13/06/2023 => Jour 285
La nuit a été glaciale. J’allume le radiateur ce matin, il a l’air de mieux fonctionner, chouette. Comme on dort en rue, on ne peut pas ouvrir trop les stores, et le soleil tarde à se montrer. On aperçoit quelques mini-flocons, incroyable, il neige. Durant la matinée, plusieurs manifestations passent dans la rue, à grand renfort de grosse caisse et flûte de pan. Les premières revendiquent quelque chose, on ne trouve pas quoi. La dernière est une procession religieuse, mais la musique est la même !
Nous sortons vers midi admirer l’église. À midi pile, un rideau de fer s’ouvre et laisse apparaître une statue de saint. Il bouge légèrement la tête et les bras, puis le rideau se ferme. C’est l’attraction du village, nous sommes nombreux sur la place. Nous rentrons manger, ensuite nous allons faire le plein d’eau au robinet à côté de notre spot d’hier. Ah ben non, il est gelé. Zut, on aurait dû faire le plein hier, mais j’étais pressé de suivre le conseil du policier. Nous partons de mauvaise humeur vers le nord.
Humahuaca Tres Cruces
1h20
57 kms
Nous nous arrêtons pour une petite rando vers la grotte de l’Inca. C’est un peu l’aventure, on ne connaît que le point de départ et la distance. Le balisage est bien fait au début, ensuite on suit les traces de pas dans le lit d’une rivière. Au bout d’un moment, on trouve un panneau qui indique qu’on est arrivé mais qu’on doit attendre le guide.
Heureusement, il est là, il parle avec un touriste brésilien. Il nous fait payer (heureusement Maman Blondinette a son porte-monnaie), puis nous montre des peintures rupestres datant de 1000BC à 1500AD, moment où la colonisation des Espagnols a aussi amené la religion chrétienne. Cet endroit était un lieu de cérémonie, abandonné après l’Évangélisation. Dans les 30 dernières années, des actes de vandalisme ont été commis, le guide nous montre donc quelles sont les vraies peintures d’époque, et lesquelles sont récentes.
Après, il nous indique la possibilité de marcher un peu plus loin, ça rajoute une demi-heure. Léna et Anouck ont froid et veulent rentrer, Zora est motivée pour m’accompagner. Nous grimpons sur une paroi pour admirer encore un amphithéâtre. Zora m’y fait chanter, elle fait la sotte devant la caméra. Ensuite nous traversons un canyon étroit, il faut faire un peu d’escalade, ma championne s’en sort super bien. Nous arrivons à la fenêtre dans le mur de roche, que l’on apercevait d’en bas. Le temps de prendre quelques photos, et nous entamons le trajet retour.
Nous sommes à plus de 3600 mètres, mais Zora a la forme, elle parle pendant toute la descente. Nous retrouvons Anouck et Léna dans Coquillette, en train de siroter un thé au miel pour se réchauffer. Le village suivant n’est pas très loin, on va y passer la nuit. Réflexe patagon, je me gare face au vent, sans regarder l’orientation du soleil. Cette nuit, tout le monde enfile les couches, ils annoncent de -8°C à -12°C suivant les sites météo.
14/06/2023 => Jour 286
Mama mia, on se gèle. J’allume le radiateur directement, le thermomètre indique -2°C à l’intérieur. Dans la salle de bain, qui est plus froide que le reste, un stalactite tombe du robinet. J’avais préparé, sur une intuition de Maman Blondinette, la bouilloire pour ce matin. L’objectif est de ne pas utiliser la pompe à eau tout de suite, au cas où elle serait gelée. Ben c’est la bouilloire qui est gelée !
Le chauffage nous permet de revenir à 14°C, le soleil levant nous aide à nous réchauffer. Vers 11h20, on se décide à sortir du camping-car, si on reste sous les rayons du soleil, il ne fait pas trop froid. On marche vers des montagnes particulières, appelées les Géants endormis. C’est très joli, mais on est à contre jour, on rentre rapidement.
La cuve principale est vide, la secondaire est gelée, on ne peut pas cuisiner ici. Je tente d’allumer le moteur. La batterie tient le coup, mais le moteur toussote. Il faut plusieurs essais avant qu’il démarre. Note pour moi-même, ici, ce qui compte c’est le soleil, pas le vent. Il faut toujours se garer face à l’Est, pour que les premiers rayons réchauffe le moteur.
Nous roulons jusqu’au premier village. On croise une manifestation à l’entrée, contre une réforme constitutionnelle et des revendications salariales des enseignant·e·s. Nous nous garons les cuves au soleil. Nous sommes à côté du poste de police, ils acceptent que je remplisse mon jerrican chez eux, on va pouvoir cuisiner ! Le temps de préparer la nourriture, la manger, faire la vaisselle, il est déjà 15h. Je vais faire un tour pour acheter du pain et écouler notre petite monnaie.
Nous repartons à la recherche d’eau pour la grande cuve (140L), je n’ose pas demander aux policiers. Dans le bled suivant, il y a deux robinets cassés, pas de chance. Nous arrivons à la ville de la frontière, que nous franchirons demain. Je peux prendre de l’eau à la pompe à essence, chouette. Anouck a repéré une lagune isolée pour cette nuit, on y arrive malgré un ripio un peu désagréable.
Dernier soir en Argentine, Anouck sort le grand jeu: chips, fromage, chipas, jus de pomme et vin, et bien sûr soupe. Je bricole des barrières thermiques sur les lanterneaux avec des pare-soleil, normalement il va faire moins froid cette nuit. Et je suis garé vers l’Est !
15/06/2023 => Jour 287
Il fait moins froid qu’hier, mais c’est quand même -1°C. J’allume le radiateur, et on reste tous sous les couettes en attendant que ça chauffe. Avant de quitter ce spot, on va quand même se promener vers la lagune (asséchée), il y a des vigognes un peu partout. On découvre des pétroglyphes, sans guide ce n’est pas facile de distinguer les anciennes des récentes.
Le moteur toussote à l’allumage, mais ça démarre quand même. On retourne vers La Quiaca, la ville de la frontière. Avant de traverser, il faut faire le plein de diesel. Avec une bouteille d’antigel pour le réservoir, voilà nos derniers pesos argentins dépensés.
Nous allons ensuite à la poste, nous avons deux cartes avec nos derniers timbres. Sauf que le postier me dit qu’avec l’inflation, ce n’est plus 760 pesos mais 1440 ! Je dois rajouter des timbres, et je n’ai plus de pesos. Ils ne prennent pas la VISA bien entendu.
Je reviens à Coquillette, Anouck me propose de payer en pesos chiliens ou en euro. Le postier refuse, mais me conseille d’aller deux rues plus loin faire le change. Il n’y a pas de bureau de change ici, mais en insistant un pharmacien accepte de prendre mes pièces de 2€ et 1 billet chilien contre l’argent argentin qu’il me manque. C’est bien beau, mais je les colle où les 5 timbres en plus ? Le postier me dit de les superposer, tant qu’on voit le prix c’est bon ! (NB: Quentin et Damien quand vous recevrez les cartes faites-nous signe : ça fait 3 mois qu’elles sont parties! 😅)
Cette petite aventure ayant pris du temps, Maman Blondinette en a profité pour préparer des empanadas. On se régale, et on décolle pour le passage de frontière à 14h30. Les formalités se passent rapidement. La fouille est plus sérieuse que d’habitude, le garde tape sur les parois pour voir s’il y a des caches, ouvre tous les placards, mais nous laisse passer. Un grosse heure et nous sommes en Bolivie.
Le dépaysement est immédiat : les rues, les feux, mais surtout les tenues des gens ! Nous trouvons une place pas trop loin d’un distributeur, nous découvrons nos premiers billets boliviens. On va ensuite à la laverie pour nos vêtements, chercher une carte sim pour avoir internet, et finalement nous découvrons notre premier marché bolivien.
Notre voyage tourne une page, fini les supermarchés, tout s’achète en vrac dans des étales qui font penser aux souks. Les prix sont super bas, nous achetons par exemple 6 bananes pour 40 centimes d’euro. Notre linge ne sera prêt que demain après-midi, nous dormons donc en ville, près d’une plaine de jeux.
16/06/2023 => Jour 288
Nous avons changé d’heure en passant en Bolivie. Mais les Blondinettes, non, réveil à 6h du matin. Il fait encore bien froid, on se réchauffe doucement. Notre linge sera prêt à 15h, que va-t-on faire aujourd’hui ? Legooooooooo ! Ok…
On se rapproche quand même de la place centrale en fin de matinée, je vais faire des photocopies des passeports et de mon permis de conduire, sur ma todo-liste depuis 10 mois. Anouck va explorer les stands de nourriture dans la rue, elle revient avec des empanadas, bien épicés, et des espèces de boules de purée fourrées avec un œuf cuit dur, de la viande hachée et passées à la friture.
Après le repas, je vais me balader seul, cette ville est réputée pour avoir de l’électronique pas chère. Je trouve deux tablettes pour enfant, depuis le temps que j’en cherchais ! Je parviens à rentrer à Coquillette sans que les filles ne voient mes achats. Ce sera une surprise pour plus tard. Le linge a une heure de retard, les filles sont heureuses de prolonger l’activité Lego.
Nous partons après le goûter pour Tupiza. Nous avons droit à une halte péage (au prix camion, ouch ! ), la douane qui vérifie notre TIP, et la gendarmerie mon permis. La route est très belle, surprenante. Beaucoup de descentes qui font chauffer les pneus, des champs à l’ancienne, avec des bottes de foin, des massifs montagneux très variés. L’altiplano, c’est loin d’être plat !
En arrivant à Tupiza, on s’engage dans des petits chemins de ripio pour atteindre un début de balade. On avait pensé la faire à cheval, mais nous avons atteint le plafond hebdomadaire de nos cartes. Ici, tout se paie en liquide, dont la grosse excursion dans le sud lipez que nous faisons lundi.
On hésite un peu sur la route, rien n’est fléché, et la piste de fin gravier nous inquiète. Nous n’avons pas envie de nous encaillouter ! On fait confiance au GPS, et finalement tout va bien. Nous arrivons sur un petit parking au milieu de nul part, avec un pickup qui ne reste pas longtemps. Une nuit au calme, ça va faire du bien !
17/06/2023 => Jour 289
Nous avons dormi à la porte du diable. La Puerta del Diablo, c’est deux immenses plaques rocheuses, isolées, avec une ouverture entre les deux. Nous nous y promenons ce matin. Ensuite nous avançons dans un canyon, en suivant les traces de chevaux. L’érosion forme de drôle de sculptures dans la roche, le paysage est splendide. Les parois se rapprochent jusqu’à former un passage étroit et avec des rochers à escalader.
Ça devient vite trop compliqué pour les filles, Anouck et son gros sac à dos, et moi qui transporte le drone. Je le fais voler un peu pour voir ce qu’il y a derrière, le canyon se prolonge avec une rivière de glace, je me demande ce que ce doit être à la saison des pluies. Sur le trajet retour, on croise les excursions à cheval.
On mange le midi à Coquillette, puis nous allons vers Tupiza pour y trouver le camping. Camping, c’est un bien grand mot. Mario a une grande maison pour un Bolivien, et de quoi garer 5-6 camping-cars. C’est le seul endroit sûr pour y laisser Coquillette le temps de notre tour dans le Sud Lipez. Il y a un bloc sanitaire, très très sommaire, une seule douche un peu foireuse mais avec de l’eau chaude. Pas d’électricité, un peu de Wifi, c’est tout.
Mario parle français et est très relax, pas de paperasse avec lui. On s’installe, il y a le frère jumeau de Coquillette à côté de nous, des français qui attendent une pièce mécanique livrée de France. Ils ne sont pas là, ils font Sucre en sac à dos pour passer le temps.
Nous offrons les tablettes aux filles, elles sont folles de joie ! On les laisse découvrir leur appareil pendant une grosse heure, elles nous remercient mille fois (au moins !). Elles vont en parler non stop pendant 2 jours!
Nous marchons vers le centre-ville, à 10 minutes à pied. C’est samedi, jour de marché. On est fascinés par ces étals qui vendent de tout en vrac, dans la rue, dans les hangars qui servent de marché officiel, le tout à des prix heu… sans inflation dirons-nous ! Nous prenons un goûter pour 1,70€ les 4 portions.
Nous avons rendez-vous avec Erika, à qui nous devons payer notre excursion, et elle doit nous donner des détails. Mais elle n’a pas l’air d’être bien coordonnée avec Janet, notre contact avec qui on converse depuis deux semaines. Elle s’adapte au fur et à mesure qu’on lui dit ce qu’on veut. Pas de salar, ok. Guide francophone, ok. Tour en 4 jours en dormant dans tel village, ok.
Elle est étonnée qu’on veuille un guide francophone (plus cher) vu notre niveau en espagnol. On lui explique que c’est plus sympa pour les filles. Après avoir payé, nous allons dans une plaine de jeux, ensuite les Blondinettes veulent essayer un trampoline, nous les laissons se défouler. Nous rentrons manger des crêpes, la nuit s’annonce moins froide et calme.