18/10/2023 => Jour 412
Le débit de l’eau pour remplir notre cuve est aussi pourri que celui du WIFI pour qu’Anouck fasse ses publications Insta, on ne traîne pas dans ce camping.
Anouck m’a prévenu qu’on allait avoir une portion de route difficile. Il y a eu un glissement de terrain en janvier, et les travaux sont toujours en cours pour reconstruire la chaussée. C’est circulation alternée, avec attente indéterminée. Des marchands ambulants passent le long de la file de voitures, nous faisons notre marché. 4 arepas au fromage (qui s’avèrent être 1 arepa et 3 empanadas à la viande), et des fruits inconnus au bataillon (Anouck découvrira que ce sont des mangoustans).
Une petite demi-heure plus tard, on redémarre. Nous sommes vite bloqués, la route à prendre consiste en une petite descente et une montée extrême, on a l’impression qu’ils ne font passer que quelques camions à la fois pour ne pas saturer la montée. Quand vient notre tour, on réalise que ce sont les camions qui se sont auto-régulés, là on est un gros paquet à monter, beaucoup de voitures et quelques camions. Conclusion, ça génère un bouchon dès que le camion de tête commence à rouler à moins de 10Km/h.
Je voulais éviter de m’arrêter, mais à cette vitesse-là, je vais caler. Je deviens un pro du démarrage en côte, je parviens (difficilement quand même) à repartir, et à atteindre le sommet. Nous nous arrêtons au premier village pour manger et laisser Coquillette refroidir.
Nous n’avons pas eu assez d’émotions pour aujourd’hui, on écoute le GPS qui nous fait traverser la ville de Popayan au lieu de prendre le contournement. Il y a des centaines de motos, j’appréhende d’en toucher une à chaque mouvement. Il y a aussi des travaux, on prend 20 minutes de bouchons.
On arrive à un centre commercial, je vais faire les courses avec Léna. Maman Blondinette et Zora seront jalouses : c’est agréable l’air conditionné des centres commerciaux quand il fait 35°C dans le camping-car. Ensuite nous allons remplir la bonbonne de gaz, pour la dernière fois du voyage normalement. C’est la première fois que ça se passe aussi bien, pas besoin d’adaptateur, remplissage en 3 minutes, vendeur super sympa. On repart contents pour la dernière portion de route.
Nous arrivons chez Kika et Anouar, un spot célèbre pour les voyageurs francophones. C’est un couple de marocains ayant voyagé 3 ans en camping-car en Amérique du Sud avant de s’installer en Colombie. Kika a créé un groupe Whatsapp d’entraide, où toutes les familles francophones voyageant sur le continent échangent les bons plans.
Nous sommes accueillis comme des amis, Anouar nous fait visiter, leur propriété est superbe. Nous sommes seuls pour le moment, les autres familles passent ici à d’autres époques de l’année. L’eau potable, l’électricité 220V, les douches chaudes, la possibilité de faire des lessives, c’est vraiment tout confort ! Nous allons nous y reposer quelques jours, nous en avons besoin.
19/10/2023 => Jour 413
J’ai parlé de nous reposer, mais la journée est quand même productive. Lessive, douches, repas, ménage, articles de blog ou publication Insta, on est satisfait du travail abattu. Les filles se sont occupées, lego, barbies, dessins, tablette. En fin de journée, nous rencontrons Kika, elle rentre de voyage. Elle passe dire bonjour à chacun avant d’aller se reposer.
20/10/2023 => Jour 414
Notre pompe à eau fuit depuis quelques temps. J’avais mis du silicone il y a deux mois, mais ça ne fait plus effet. C’est même de pire en pire, on doit mettre un bol sous le tuyau pour éviter l’inondation. Ce matin, je démonte le raccord fautif. En retirant le silicone, la pièce tombe en deux morceaux. Ah ben ça peut bien couler !
Je demande conseil à Anouar, il m’explique où trouver des quincailleries. Je laisse donc Maman Blondinette faire l’école aux filles, et je vais sur la route face à la propriété. Dans les 5 minutes, un taxi s’arrête. Il y a déjà deux passagers, je monte, et un peu loin une femme complète la voiture. On descend tous au village, 6Km plus bas.
Je fais plusieurs enseignes, et finalement un gars a la pièce qu’il me faut. Elle semble un peu plus costaude, mais il me montre que le filetage est le bon. Je galère un peu à rentrer, beaucoup de motos me proposent de me ramener, mais je n’ai pas confiance. Au bout d’une demi-heure, un bus passe et m’emmène à bon port.
Je remonte la pièce, ça a l’air de faire le travail. La suite de la journée est cool, les filles s’occupent sur leur tablette, Anouck et moi bouquinons, discutons avec Kika, travaillons sur nos ordis. Kika et Anouar ont un berger allemand, Bidoucha. Malgré la crainte des filles au début, elles jouent beaucoup avec, ce chien est adorable.
21/10/2023 => Jour 415
Après une matinée tranquille, nous rejoignons la terrasse d’Anouar. Nous lui avons commandé un couscous marocain. Kika et lui nous ont préparé une belle table, et nous sommes servis dans un joli plat à tajine. Le repas est excellent, les légumes sont fondants, l’agneau se détache tout seul. C’est un grand plaisir aussi de remanger de la semoule, nous n’en avons plus trouvé depuis le Chili ! Après un si bon repas, c’est après-midi repos, que c’est agréable de rester posés !
22/10/2023 => Jour 416
Pendant que je bricole, Anouck va se renseigner près de Kika sur les activités à faire dans Sylvia, le village voisin. Kika lui dresse un plan, puis lui propose de prendre leur voiture, pour ne pas attendre un bus sous l’éventuelle pluie. Je range vite mes affaires, et je prends le volant.
La voiture est un pickup, avec une conduite très souple. Je fais rugir le moteur, les pédales sont très sensibles. Que ça fait bizarre de reconduire un véhicule léger ! Je me gare le long d’un trottoir, et nous partons marcher vers une rivière, et ensuite un étang. On croise plusieurs habitants des communautés indigènes : ils portent des châles, des chapeaux et des jupes (oui même les hommes) en feutre noir et indigo.
Kika nous a indiqué un restaurant à cet endroit, mais il est encore tôt, il est fermé. On poursuit le chemin vers un marchand de fraises, également sur le plan. Mais lui aussi est fermé. On entend au loin le son de la fanfare, on a l’impression qu’elle vient vers nous. On décide de marcher à sa rencontre.
Nous retournons jusqu’à la voiture, au final la fanfare reste au centre du village, c’est la résonance de la vallée et le vent qui nous donnait cette impression de déplacement. Il y a 8 groupes qui jouent, en jolis uniformes, avec porte-drapeaux. Ils avancent au pas à une cinquantaine de mètres de distance les uns des autres.
Un agent de circulation me demande si je peux bouger la voiture, je vais la garer dans une rue parallèle. Nous regardons le défilé, puis nous allons manger. Sans le vouloir, j’ai garé la voiture juste en face du resto. Les serveuses me disent que la fanfare va arriver dans cette rue, je suis bon pour rebouger la voiture !
Après un bon repas, nous marchons jusqu’à une jolie chapelle sur les hauteurs de la ville. Ensuite nous entrons dans un café, sa décoration est spéciale. Tous les murs sont couverts d’objets anciens, un vrai musée ! On prend un dessert, puis on revient chez Kika.
Au camping, Kika et Anouar ont des invités français, deux mécaniciens qui se sont installés à quelques kilomètres d’ici. On discute un moment avant de se poser au camping-car. Après le goûter, un énorme orage éclate, les filles ont un peu peur. Ça ne dure pas, heureusement.
23/10/2023 => Jour 417
Journée de changement de plan. J’avais évoqué mon inquiétude sur l’état des plaquettes de frein, après autant de dénivelé depuis l’Argentine. Il y a encore de jolies descentes d’ici le nord de la Colombie. Anouck m’a un peu pressé hier de prendre rdv au garage pour vérifier.
Comme nous avons rencontré Ben et Jojo, les mécaniciens français, je leur ai envoyé un message, je peux passer aujourd’hui. Les filles préparent rapidement quelques affaires pour s’occuper la journée, ensuite je pars seul jusqu’à leur atelier.
Je rencontre Ludo et Marie, ils voyagent en gros camion. Celui-ci a pris feu à la frontière, ils sont en train de démonter tout le moteur pour le remettre à neuf. Ben m’explique que son jeune collègue colombien va vérifier les freins.
On discute un peu, il me dit qu’il ne comprend pas notre choix de ramener Coquillette en Europe pour la revendre. On paye cher le shipping, on va galérer à la revendre, pour quelqu’un qui va la renvoyer en Amérique, en repayant, plus les risques liés à la traversée. Il est persuadé que nous pouvons la revendre ici, en étant honnêtes sur l’état des lieux. Pour nous, les valises supplémentaires coûteront moins que le shipping, pour l’acheteur, l’économie du shipping passera dans la remise en état du véhicule. Ça y est, ça me trotte dans la tête.
Pour bosser sereinement, Ludo et Marie ont mis leur fille Titi, 4 ans, à l’école du village. Marie propose qu’en allant la chercher à midi, elle passe chez Kika chercher Anouck et les filles. Je raconte les propos de Ben à Anouck pendant le repas. Durant l’après-midi, le mécanicien répare quelques petites choses sur Coquillette, il change le liquide de frein, il regarde aux durites du liquide de direction.
Ben vient me faire un rapport, il trouve notre camion très sain mécaniquement, il m’explique que les véhicules qu’il voit passer sont en plus sale état, et que ça se vend quand même. Les filles jouent avec Titi tout l’aprèm, lorsqu’on rentre chez Kika, il commence à faire noir.
Nous sommes rassurés sur l’état de Coquillette, mais perplexes sur ce qu’on doit faire. On pèse le pour et le contre, ce serait quand même bien de vendre le camping-car ici. La nuit porte conseil, en effet, nous cogitons beaucoup et ne dormons pas très bien.
24/10/2023 => Jour 418
Ce matin, Kika nous emmène au marché du village voisin. Le départ est prévu à 9h30, les autres campeurs sont invités aussi. Nous sommes 12 dans le pickup, dont 7 dans la benne ! 😱 Maman Blondinette est devant avec 3 Hollandais et Kika, je suis derrière avec les filles, deux Suisses et 2 Étatsuniens. Heureusement, le village n’est qu’à 10 minutes.
Nous nous promenons dans le marché municipal, on se ravitaille en fruits-légumes-pain. Ensuite nous allons prendre un café au Molino Dorado, nous étions venus ici dimanche. Kika nous fait former un grand cercle pour nous expliquer, en anglais, la vie en Colombie, les nombreuses ethnies qui ont des privilèges assez conséquents, comme l’entrée à l’université de leur choix sans tenir compte de leur résultat au bac.
On rentre pour midi au camping. Je passe mon aprèm à rédiger l’annonce de Coquillette, Anouck à ranger et nettoyer pour prendre des photos de l’intérieur. En fin d’après-midi, sous une violente averse, Kika nous montre sur une carte les lieux à ne pas manquer en Colombie, et les routes en bon état pour y accéder.
25/10/2023 => Jour 419
Branle-le-bat-de-combat ! Après une semaine de pause, on décolle. Une fois le camping-car prêt, on dit au revoir à nos hôtes. Kika dit de très jolies phrases aux Blondinettes, ça nous met les larmes aux yeux. Elle prend une série de photos, elle masquera les filles lorsqu’elle les publiera sur ses réseaux.
Chez Kika Salento
7h
313 kms
La route descend vers Cali, et elle s’améliore, beaucoup moins de dénivelé, des portions à deux bandes. Il y a beaucoup de circulation sans que ce soit gênant. Nous roulons beaucoup aujourd’hui, avec une traversée de ville, Armania, plutôt compliquée.
Lorsque nous en sortons, nous ne sommes plus très loin de notre objectif, Salento. Mais il commence à faire noir. Les spots entre notre position et le village n’ont vraiment pas l’air terrible, je décide de continuer. Une fois sortis de la route principale, on descend une petite route sinueuse vers une vallée, ensuite on remonte quelques kilomètres. C’est sans doute très joli mais on n’y voit rien, à part les phares des voitures en contresens.
On se gare sur le parking d’un restaurant, le seul endroit où l’on peut dormir en camping-car dans le village. Il est 18h20, on attend un peu avant d’aller manger. Le restaurant a une carte variée, entre fajitas, crêpes, arepas… Certains choix sont particuliers, la pâte à crêpe est sucrée, malgré la farce aux lardons/champignons. Il n’y a pas grand monde, notre soirée est tranquille.