01/11/2022 => Jour 61
Encore une journée à parler français ! D’abord avec les deux familles d’hier, qui ont dormi au camping avec nous. On fait la vaisselle du petit dej’ aux sanitaires en même temps. Ils terminent leur séjour sur la péninsule, on les recroisera sans doute plus tard. On prépare les filles : c’est reparti pour 1h30 de ripio, nous retournons au même endroit qu’hier. On commence à s’habituer à rouler à 80km/h en mode Parkinson. Des gens nous font des grands signes à mi-chemin. Je m’arrête, le pneu arrière de leur moto a crevé, ils ont besoin d’aide pour la charger sur le pickup d’un garde du parc. Je sors mes gros biceps (vous avez le droit de rire ! ), et à 4, nous fournissons l’effort nécessaire. Il leur reste à l’harnacher, nous repartons vers l’observatoire des éléphants de mer.
Il n’y avait pas de circulation du tout sur la piste, comparé à hier. Par contre, sur le parking, il y a déjà du monde, et on sent l’agitation. On sort rapidement, des orques ! 3 spécimens viennent de tenter une attaque, ils tournent dans la crique en face de nous. Je cours chercher le drone, je vois un autre pilote qui fait atterrir son modèle professionnel. Je lui demande si le vent n’est pas trop fort, il me répond que je ne peux pas voler sans autorisation. Il fait partie d’une équipe Netflix qui fait un reportage, il a 3 collègues sur la plage interdite au public qui font les plans au sol. Tant pis pour le drone, Anouck mitraille avec son bon appareil.
Les orques se lancent dans un bras d’eau sans issue, elles reviendront certainement plus tard. Le garde qui a aidé les motards vient me retrouver, et me parle du karma, que la nature récompense ma bonne action. Le parking se vide, j’en profite pour prendre le meilleur emplacement pour Coquillette, je sors la table, les filles jouent aux petits Lego à l’intérieur, on se prépare une salade de riz. On ne compte pas bouger de la journée. J’entends parler français, j’envoie Maman Blondinette en éclaireur pendant que je termine de mettre la table. Nous rencontrons donc deux couples : Mélanie et Alexis viennent de Gap, ils sont en van aménagé, et devaient être sur le même bateau que nous. Ils avaient garé leur van à côté de notre camping-car à Anvers ! Mais une erreur administrative a empêché leur embarquement, et un peu bouleversé leur début de voyage.
L’autre couple, Étienne et Servane, a déjà voyagé 8 mois, ils ont commencé par la Colombie et fait notre itinéraire à l’envers, en bus jusqu’en Argentine, et depuis ils ont loué une voiture. On échange les expériences, les conseils. L’équipe Netflix redébarque 2h plus tard avec leurs drones, on sent que quelque chose se passe. Les orques sont de retour, les gens près des pingouins les ont repérées, c’est à un kilomètre d’ici. Tous les touristes présents là-bas arrivent à toute vitesse, quelques bus de tour organisé, on est vite tout serrés, à admirer le passage des cétacés à dents. Je décide de monter sur le toit de Coquillette pour mieux voir, les filles m’accompagnent. Zora s’exclame à chaque apparition, nous ne sommes pas très discrets sur notre mirador.
Après un tour de parade, les orques repartent vers les pingouins, la foule s’en va aussi, nous restons entre francophones à profiter de cette belle journée. Une baleine vient faire un interlude en nous montrant sa queue et en la claquant sur les vagues, elle ne fait que ça durant 5-10 minutes. 3 heures plus tard, avant que la marée ne soit trop basse pour rejoindre le large, le trio repasse, il y a beaucoup moins de spectateurs, Anouck parvient à filmer un entraînement à l’échouage : la jeune orque se jette sur la plage comme pour attraper une proie, et apprend à revenir dans l’eau. On croit distinguer la tête de la maman qui pousse son jeune plus loin sur la plage. Quelle chance on a eue !
On repasse voir les pingouins, qui se mettent à chanter, c’était assez bizarre. Ils font cela pour appeler leur partenaire parti pêcher. On refait les 70km de ripio à toute vitesse, et on décide d’aller manger au resto à Puerto Piramides. Pas de chance, le resto qui nous fait de l’œil est fermé le mardi. Tant pis, on achète des empanadas. On les déguste sur le parking du port, face à un magnifique coucher de soleil sur la mer. Nous dormons là, avec un frisson lorsque des jeunes viennent faire du feu près de nous, et amène un groupe électrogène. On se dit qu’ils vont faire la fête toute la nuit, mais non, finalement ils sont très discrets !
02/11/2022 => Jour 62
Aujourd’hui, c’est jour de lessive ! On quitte donc la péninsule, avec un petit détour vers l’île aux oiseaux, celle dont la forme a inspiré le dessin du boa et de l’éléphant dans « Le petit prince ». À part cela, c’est juste un caillou avec des centaines de mouettes dessus, on repart vite. On se décide à prendre une photo de guanacos, on en a vu des dizaines sur ces deux jours, mais obnubilés par les animaux marins, on ne leur avait pas tiré le portrait.
Puerto Piramides Puerto Madryn
1h25
94 kms
On arrive à Puerto Madryn vers midi, nous nous remettons sur le parking où on s’est fait fracturer la fenêtre, il faut conjurer le mauvais sort. Maman Blondinette part avec les sacs de linge vers la blanchisserie toute proche, pas de chance, elle est fermée, Anouck doit marcher un bon bout de temps avant d’en trouver une autre ! Nous aurons notre linge à 19h. Ça nous laisse tout l’après-midi pour nettoyer Coquillette, toute crasseuse. Les pistes de ripio, ça dégage un max de poussière, et ça s’infiltre partout, il faut laver intérieur et extérieur. Je fais les courses, on remplit les réservoirs d’eau sans jamais laisser Coquillette inoccupée.
Et là on reçoit une invitation : Antoine et Hélène, ainsi que Julien et Axelle sont sur la plage aux baleines, ils nous proposent de les rejoindre pour un apéro dinatoire. Nous avons rencontré ces deux familles il y a quelque jours, et le courant était bien passé. Ce n’est pas notre plan initial, mais c’est aussi ça le voyage, se laisser porter par les évènements.
Anouck improvise des pizzas, je vais acheter du matériel pour refixer l’enjoliveur. On passe à Western Union, la dame me donne cent mille pesos en billets de … 100 pesos ! Ça fait à peu près deux briques de lait, ces mille billets. Et comment on va les utiliser ? Un plein c’est souvent 12 000, les courses entre 10 et 20 000. On le tente pour le plein, la pompiste a recompté calmement ses 100 billets, ça n’a pas l’air de la choquer du tout. On reprend notre linge et on va rejoindre les copains. Le seul mot d’ordre est de ne pas évoquer les orques, ils n’ont pas eu la chance de les voir durant leur passage sur la péninsule de Valdez malgré plusieurs jours d’observation.
Les enfants disparaissent directement. Chacun sort nourriture et alcool, on se couvre car il ne fait pas chaud, et on discute. Voyage, bien sûr, autres familles voyageuses, mais aussi origine, Julien a été faluchard et a fait des congrès à Grenoble ! Je sors la Chartreuse, c’est une bonne occasion. Hélène croit halluciner en découvrant une série d’étoiles filantes en ligne, il s’agit du train de satellites Starlink. On le regarde passer, quel dommage d’imaginer que nos enfants ou petits-enfants ne verront plus que ça, et pas le vrai ciel étoilé !
À 21h, les enfants sont encore déchaînés, Antoine propose de les calmer avec un film. Cela fonctionne, mais ça veut dire que les Blondinettes vont être bien fatiguées demain ! On admire Noé et Lucas, les enfants de Julien et Axelle, qui lorsqu’ils se sentent fatigués, arrêtent de regarder le film et vont coucher. Une fois le film fini, la soirée se termine et tout le monde va dormir.
03/11/2022 => Jour 63
Hum, réveil difficile. Déjà, mon téléphone sonne à 6h20, j’avais oublié de le mettre en silencieux. Et quand Zora nous demande à 8h de jouer à Uno, on sent le manque de sommeil et l’abus d’alcool. Les copains dorment encore, les filles s’impatientent. On voit passer des baleines au loin, mais ce n’est pas le grand spectacle. Un gros vent du nord s’est levé, donc il fait très chaud, et la mer est agitée. Je commence à bricoler, à discuter, un couple de jeunes français, Louis et Delphine, vient se garer près de nous, ils ont passé un an en Afrique dans un van aménagé, et là ils sont arrivés début octobre pour un an en Amérique latine. Leur parcours est atypique, ils ont envoyé leur véhicule directement d’Afrique du Sud vers l’Uruguay, et celui-ci est passé par… Singapour ! Faut pas chercher à comprendre…
Plage El Doradillo Rawson
1h50
101 kms
Nous décidons de partir après le repas de midi, juste au moment où une baleine vient nous dire au revoir, elle est vraiment au bord de la plage ! On roule ensuite vers Rawson, on va y chercher des excursions pour aller voir des dauphins. On s’arrête à l’entrée de Trelew, il y a une immense statue de dinosaure, c’est ici qu’a été trouvé le plus grand dinosaure du monde. Nous irons voir le musée plus tard.
Nous continuons vers le port de Rawson, il y a beaucoup de monde pour un jeudi soir. Des tas d’Argentins, posés sur la plage de galets, quelques-uns qui nagent. Ça donne envie aux filles, je vide donc la soute pour retrouver leur maillot et leurs chaussures de plage. Tant pis pour l’excursion, on verra ça demain. Elles s’amusent les pieds dans l’eau, elles ne vont pas trop loin, il y a de grosses vagues. Une femelle éléphant de mer nage à quelques mètres. On dirait qu’elle veut accéder à la plage, mais dès qu’elle accoste, des tas de gens viennent la prendre en photo. Elle repart donc plus loin, et retente une approche quelques minutes plus tard. À notre avis, elle s’est perdue.
La chaleur est presque insoutenable dans le camping-car (plus de 30°C) et on ne peut pas créer de courant d’air car le vent est devenu bien violent, 40km/h avec des rafales à 60, il faut trouver un endroit protégé pour la nuit. On trouve finalement un endroit bizarre, paysage lunaire perdu, on se cache derrière une dune, et ça nous abrite, pas entièrement mais suffisamment. Il n’y a pas de réseau, mais bon, on ne peut pas tout avoir ! Quelle chance d’être en camping-car, je ne pense pas qu’on aurait vu ce lieu atypique autrement !
Comments (2)
Super tous ces grands animaux marins. Vous auriez presque pu vous baigner avec les baleines 😀
On aurait adoré, mais c’est interdit. Pas de baignade pendant la période où les baleines sont là. Comme c’est très touristique, les gardes-parc sont très présents.