20/11/2022 => Jour 80
Nous allons atteindre le bout du monde ! La fameuse route 3 s’achève dans ce parc Tierra del Fuego, après plus de 3000 kilomètres depuis Buenos Aires (et un passage au Chili). Je m’attends à une fin somptueuse, la route qui se perd dans le canal de Beagle, avec un grand panneau « El fin del Mundo ! ». J’accroche donc la ventouse de la gopro sur Coquillette, et on lance l’enregistrement. On slalome un peu dans la forêt, entre des sommets enneigés.
Mais voilà qu’on arrive sur un gros parking bondé, avec des bus qui déversent des dizaines de touristes. On est dimanche, veille de jour férié en Argentine, on n’allait pas être seuls. À côté de nous, une superbe Bentley, avec des autocollants « Lima-Cap Horn ». Il s’agit d’un rallye de voitures anciennes, nous en croiserons une petite dizaine dans la journée !
Le panneau de fin de route, pas si joli que ça, est assailli par les photographes en herbe, on attend notre tour. Au bout de d’une jetée de 50 mètres, c’est de nouveau le défilé pour les photos du panorama sur la baie Lapataia. Tous les guides des tours organisés pressent le troupeau pour retourner dans le bus, nous partons de notre côté pour une petite promenade à la recherche de castors. Sur le dépliant, ils parlent d’une hutte active. On ne voit rien, si ce n’est un groupe d’ornithologues et de jolis paysages.
On repart vers Coquillette, et on va se garer sur un stationnement hors du parking principal, pour être au calme pour manger. Maman Blondinette nous prépare une ratatouille du bout du monde, Zora est aux anges, contrairement à Léna. De notre emplacement, on peut atteindre le sentier des castors, qui, lui, montre les dégâts causés par l’animal, mais n’a plus de hutte active.
Ils expliquent qu’ils ont fait l’erreur en 1946 d’introduire 25 couples de rongeurs sur la Terre de Feu. L’environnement est parfait pour les castors, et ils n’ont pas de prédateurs naturels ici, donc ils ont proliféré, déformé le paysage et détourné les cours d’eau. C’est maintenant un vrai problème, les autorités sont obligées d’intervenir pour réguler la population.
En arrivant devant un barrage bâti par ces animaux, j’en repère un qui nage au loin, ce sera le seul que l’on verra dans le parc. On rentre par un autre sentier, ça nous fait une jolie balade digestive. On prend le temps de faire la vaisselle avant de repartir, et les gardes-parc s’arrêtent près de nous pour vérifier qu’on ne va pas dormir là. Je les déride lorsqu’ils me demandent si j’ai des animaux familiers et que je réponds « Deux filles, ça compte ? ».
Nous ne traînons donc pas là et rejoignons une zone autorisée pour camper, la seule qui ait du réseau. Les filles commencent à jouer aux lego pendant que les parents se prennent leurs piqûres de Facebook/Insta/Mail/Blog… Je prépare des crêpes que nous dévorons, ensuite c’est l’heure d’aller au lit. La nuit est compliquée, il y a des gens qui klaxonnent et écoutent de la musique à 3h du matin.
21/11/2022 => Jour 81
Nous n’avons pas prévu de pique-nique pour la randonnée d’aujourd’hui, donc Maman Blondinette propose d’être cool au matin et de partir marcher après le repas. On se déplace quand même jusqu’au début du sentier. En chemin, on aperçoit le fameux train de la fin du monde, qui parcourt très peu de kilomètres à un prix très cher, cela ne nous tente pas.
Pendant que Maman Blondinette nous prépare des tartes aux légumes, les filles demandent pour jouer … aux lego ! Ça devient vraiment leur passe-temps préféré. Le vent a forci, et le ciel est tout gris. Nous sommes face à un lac et il y a autant de vagues qu’à la mer. Après le repas, on enfile donc doudounes, coupe-vent, bonnets et on attaque la randonnée.
Ce chemin de 3,5 kilomètres nous amènent jusqu’à la frontière chilienne, dans les bois, en longeant le lac. C’est impressionnant, il y a des arbres renversés partout, et quand il y a une rafale de vent, ça grince tout autour de nous. Le sentier n’est pas très compliqué, sans dénivelé, mais il n’est pas très varié. Les points de vue sur les montagnes de l’autre côté du lac sont un peu gâchés par la météo.
Mais les Blondinettes ne râlent pas, elles sont à fond sur les préparatifs de leurs anniversaires (8 décembre et 24 janvier, ça approche), les cadeaux à commander, le menu, la tenue. Elles sont intarissables ! On imagine aussi à quoi va ressembler la frontière, barbelés, poste de garde, licorne ? Et bien, c’est juste un panneau, même plus fixé sur son poteau. Il est mis « Ne pas passer », on fait les rebelles à mettre le pied au Chili. On se dit que chaque soir, un Argentin vient déplacer le panneau de quelques centimètres pour agrandir son pays.
Sur le retour, Léna veut faire des discussions avec moi car le temps passe plus vite, mais elle ne sait pas sur quel thème. Je lance une idée, une présentation de notre voyage à Saint-Pierre d’Allevard à notre retour, elles sont parties, elles savent déjà où ce sera, qui il y aura et ce qu’elles vont dire ! À la fin de la balade, nous rencontrons 4 retraités lyonnais, ils nous reconnaissent grâce aux autocollants de Coquillette et nous abordent. On raconte un peu nos projets respectifs, ils ne feront que le sud de l’Argentine et du Chili, mais on pourrait les recroiser dans les prochains grands parcs nationaux.
On redémarre Coquillette, cette fois-ci pour quitter ce très beau parc Tierra del Fuego, on s’installe pas très loin de la sortie, dans une zone de camping non surveillée, on peut se reposer de nos efforts piétons en dégustant de super lasagnes, merci Maman Blondinette !
22/11/2022 => Jour 82
Après ces 3 jours en autonomie complète, c’est journée logistique. On commence par vider les eaux usagées, ensuite on va déposer notre linge sale en blanchisserie, ils peuvent nous le faire pour 18h, génial ! On essaie de trouver une place en centre-ville, mais il y a un monde fou, et avec notre camion, on a besoin d’espace. Au bout d’un aller-retour du bord de mer, on finit par dénicher un espace dans un parking, ouf.
On va se promener dans Ushuaïa. Cette ville est vraiment particulière : elle doit faire 15 km de long sur 2 de large. Et cette largeur est à flanc de colline en partant de la mer. Il y a donc 3 routes principales: en bord de mer, au milieu et au sommet de la ville. Et toutes les rues transverses sont ultra pentues, nous ne sommes pas toujours à l’aise.
Sur le bord du port, il y a un panneau « Ushuaïa, fin del mundo ». C’est le spot touristique où tout le monde fait sa photo souvenir. Autour de cela, il y a plein de cabanes qui vendent des excursions sur le canal de Beagle, j’avais imaginé en faire une avant le voyage. Mais au bout de deux mois durant lesquels on a vu tellement d’animaux marins, durant ces 3 derniers jours où on a eu plein de paysages incroyables sur le canal, cette sortie en bateau ne me semble plus si pertinente.
Nous passons à l’office du tourisme, il y a les fameux tampons que les gens impriment dans leur passeport. On a lu que certaines douanes n’aimaient pas ça, on ne prend pas le risque, on les fait sur du papier libre en souvenir. Anouck va poser une question à une employée, celle-ci offre un diplôme aux filles « Est venue à Ushuaïa » , elles sont super contentes, il ne faut pas grand chose…
Nous mangeons au restaurant ce midi, puis on fait les courses, je trouve enfin du café en grain pour le moudre moi-même. En passant en caisse, je trouve la note un peu salée, mais je me dis que c’est parce que c’est Ushuaïa. En inspectant le ticket de caisse, c’est uniquement le café, il vaut la moitié de ma note, 24€ le kilo ! 😮
On décide de faire plaisir aux filles, je les emmène au cinéma pendant qu’Anouck reste au camping-car. Nous allons voir « Lilo el Cocodrilo » , il ne faut pas être très fort en espagnol pour comprendre ! C’est un chouette moment, je prends même du pop-corn aux filles, Léna est aux anges ! Nous avons la salle pour nous, elles peuvent poser leurs questions à voix haute durant le film, je ne suis pas gêné !
Il pleut à la fin de la séance, ça va nettoyer un peu Coquillette, chouette ! Nous allons faire le plein d’essence et d’eau, ensuite on reprend notre linge et on monte en station. Il y a un glacier accessible sur les hauteurs de la ville, nous ferons la balade pour le voir demain, on gagne du temps en dormant déjà là-haut !
23/11/2022 => Jour 83
On avait prévu d’être les premiers à monter vers le glacier, mais la nuit a été compliquée. Léna a eu un accident, et Anouck a été malade toute la nuit. Lorsqu’on est prêts à partir, il y a déjà une ronde de taxis qui viennent déposer des randonneurs.
Suivant les conseils trouvés sur internet, on emprunte un chemin dans les bois plutôt que la large piste de ski. On longe un petit torrent, c’est mignon mais ça grimpe ! Au sommet, il y a un plateau entouré de montagnes enneigées. Et il commence à neiger ! Bon, d’accord, de minuscules flocons de neige fondante, mais quand même ! Pour nous qui n’auront pas d’hiver cette année, ça fait plaisir ! On met les pieds dans un tas de neige, un reste de l’hiver qui se termine ici.
Il y a de grosses rafales de vent, plus on avance, et plus les Blondinettes ont froid, elles veulent faire demi-tour. Maman Blondinette me laisse donc faire seul l’ascension vers la fin du chemin. C’est du pierrier bien pentu, finalement, c’est pas plus mal que les filles ne soient pas là. Ça me fait du bien, je monte à un bon rythme, je sens l’effort cardio. Je ne fais pas de pause, deux-trois photos et j’entame la redescente, 1h30 pour monter, 35 minutes pour descendre, j’arrive quelques minutes après les filles au camping-car.
On mange notre salade de riz, que nous devions déguster au sommet. Anouck a repéré pour le dessert un salon de thé, mais il est complet quand on y va, alors on entre dans un refuge, c’est plus un hôtel de station qu’un vrai refuge alpin. Comme chez nous, tout l’intérieur est en bois, un bon poêle chauffe la pièce.
On commande des cacaos chauds et des pâtisseries maison. Enfin, les filles préfèrent manger croissants, mais Anouck prend une tarte énorme au coing, et moi un cake à l’orange, je reçois deux belles tranches surmontées d’un peu de crème au chocolat, que les Blondinettes me piquent pour mettre dans leur croissant. Il y a en plus le wifi, on reste là une heure et Maman Blondinette est toute triste de quitter ce lieu confortable et chauffé.
Les filles veulent qu’on leur accorde des heures de lego. Anouck et moi nous plongeons donc dans nos lectures respectives, avec une petite pause sieste pour Anouck, afin de récupérer de la nuit précédente. Vers 16h, on demande aux filles de tenir leurs jouets, nous descendons vers le camping de la première nuit à Ushuaia, abrité du vent et avec réseau.
Une fois connectés, on vérifie la météo et on change nos plans : nous devions faire piscine demain et rando vendredi, mais il risque de faire meilleur demain pour marcher, la piscine attendra. Les filles continuent de jouer jusqu’au repas, c’est agréable ces longues périodes où elles nous laissent libres de faire ce que l’on veut.