Perito Moreno. Ce monsieur a une ville, une rivière, un glacier, un parc national et un tas de rues à son nom, un peu partout en Argentine. Perito n’est pas son prénom mais son titre, ça veut dire « expert ». Nous arrivons tard dans la ville, on achète des empanadas pour le repas et on se pose le long d’un square, c’est pas du tout sexy, mais il est tard et on est épuisé de cette journée de route.
On n’en peut plus de cette histoire de pneus, ça nous stresse, il faut qu’on trouve une solution rapidement !
Comments (4)
Merci pour ces magnifiques photos colorées ! Plein de gros bisous à vous quatre ! Bonne continuation !
Merci beaucoup, bises à vous !
Ouf le père Noël vous a bien trouvé à l’autre bout du monde.
Sympa ce repas avec les locaux et ces jolies couleurs. On dirait le colorado provençal en plus grand.
J’espère que les nouveaux pneus seront vite trouvés !
Oui, les jolies couleurs nous ont mis une dose d’énergie positive dans notre inquiétude.
Pour les pneus, tu auras la réponse dimanche, l’article suivant est déjà prêt 😜