Un voyage au long cours, ce n’est pas de tout repos. Avec vous, nous partageons essentiellement nos moments forts, agréables, nos belles découvertes. On évite de parler que vivre 24h sur 24 à 4, dans un espace réduit, ce n’est pas toujours facile. Il y a des disputes, du stress, des désaccords. Et comme nous ne pouvons pas nous isoler, tout est beaucoup plus intense. Il n’y a pas de we en voyage. Nous roulons presque tous les jours, il faut gérer toute la logistique (courses, essence, gaz, réservations, …) dans des conditions qui sont loin d’être identiques à l’Europe. Nous sommes loin de notre famille, de nos amis, difficile de se ressourcer.
Il nous faut donc des vacances. Comme tout le monde. Après 8 mois de voyage, nous prenons 10 jours loin de Coquillette, sur la mystérieuse île de Pâques.
03/05/2023 => Jour 244
Départ du camping de Laguna Verde ce matin. Je range tout le matériel extérieur, et lorsque je veux rentrer le store, c’est la catastrophe 😫. Il est resté ouvert les 5 jours, avec les grosses pluies du we. Il ne veut plus se fermer. Le mécanisme de manivelle ne parvient pas à remonter la toile. Je monte sur le toit, je démonte le boîtier sur lequel se place la manivelle.
Je parviens à utiliser le boîtier comme « manivelle », mais la toile est trop lourde. Dès que je décroche le boîtier pour reprendre appui un demi-tour plus loin, tout se déroule. Anouck vient m’aider, on déplace des tables en bois du camping pour servir d’escabeau. Heureusement, les filles ont encore leurs vélos et peuvent s’occuper pendant l’opération. Anouck soutient le store pendant que je visse, ça m’aide suffisamment pour que je bloque à la main le rouleau, sans qu’il puisse tourner pendant que je change d’appui. Victoire 🥳, le store est fermé, on n’y touchera plus de sitôt !
Nous pouvons partir, il est 12h10. Nous hésitions à retourner à Santiago pour voir un musée, mais là il est trop tard. Il y a une plage pas très loin citée dans le guide d’Anouck, on va aller par là. Quand la route devient un ripio bien bosselé, on abandonne, on a vu un petit resto sur la route et on a faim. Zora dévore 3 empanadas, Anouck un completo (sandwich) bien completo, Léna du poulet rôti (super, une cuisse comme à la maison !) et moi une cazuela, une cassolette de pot-au-feu très bonne, avec de la courge et du maïs, ça change du poireau-carotte européen.
On décide d’aller se perdre dans la montagne, sur le trajet retour vers Santiago. À la sortie de l’autoroute, on progresse dans des vignobles, les feuilles sont aux couleurs de l’automne, c’est magnifique 🤩. Le lieu où on veut dormir est de l’autre côté de la montagne, Coquillette se prend une jolie côte qui la fait chauffer, pas moyen de passer la troisième, en deuxième jusqu’au sommet. Et à la descente, ce sont les freins qui chauffent à leur tour !
Nous devions être à côté d’une rivière, on en voit le lit, mais c’est à sec en cette saison. Par contre notre objectif est rempli, nous sommes seuls au monde, à part une vache et son veau qui viennent regarder qui sont les intrus. Les Blondinettes sortent les barbies, Anouck utilise ma liseuse, et je reste sur mon ordi le temps que la soupe cuise. Il n’y a pas un chat, je pense que la nuit sera calme.
04/05/2023 => Jour 245
La nuit a été froide, c’est dur de sortir de la couette. On ressent l’excitation du départ, Léna en particulier est assez insupportable, elle met Zora et Anouck à cran assez rapidement. Nous quittons notre coin perdu et roulons vers Santiago.
Nous avons réservé un camping proche de l’aéroport pour y laisser Coquillette. Sur le papier, c’est un endroit proche des standards européens. Bon, dans les faits, c’est un club de tennis qui a aménagé son parking pour accueillir quelques camping-cars. Les aménagements sont bien pensés, mais un peu défectueux. L’électricité n’est pas stable et notre frigo ne le supporte pas. On avait anticipé, on avait vidé notre stock.
Après le repas, on commence à préparer nos sacs. Il y a une machine à laver et un séchoir, on en profite. Mais le séchoir ne fonctionne pas bien, à 18h notre linge est encore mouillé. Même chose pour les douches, on a quelques minutes d’eau chaude pour de longues périodes d’eau glacée. Anouck et Zora mettent 50 minutes pour réussir à rester au chaud, Léna et moi abandonnons au bout de 15 minutes d’eau froide, on se rince comme cela et ressortons frigorifiés ! Le taxi est commandé pour 6h demain matin, on ne va pas la faire longue ce soir ! Ça, c’est la théorie, avec l’excitation, on ne s’endort pas avant 23h30 🙄.
05/05/2023 => Jour 246
L’Île de Pâques nous attend ! Trop d’adrénaline, on se réveille beaucoup ! Dès 5h, Anouck et Zora tournent en rond dans leur lit. À 5h55, on est prêts, et le taxi est déjà là à nous attendre.
À l’aéroport, on découvre l’enregistrement des bagages automatique, c’est à toi d’imprimer ton autocollant, de poser ton sac sur la balance et de scanner les codes-barres. C’est un vol interne, comme l’île appartient au Chili. La douane est light, on a même droit aux gourdes d’eau remplies. Par contre, on a oublié de vérifier les trousses des filles : la paire de ciseaux de Léna se fait confisquer !
Pour attendre l’heure de l’avion, nous prenons notre petit déj’. Dans la file d’attente avant de monter dans l’appareil, nous discutons avec un couple de retraités américains. Ils arrivent de Chicago, ils ont passé une semaine à Santiago, et enchaînent avec 4 jours sur l’Île de Pâques. Ça a l’air d’être la course ! Pour notre part, nous allons y rester 10 jours, et Anouck a prévu des activités tous les jours ! Le vol se passe sans problème, il y a des écrans, les Blondinettes sont hypnotisées.
Santiago Hanga Roa
5h30
3756 kms
Nous sommes choqués par la chaleur à l’arrivée, c’est une île tropicale, il fait chaud et humide (et nous sommes bien emmitouflés puisqu’à notre départ de Santiago il faisait 2°C) ! Notre hôte nous attend à la sortie avec la pancarte à notre nom. Elle nous enfile un collier de fleurs, comme dans les films ! On monte dans la voiture, et elle nous emmène faire un petit tour de la ville, avec les principaux commerces. Elle nous montre ensuite la plage, et nous voyons notre première tortue de mer sauvage. Notre hôte nous dit qu’on peut aller nager avec ces animaux, il ne faut juste pas les toucher.
Elle nous montre ensuite notre logement, très fonctionnel. Il est 13h30 ici, mais pour notre corps, il est 15h30. Et nous n’avons pas réellement mangé. Je fais donc cuire des pâtes pendant qu’Anouck défait les sacs (on avait emmené des provisions car le prix des courses sur l’île est à priori plus élevé que sur le continent). En faisant un tour dans le jardin, on se rend compte qu’il y a plusieurs avocats par terre (ils tombent de l’arbre planté au milieu du terrain), personne ne les ramasse alors on en profite! Après le repas, Anouck va dormir et les filles font un temps calme. Mais cela ne dure pas longtemps, nous partons donc pour visiter la ville à pied. Nous devons d’abord aller payer le parc national (qui représente l’entièreté de l’île !), ensuite on retourne à la plage aux tortues. Il n’y en a qu’une, et elle est difficile à photographier ! Ce qui n’est pas le cas des surfeurs !
Nous allons vers une autre plage, une anse bétonnée, avec un brise vague en rocher. Nous acceptons d’accompagner les filles à l’eau, qui est froide mais pas glaciale. Les Blondinettes sont aux anges ! Nous découvrons nos premiers Moaï, c’est impressionnant !
Nous rentrons en passant par le supermarché, c’est pas donné. Tout est importé, à part le miel. La fatigue se fait sentir, et Anouck commence une migraine. On achète le strict minimum et on rentre. Je cuisine pendant qu’Anouck douche les filles, comme ça on les met au lit rapidement. Anouck les suit, je tente de veiller un peu pour prendre le rythme.
06/05/2023 => Jour 247
Il n’y a qu’une rando possible sur cette île sans guide, et elle part du village. On prépare donc des sandwiches et on y va. Les filles enfilent leur k-way de mauvais cœur, mais à peine partis il commence à pleuvoir. La météo nous avait pourtant dit que la journée serait belle ! Un voisin nous interpelle pour nous dire qu’il va vraiment flotter. Mais nous avons nos vestes, on y va quand même.
Nous traversons toute l’agglomération, et en arrivant près de l’aéroport, nous trouvons une Alliance Française ! La porte est ouverte, on décide d’y faire un tour. La directrice nous accueille, elle est française mais vit ici depuis 10 ans. Elle est mariée à un Rapa Nui et a une fille de 8 ans. On discute un peu puis on la laisse préparer sa classe, elle donne cours ce matin à des enfants.
J’aimerais éviter la route principale pour contourner l’aéroport, sur ma carte il y a l’air d’avoir un sentier le long de l’océan. On s’approche, mais ça ne passe pas. On admire les vagues qui se fracassent sur les falaises, elles sont immenses ! Des chiots nous suivent, ça effraie Zora, mais Léna se fait un copain qui reste avec nous 2 kilomètres, on ne parvient plus à s’en débarrasser !
On remonte à la route principale, on trouve un peu plus loin un autre mirador vers l’océan. Ensuite commence la montée vers le volcan. On quitte la route pour un sentier qui grimpe tranquillement vers le sommet (il n’y a que 250 mètres de dénivelé !). Les filles sont grognons, on sent la fatigue du décalage horaire (elles se sont réveillées à 5h30).
Au sommet, on a une vue sur le cratère Rano Kau d’un kilomètre de diamètre, tout rond. Il y a de l’eau au fond. Nous mangeons là, puis nous redescendons. Les filles ont envie de courir, Anouck les accompagne la plupart du temps, moi juste assez pour qu’elles soient heureuses, mais mon corps ne suit pas !
En bas, nous retournons près du mirador, il y a une grotte avec des peintures rupestres. Léna décide de rester assise à l’entrée du site. Zora nous accompagne dans les escaliers qui descendent la falaise, mais elle est impressionnée par les vagues qui entrent dans la crique, elle s’arrête à mi-chemin. Anouck et moi admirons les vestiges de ces peintures, les vagues s’arrêtent à quelques mètres de nous. En remontant, on retrouve Léna qui finalement voulait nous retrouver. Elle avançait dans la mauvaise direction sur un bord de falaise sans barrière, petite frayeur ! 😱
On avance vers notre logement, les Blondinettes parlent d’aller nager. Vu leur fatigue, on ne pense pas que ce soit une bonne idée. Il est 14h35 lorsqu’on pose les sacs, on leur propose un temps calme. Une heure plus tard, elles insistent pour aller nager. On ne le sent pas, mais comme elles tournent en rond, on se motive.
À peine partis il commence à pleuvoir un peu. Nous n’avons bien sûr pas pris nos vestes ! Arrivés à la plage, Anouck repart à la banque reprendre du cash, je vais à l’eau avec les filles. La pluie reprend de plus belle, les gouttes picotent avec le vent qui souffle fort. Certaines vagues sont hautes, malgré le brise vagues à l’entrée de l’anse. Nous mettons les sacs à l’abri dans une petite grotte, et 5 minutes plus tard on les y rejoint. Je commence le rhabillage, Anouck arrive quelques minutes plus tard pour m’aider. Nous rentrons trempés à la cabaña, douche chaude obligatoire pour tout le monde !
Au moins les filles sont fatiguées, elles s’endorment vite !
Comments (1)
Ah chouette. Ça laisse présager de belles découvertes. C’est quoi ces graines ? Vous en gardez en souvenir pour planter si in jour vous rentrez en Europe ? 🙂