14/11/2022 => Jour 74
Nous voici donc en route pour aller voir des manchots de Magellan. Nous roulons quelques kilomètres pour atteindre un port privé. On se gare avant le portail, un agent vient prendre nos passeports, et nous donner le chemin à suivre pour la pingüinera. On longe des falaises puis on marche vers la tour, cela fait 4 kilomètres. Très bien. J’échange mon short contre un pantalon, on prend gilets pour les filles et coupe-vent pour moi, et c’est parti.
À peine arrivés sur la plage, Anouck pense qu’il pleut. Mais non, ce sont des petits cailloux qui tombent de la falaise. Hum, on va marcher plus près de la mer. On reçoit ensuite quelques vraies gouttes de pluie, mais le temps de se couvrir c’est fini, le soleil est de retour et il fait chaud. De l’autre côté de la baie, on ne sait pas trop si on doit s’enfoncer dans les dunes pour suivre l’antenne indiquée comme repère, ou faire le tour par la plage. On choisit un mix en diagonale.
On tombe rapidement sur des nids, avec des manchots qui couvent. Nous voyons beaucoup de cadavres et de squelettes aussi. On décide de revenir vers la plage pour ne pas trop déranger les couvades. Il y en a vraiment partout, c’est assez fou d’être là, sans surveillance, barrières, à côté des animaux. On ne voit pas de poussins, mais de nombreux œufs. Arrivés sur le sable, on s’assoit et on profite du moment.
Puis le vent se lève. Rapidement, on prend du sable dans les yeux. On commence le chemin du retour, avec un vent de plus en plus fort. Après quelques recherches le soir, nous apprendrons que nous avons subi un vent de 50km/h avec des rafales à 80 ! Lorsque le sable nous fouette, ça picote, les filles n’aiment vraiment pas ça. On les motive comme on peut.
Une fois de retour proches de la mer, il y a moins de morsures de sable. Il y a quand même des rafales où je récupère Léna 1 mètre derrière, où même les adultes on a du mal à avancer ! Zora décrète que lorsqu’il y a du vent, les promenades sont interdites. Ça va être compliqué pendant la suite du séjour en Patagonie!
Arrivés au poste de garde, on apprend que nous sommes en alerte orange pour le vent, ok, gros touristes, on ne savait pas… Une fois dans le camping-car, on se rend compte qu’on est garé en plein vent, lorsqu’il y a des rafales, le lanterneau central s’ouvre. Là, c’est impressionnant. Une séance de gouttes dans les yeux pour tout le monde, histoire de faire tomber le sable, et on s’en va.
On retourne vers la ville, il va être 19h, il faut cuisiner (sain, après le resto d’à midi !). On ne veut pas retourner au camping, il n’est pas bien exposé par rapport au vent. En se dirigeant vers la blanchisserie, on passe devant un centre sportif. Maman Blondinette a une intuition, si on se gare sur le parking, la taille du bâtiment devrait nous abriter. Bien joué, ça coupe une grosse partie du vent.
Lorsque je vais chercher le linge avec les filles, une passante me prédit que le pire est à venir. Et elle n’a pas tort, durant la soirée, Coquillette bouge beaucoup malgré la protection du bâtiment. Une fois le linge rapatrié, les brocolis de Maman Blondinette ne sont pas cuits, je décide d’aller à la boulangerie. Je repasse devant la blanchisserie, deux paires de chaussettes d’Anouck par terre, heureusement que je reviens par là ! Merci les Blondinettes de m’aider à porter les sacs ! Bon allez, au lit, on va profiter du bercement gratuit cette nuit !
15/11/2022 => Jour 75
On avait dit : « on ne traîne pas au réveil ». Départ 9h15, mention « peut mieux faire ». Je déclare la journée sous le thème du guanaco. Je suis bien inspiré, on en croise des centaines ! Des placides, des nerveux qui sursautent quand on passe, des débiles qui restent sur la route malgré les klaxons, des suiveurs qui courent mais qui ne savent pas pourquoi… C’est impressionnant d’en voir autant en liberté à proximité des routes, on ne voit pas ça en Europe, des hardes de cerfs ou de sangliers à proximité des humains !
La Patagonie est vraiment surprenante, j’imaginais d’immenses pâturages verts, ce sont d’immenses étendues buissonneuses (le vent ne permet pas aux arbres de grandir), avec du relief, des lagunes, certaines salées, plus de guanacos et de nandous que de vaches ou de moutons. Mes seuls préjugés qui s’avèrent corrects sont l’absence d’habitations, et le vent !
Puerto Santa Cruz Rio Gallegos
3h15
255 kms
On se rend compte rapidement qu’on n’atteindra pas avant midi la dernière grande ville avant la Terre de Feu, Rio Gallegos. C’est difficile de se garer en bord de route, il n’y a pas d’aire de repos. Lorsqu’on croise de jolies lagunes, peuplées de flamands roses, d’oies et de canards, je trouve un emplacement correct pour cuisiner. Maman Blondinette prépare des lasagnes maison, puis part faire un shooting photo aviaire avec les filles.
Je fais le calcul aujourd’hui, nous avons parcouru 20 000 kilomètres avec Coquillette depuis son acquisition, dont 6 000 sur ce continent ! Ça commence à faire !
Nous arrivons en début d’après-midi en ville. Anouck le savait par ses lectures, ce n’est pas du tout un incontournable d’Argentine. Les gens roulent vite, les routes sont mauvaises, il n’y a aucun charme, il y a trop de monde.
Première étape, un magasin de bricolage sympa qui me crée un adaptateur de gaz pour ma bonbonne française. Ensuite on veut aller à Carrefour faire un retrait Western Union, mais toutes les rues avoisinantes sont bloquées, on abandonne. On va faire le plein d’essence, ils sont en train de recharger les cuves, on attend une demi-heure avant d’être servis.
Nous savons que nous sommes trop tard pour faire le plein de gaz dans la station référencée sur notre appli, donc on va à la sortie de la ville, il y a un magasin qui vend du gaz. Pas de chance, ils ne font que des échanges de bouteilles, et ils n’ont que des 10kg, la notre est une 15. Il me propose de rejoindre une station essence YPF, ils peuvent me vendre du gaz. On y va, je demande, et ils me renvoient vers la station qui n’ouvre que le matin.
Rio Gallegos Laguna Azul
55 minutes
59 kms
Il est 17h, cette journée est beaucoup trop longue, on s’en va. Anouck a trouvé un spot pas trop loin de la frontière du Chili. On ne roule pas vraiment droit, entre les trous dans la route et le vent latéral qui pousse Coquillette.
Grosse surprise à l’arrivée, nous sommes au sommet d’un cratère, pas de montagne aux alentours, le creux du cratère est rempli d’eau, d’où le nom « Laguna azul » , Lagune Bleue. Je fais des crêpes pour finir les œufs qui ne passeront pas la frontière pendant que les filles guettent des lièvres. Les rafales de vent sont impressionnantes, nous en sommes pas vraiment abrités, tout tremble, la nuit va être agitée !
16/11/2022 => Jour 76
Finalement le vent tombe durant la nuit, on se réveille sous un joli ciel bleu. La frontière pour le Chili n’est pas très loin, elle est réputée pour être difficile, ils fouillent tout pour jeter une longue liste d’aliments interdits, il y a plein d’anecdotes pas sympa sur internet.
Laguna Azul Cerro Sombrero
4h
109 kms
Au poste argentin, il y a une grosse file devant nous, c’est bien parti. Un officier de douane vient nous trouver, il demande si on fait partie des passagers du bus. Ouf, on peut dépasser toute la file et aller avec les 2-3 camionneurs, le passage est finalement rapide. La dame qui nous valide la sortie est en admiration devant les cheveux des Blondinettes ! On n’oublie pas de faire sortir administrativement Coquillette, et on file vers le poste chilien, un peu plus loin.
C’est pas bien indiqué, on a du mal à trouver par où commencer. Après quelques indications d’un douanier peu aimable, je me gare comme je peux et on trouve la file d’attente. Il n’y a qu’une personne pour faire les admissions, c’est lent. Et encore plus lorsqu’un chauffeur de bus vient faire passer son bus complet avant nous. Je commence à pester, les filles à s’impatienter, Maman Blondinette essaie de nous calmer. Une dizaine de passagers plus tard, un autre employé arrive, et il nous fait passer tout de suite.
Pour l’entrée de Coquillette sur le territoire, les employés sont en pause, j’imagine que comme il y a un bus, ils pensent qu’ils sont tranquilles un moment. À leur retour, tout se fait rapidement. Il reste la partie la plus compliquée, le passage de la douane. On se prépare, un douanier arrive, monte dans le camping-car et aperçoit notre joker, les Blondinettes en train de dessiner. Il est agréablement surpris qu’elles ne soient pas sur un smartphone ou une console. Il ouvre le frigo, décide de jeter nos pois chiches cuits dans un bol, mais ne va pas plus loin dans sa recherche, génial ! On peut repartir tout de suite.
Nous voici au Chili ! La route est « meilleure », ce sont des plaques de béton en enfilade, comme certaines routes belges ou comme les autoroutes allemandes. Les guanacos sont toujours là, il y a quelques collines avant la descente vers le détroit de Magellan. Il y a des ferrys toutes les demi-heures pour traverser vers la Terre de Feu, mais suivant la météo ou le trafic de camions, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir en prendre un tout de suite.
La chance continue de nous sourire, dès le premier passage, ils se servent de Coquillette pour boucher un trou trop petit pour un poids lourd. La traversée est courte. On descend tout de même du camping-car, ce n’est pas un ferry de croisière mais un bac, avec sur un côté un pont étroit sur lequel on peut monter. On trouve la caisse pour payer, on se demande si quelqu’un vérifie les billets, est-ce qu’on aurait payé si on était restés dans le véhicule ?
À la sortie, il est près de 13h, on se gare sur le parking de la douane du port pour pique-niquer. La file de véhicules pour repartir vers le continent est énorme, on est vraiment bien tombé pour le timing apparemment. Nous sommes accueillis par des renards en bord de route, ça change des guanacos !
La priorité maintenant, c’est de faire les courses, et de trouver des dollars chiliens si possible. On s’arrête donc dans la seule ville chilienne en direction d’Ushuaia : Cerro Sombrero. On se gare à l’office du tourisme, il y a un wifi gratuit.
Pendant que je mets à jour le « Où sommes-nous ?« , Anouck va papoter avec l’employé de l’office. Le gars est très sympa, il la tutoie rapidement, et lui donne plein de conseils pour notre passage en Terre de Feu. Entre autres, que le camping est fermé, mais que le parking où nous sommes est prévu pour les voyageurs, avec wifi, eau et électricité, et l’accès aux sanitaires avec douche et chauffage. On ne sent pas de vent, on décide donc de rester là.
Nous partons nous promener dans le village, il y a des plaines de jeux pour les filles, on passe dans une épicerie (et on peut payer par carte, c’est quoi encore mon code ?), on appelle Mamou et Papou, une fin de journée vraiment tranquille.
Avant de se coucher, on veut profiter des douches. Nous voilà tous les 4 déshabillés prêts à se laver, j’allume l’eau et… ah ben y’a pas d’eau. J’essaie tous les robinets que je vois, y compris celui que j’ai utilisé l’après-midi pour remplir la citerne de Coquillette, rien. Je parle à deux ouvriers un peu plus haut, ils disent que c’est global.
Bon, on va prendre la douche dans Coquillette, on sera peut-être les seuls dans ce village à être propre ce soir !
Comments (2)
Nous vous souhaitons de bonnes fêtes de fin d’année et continuez de nous faire rêver !! Merci bisous a vous quatre
Merci beaucoup, joyeux Noël à vous, bises !