18/06/2023 => Jour 290
C’est la fête des pères en France 🥳 ! Donc lorsque les filles sont réveillées, j’allume le chauffage et retourne me coucher. Anouck se surpasse pour me rendre heureux, elle me cuisine un cake à la banane au saut du lit, ensuite prépare le petit déj’.
Les Blondinettes m’ont fait des dessins, et appris une comptine qu’elles me récitent avant que je me lève. Elles se marrent toutes les trois, elles m’offrent des caleçons neufs pour remplacer ceux qui vieillissent. Elles ont modifié la chanson qui disait « voici des fleurs pour couronner ta tête« , ça devient « voici des slips pour couronner tes fesses » . Les filles me la chantent 5 fois au moins en rigolant.
Après une matinée calme, nous allons dans un restaurant bolivien. Il a de très bonnes notes sur Google. La patronne, Gladys, nous accueille chaleureusement, et nous propose son plat du jour. Côtelette, riz au fromage, frites, et crudités. Zora demande pour un jus, Gladys l’emmène par la main dans le magasin voisin pour choisir le parfum qui lui plaît. Nous sommes agréablement surpris que Zora se laisse faire ! Nous prenons un vin blanc bolivien, pas mauvais du tout ! La nourriture aussi est très bonne, c’est plus de la nourriture de grand-mère que de la haute gastronomie, mais on se régale, et les portions sont généreuses !
Au retour, on cherche un peu où trouver des légumes, on a vu beaucoup de fruits sur le marché hier, et dans la rue aujourd’hui, mais pas de légumes. On finit par trouver un hangar, un peu désert ce dimanche, mais Anouck trouve quand même quelques oignons pour me faire un crumble surprise le soir. En faisant le tour des étals, une grand-mère en vêtements traditionnels fait des éloges aux filles qui sourient. Elles commencent à être habituées aux « Que lindas ! Que hermosas ! Que preciosas ! » . Mais c’est la première fois qu’une commerçante leur offre deux oranges. Léna ne sait pas quoi répondre, elle n’aime pas ça. Je lui dis de les prendre pour Anouck et remercie la grand-mère.
De retour à Coquillette, on laisse les filles apprivoiser les tablettes en profitant de ce temps calme. Après le goûter, on commence à préparer l’excursion de demain, à commencer par la douche. Il faut des sacs pour le matériel de nuit (on dort à -10°C en moyenne), qui iront sur le toit de la jeep. Et il faut les sacs pour la journée, avec les vêtements chauds / froids, l’électronique, les jeux, l’eau… C’est un vrai bazar, avec les Blondinettes qui veulent qu’on fasse des jeux de société au milieu, et Anouck qui veut me préparer un bon repas dans un espace réduit. Le crumble est une réussite, le cake à la banane aussi, j’ai de la chance 🥰 !
19/06/2023 => Jour 291
L’excitation est à son comble. Nous nous réveillons tôt et nous préparons rapidement. Un peu après 7h30, une jeep 4×4 arrive sur notre parking. Nous rencontrons Janet, notre guide qui parle français, et Richard, notre chauffeur. Celui-ci charge rapidement nos gros sacs sur le toit. Il y en a 3, un pour les vêtements, un pour les duvets et un pour les couvertures, et oui, on sait qu’il va faire froid.
Dans la voiture, il y a 5 places à l’arrière. Les Blondinettes se glissent dans le fond, ça nous arrange. On entend mieux la guide, et Anouck a accès à une fenêtre qui s’ouvre pour prendre des photos. Sur le toit, il y a aussi 4 bidons d’essence, il n’y a pas de pompe là où on va. Le premier arrêt est en ville, Richard va acheter le repas de midi, et Janet une petite surprise.
Ensuite on quitte la ville, et nous entamons la piste. Dès le début, on réalise que faire ce trajet avec Coquillette aurait été une folie. En très peu de temps, on monte de 1200 mètres pour arriver au dessus de 4000 mètres, on ne redescendra pas en dessous avant la fin de l’excursion. La piste est cabossée, et est très étroite, on ne pourrait pas croiser.
Nous faisons une courte halte près d’un mirador, sur les roches du Sillar. Ces formations rocheuses sont atypiques et dénotent dans le paysage. On découvre le mode de fonctionnement des pauses, nous descendons avec Janet prendre des photos et se dégourdir les jambes, et Richard va se garer un peu plus loin.
Anouck et moi guettons les animaux sauvages. J’aperçois un animal sur la route, je demande à Richard de s’arrêter. C’est un chat des Andes, un chat sauvage. Janet est bluffée, c’est la deuxième fois en 11 ans qu’elle en voit un, et Richard la première. Ils n’arrêtent pas de dire qu’on est des chanceux. Le temps qu’il s’arrête et ouvre la fenêtre, l’animal est déjà loin.
La route continue à sinuer dans les montagnes, ça monte et ça descend. On arrive dans un premier village, 5 maisons, isolées de tout. On remonte sur une colline, il y a de temps en temps des gens seuls sur le bord de la route. Janet nous explique qu’ils attendent le bus. Effectivement, on croise un peu plus loin le car, qui se gare en bord de précipice pour qu’on puisse passer, c’est un peu effrayant.
Richard s’arrête un peu plus tard, au milieu d’un champ de lamas. Avant de sortir, Janet nous offre sa surprise: des tamales. Nous en avions goûtés en Argentine, mais ce n’était pas le plat favori des filles et d’Anouck. Cette fois-ci, Anouck les trouve meilleur, moi j’aime bien aussi. Ceux-ci sont à la viande de lama, on reste dans le thème. Nous essayons ensuite d’approcher le troupeau pour prendre des photos, mais c’est plus peureux qu’un mouton ou une chèvre.
Nous prenons notre repas de midi dans un canyon trop étrange, on dirait que les roches ont coulé comme sorties d’un sablier. La nourriture est excellente, des escalopes milanaises. On dirait qu’ils ont mis de la peau grillée de poulet dans la panure, on adore ! On franchit notre premier gué (petite pensée pour Coquillette), les bords de la rivière sont gelés. Nous atteignons le village suivant, capitale du département : San Pablo de Lipez. Ça paraît minuscule ! La visite sera pour demain, on avance vers notre logement du soir : Guadalupe.
La route s’enfonce dans un canyon, on franchit plusieurs fois un ruisseau gelé. Richard est très prudent, il passe au ralenti, vérifie que la glace n’abîme pas ses pneus. Lorsque nous arrivons au bled, c’est un peu l’anarchie. Janet et Richard cherche l’endroit où on va dormir, mais le premier lieu n’a pas de place pour nous, donc ils en trouvent un autre.
Ensuite il faut un guide local pour aller visiter la dernière étape du jour, mais celui-ci n’a pas les clés, et un groupe y est déjà avec le second trousseau. Nous croisons donc les doigts en partant, de ne pas tomber sur un portail fermé. Heureusement, le deuxième groupe n’a pas fermé en entrant.
La piste que nous empruntons est de loin la pire que nous ayons vue depuis le début du voyage. Des dénivelés importants, des nids de poule, des roches, sur la crête des collines avec du vide de chaque côté 😱. Richard n’est pas tête brûlée heureusement. Il prend la piste au ralenti, actionne les modes « frein moteur » sur son 4×4, nous sommes en confiance.
Nous arrivons à la cité de Rome. C’est un nom trouvé par un Suisse il y a 15 ans, adopté par le village (ça fait vendeur 🤑). Ce sont des formations rocheuses qui rappellent des cathédrales gothiques. Le site est immense, il y a beaucoup à admirer. On marche une vingtaine de minutes pour accéder à plusieurs points de vue, survolés par des condors. Pour le retour, les Blondinettes me demandent de chanter, ça amuse le guide local, il trouve que nos filles marchent bien. C’est gentil, mais il n’y a pas de difficulté dans sa promenade.
Par contre, pour Richard, le retour est compliqué. La piste n’est pas meilleure dans l’autre sens, et le soleil se couche, c’est difficile d’évaluer la trace. On arrive quand même à bon port, merci chauffeur ! Nous n’avons pas de chambre à 4, je vais dormir avec Léna, Zora et Anouck prendrons l’autre chambre. La salle à manger est dans un autre bâtiment, on nous sert d’abord des boissons chaudes avec des biscuits. Un peu plus tard vient la soupe, et ensuite de la purée accompagnée d’une sauce bolognaise.
Janet vient nous expliquer le programme de demain, Richard et elle ne mangent pas avec nous. Les chambres sont spartiates, 2 lits, 4 murs, une porte qui laisse passer l’air, une fenêtre et une chaise. On se met vite au chaud : double couche d’habits, sac à viande, sac de couchage, couverture perso plus 2 couvertures du gîte.
20/06/2023 => Jour 292
La nuit a été froide, et le vent s’est levé, ce qui a fait claquer une porte métallique à plusieurs reprises. Ça ne dérange que moi, heureusement, la nuit est bonne pour les autres. Anouck doit même réveiller Zora à 7h30. Le petit déj’ est plutôt bien fourni, on commence la journée le ventre plein. On fait une petite promenade digestive près du « palais brûlé », une formation rocheuse qui ressemble à un château.
La première étape, San Pablo de Lipez. Les ruisseaux traversés hier sont de nouveau gelés, Richard casse la glace. Le village est minuscule, des lamas s’y promènent en liberté. On n’y voit personne. Dans le village suivant, on parcourt à pied la route principale. On y voit une dame sur la place qui vend des fruits et légumes. Elle tombe en admiration devant les Blondinettes, et nous demande de pouvoir faire une photo avec nous. La séance photo la rend toute heureuse.
La route reprend, vers une mine en activité. On explore seulement les premiers mètres, les filles ont un peu peur donc on ressort. Nous voyons les mineurs entrer travailler. On mange juste à côté, à l’abri d’un ancien bâtiment. On apprend comment fonctionne les repas. Janet et Richard apportent les provisions à nos hôtes, qui nous cuisinent le repas du soir, le petit déj’, et nous préparent le repas de midi. Richard le garde au chaud pour que ce soit meilleur. Ce midi c’est steak, spaghettis et une sauce tomates/oignons.
Nous nous engageons ensuite sur une piste vraiment compliquée, avec un passage de gué, une montée raide et cabossée, et un éboulement qui oblige Richard à faire une longue marche arrière pour faire demi-tour. On arrive au dessus d’un village fantôme. Nous descendons le village à pied pendant que Richard suit la piste et nous rejoint en bas.
C’est soi-disant désert, mais nous croisons une importante population… de viscaches ! Janet les appelle les pikachu. Les murs en ruine sont un grand terrain de jeu pour elles. On en voit partout, mais c’est dur de les prendre en photo. Léna a en effet décidé de courir devant, elle leur fait peur avant qu’on fasse la mise au point. On ne reste pas très longtemps, la route est longue jusqu’à ce soir.
Nous faisons halte dans un mirador venté, on peut voir qu’on est à plus de 4800 mètres d’altitude ! On redescend dans une vallée, Anouck et moi repérons des oiseaux. Janet essaye de banaliser, mais elle se rend vite compte que ce sont des condors, et qu’il y en a une dizaine ! Nos accompagnants n’en reviennent pas. Il doit y avoir un cadavre pas loin, les oiseaux restent au même endroit.
Après une jolie lagune, nous pénétrons dans la réserve nationale « Eduardo Avaroa » . Nous payons notre entrée, et nous entrons dans le village de Quetera Chico. C’est là qu’on dort, on a une chambre 4 lits cette fois, juste à côté de la salle à manger. Il est encore tôt, on nous sert nos boissons chaudes vers 17h30.
Un petit garçon de 2-3 ans joue à cache-cache avec nous. Je rentre dans son jeu pour briser la glace, ensuite les filles s’y mettent aussi. Elles courent avec lui dans le couloir, elles se défoulent de la longue journée de voiture. Quand l’excitation nous semble un peu trop élevée, Anouck sort les trousses et des feuilles blanches, la session dessin permet de revenir au calme.
Des groupes arrivent après nous, principalement des francophones. On sympathise un peu, Anouck prend un coup de vieux lorsque ces vingtenaires disent que c’est chouette de nous voir, que même plus âgé on peut voyager. Les Blondinettes parlent avec Maëlle qui est belge, elle se reconnaît dans Léna. Conclusion, après le repas, Léna va lui proposer de jouer au jeu des 7 familles de Belgique.
On se couche tôt, de toute façon il n’y a rien à faire. L’électricité est rationnée de 18h à 23h, et il y a un tout petit peu de signal, on peut lire nos messages ! Nous avions peur que les 3 tables de jeunes fassent du bruit à côté de notre chambre, mais eux aussi doivent se lever tôt, à 21h tout est calme.