10/05/2023 => Jour 251
Après cette matinée bien remplie, nous devons visiter maintenant le site des 15 moaï. Il pleut beaucoup, et les filles ont faim. Keka, notre guide, propose d’aller d’abord à la carrière de Moaï, il y a un préau pour manger, on reviendra plus tard voir ce site. Nous mangeons donc notre salade à l’abri. Il a fallu improviser, il n’y avait pas de tupperware dans le logement, nous avons donc embarqué notre casserole de riz, et nous mangeons tous les 4 dedans.
Lorsque nous arrivons à l’entrée de la carrière, la pluie redouble d’intensité. Keka nous propose de patienter un peu à l’abri. Je sors la tablette et lis aux filles un chapitre du “Club des 5”, le remplaçant d’Harry Potter. Lorsqu’il y a une accalmie, nous commençons à gravir les flancs du volcan Rano Raraku. Sur les 1000 moaï encore présents sur l’île, 496 sont ici. Certains sont encore en cours de sculpture, à même la roche. D’autres ont été déplacés dans la pente, mais n’ont jamais atteint leur destination.
Le travail de la pierre a cessé au 17ème siècle, avec la destitution de la famille royale. À cette époque, les différents clans se sont affrontés, et ont couché les statues partout sur l’île. Celles qu’on voit debout actuellement sont des restaurations, elles sont très peu nombreuses. Dans la carrière, on note une folie des grandeurs. Les Moaï sur les sites font quelques mètres, le plus haut fait 11 mètres, ça a dû être très compliqué de le déplacer. Dans la roche, en cours de sculpture, on peut voir un moaï de 21 mètres ! S’il avait été terminé, le déplacer aurait été une entreprise insensée !
La pluie s’arrête tout à fait, on a même droit à un rayon de soleil. Zora est très attentive, Léna court devant et saute dans les flaques, elle n’est pas assez mouillée à son goût. Nous ne pouvons pas visiter le cratère de ce volcan/carrière car un incendie l’a ravagé il y a quelques mois et le site n’est pas jugé suffisamment sécurisé suite aux dégâts. La portion de la carrière que nous avons visitée suffit à nous plonger dans le mystère des tailleurs de pierre et de la « marche » des moaïs jusqu’à leur Ahu.
Nous retournons ensuite voir les 15 moaï sur le site précédent même s’il a recommencé à pleuvoir légèrement. Ce site a été restauré grâce à une entreprise japonaise de grues, ils ont échangé la permission de faire un spot publicitaire contre deux grues et beaucoup d’argent.
Keka nous expose sa théorie à contre-courant, selon laquelle les moaï sont des femmes, avec les mains posées sur leur ventre. Le site suivant est en ruines, il permet à Keka de nous montrer une petite grotte, qui servait d’abri pendant les guerres de clan, ainsi que les bases des maisons traditionnelles en forme de bateau. Elle nous raconte aussi que le premier roi aurait été enterré ici, mais que son crâne aurait été volé et serait dans une collection privée d’un archéologue parisien.
La pluie ne s’arrête plus, nous rentrons à notre logement. La journée a été bien remplie, nos vêtements sont trempés, les chaussures surtout. Pourtant nous ressortons ce soir, il y a un concert gratuit dans un restaurant du centre. Notre propriétaire nous a conseillé d’y être vers 19h. Nous commandons à manger, Anouck et les filles prennent une grande assiette de friture à partager, et moi un ceviche de thon. On apprend ensuite que le groupe commence à jouer à 22h, trop tard pour nous, nous rentrons dormir.
11/05/2023 => Jour 252
Il a plu toute la nuit, et ça continue au réveil. Nous devions passer la journée avec notre guide Keka, mais elle préfère reporter. Les lieux à visiter sont trop gris sous la pluie. Dès qu’il y a une accalmie, nous partons vers le musée. Il raconte l’histoire de l’île, sa création en trois étapes, 3 éruptions de volcans à 3 époques différentes.
Des panneaux expliquent, en plus de la tradition moaï, les liens avec les autres îles du Pacifique. Quelques sculptures sont exposées, ce sont des reproductions de pièces exposées dans les grands musées. Quelques pierres taillées sont là aussi. Une deuxième salle présente des œuvres de peinture en lien avec la mer. C’est une artiste locale qui a peint ces toiles durant la pandémie. Les filles sont hypnotisées ! À l’extérieur, un immense poulpe sort du sol, fabriqué avec des filets de pêche.
Nous rentrons à la maison. Sur le chemin, Léna et moi nous faisons éclabousser par une voiture qui prend un nid de poule inondé juste à côté de nous. Zut, alors qu’il ne pleuvait pas, j’espérais rentrer sec ! L’après-midi passe lentement, comme il ne pleut pas on espère faire une visite avec la guide, mais elle ne préfère pas, il pleut de l’autre côté de l’île. De fait, il recommence à pleuvoir vers 15h.
À 16h, je me motive à sortir sous le déluge pour faire les courses, je rentre trempé mais avec un bon goûter. Ce soir on mange des noodles achetés ici, ils arrivent direct de Chine. C’est beaucoup plus relevé qu’en Europe, on se brûle la bouche ! Normalement il fait meilleur demain, on pourra faire les visites !
12/05/2023 => Jour 253
Grosse pluie à 6h du matin, ça nous fait peur, va-t-on de nouveau annuler notre tour avec la guide ? Ça se calme rapidement, et à 10h Keka est là. Elle nous emmène sur le volcan Orongo. Nous l’avions fait à pied, c’est quand même plus facile en voiture. Nous allons jusqu’à la pointe sud. Le vent est assez fort, Keka nous raconte ce qu’il y a à voir dans le poste d’accueil avant de faire le tour du site.
Après la révolution Rapa Nui au 17ème siècle, commence l’histoire de l’homme oiseau, jusqu’en 1860 et l’arrivée des Chiliens. C’est une compétition annuelle pour élire le chef de l’île entre les différents clans. C’est assez sportif, il faut descendre une falaise friable de 300m de haut, nager 1,5 kilomètre jusqu’à un îlot où niche un oiseau, lui voler son œuf (si l’oiseau n’est pas encore là, ça peut durer plusieurs jours / semaines), revenir à la nage et remonter la falaise, et offrir l’œuf intact à son chef de clan. Celui-ci devient roi pour un an. Tous les coups sont permis bien sûr, avant et pendant la compétition.
Nous faisons le tour du site, on y découvre les maisons en pierre de cette époque, elles hébergeaient le clan du vainqueur durant l’année qui suivait, le bail n’était pas très long. Keka nous raconte que le cratère voisin est un vrai verger, énormément de variétés y poussent, les Rapa Nui n’ont qu’à se servir. Le fond est couvert d’eau douce, les femmes y venaient faire leur lessive il y a 50 ans encore. Nous redescendons le relief le long de goyaviers, Keka et Anouck s’arrêtent faire une petite récolte.
Nous arrivons sur le site de Vinapu. Sa grande particularité est la construction d’un mur à la méthode inca, sans ciment, avec des blocs de roche immense taillés au millimètre. Sauf que la datation indique que c’est antérieur à Cuzco. Comme c’est unique sur l’île, les archéologues se demandent si ce sont des voyageurs qui sont arrivés avec de nouvelles techniques.
Keka nous ramène en ville, on va chercher des empanadas pour le repas. Nous la rejoignons au port, c’est une période de grandes marées, l’océan nous envoie des vagues énormes. À l’abri près des bateaux de pêche, nagent de grosses tortues. Nous restons une dizaine de minutes à les admirer. Ensuite Keka nous emmène au centre de l’île, pour observer 7 moaï. Ils sont particuliers car ils ne sont pas sur des ossements comme les autres, la légende raconte que ce sont les 7 explorateurs envoyés par le premier roi avant la conquête de l’île et qu’ils regardent en direction des Marquises d’où ils seraient originaires.
Nous partons explorer la carrière des chignons rouges qui ornent certains moaï, ce n’est pas aussi prestigieux que les premières choses que nous avons découvertes, mais la vue culminante sur la ville est sympa. La dernière chose à voir avec Keka est le moaï solitaire, à l’entrée de la ville. Nous avions déjà été le voir sans guide avec Anouck, les explications apportent un peu d’histoire à ce que nous avions vu. Keka nous ramène chez nous, nous la remercions pour ces deux bonnes journées très enrichissantes.
Après une pause goûter, on repart. Nous devons déposer les livres empruntés à l’alliance française, et profiter du coucher de soleil. L’alliance est fermée, nous descendons vers le port pour admirer les magnifiques couleurs sur un moaï, les dix dernières minutes, le soleil passe derrière des nuages, il n’y a plus rien à voir. Nous rentrons par la côte, les vagues immenses se fracassent sur les rochers, on ne s’en lasse pas. Je reste en ville pour trouver du pain pendant qu’Anouck ramène les Blondinettes à la maison. Mine de rien, la remontée du centre-ville vers notre logement est bien fatigante, on dormira bien ce soir !
13/05/2023 => Jour 254
« Je suis excitée comme une puce ! » : Léna se lève avec une seule idée en tête : aujourd’hui, on fait du cheval ! Anouck a réservé l’activité, ils doivent venir nous chercher à 9h30. Personne n’a de GPS ici, comme Keka mercredi, le gars ne trouve pas notre logement. Heureusement Anouck parvient à le joindre sur Whatsapp. Il nous emmène vers le centre de l’île, pas très loin des 7 moaï.
Notre guide nous y attend avec les chevaux. Nous sommes coiffés de bombes, ils nous donnent des guêtres aussi. Chacun a son cheval, Léna est trop fière d’être seule sur sa monture. Nous partons faire le tour des grottes. Ce sont des boyaux creusés par la lave, qui ont été utilisés par le passé comme habitation. Nous descendons de cheval pour les visiter.
La première est très longue, et peu profonde, nous sommes juste en dessous du sol. Il y a des endroits ouverts, il y pousse des bananiers et des goyaviers. Nous ressortons loin de nos chevaux, nous marchons un bout de temps pour les rejoindre. L’accompagnant n’est pas loquace, il nous fait visiter sans nous expliquer quoi que ce soit, et répond difficilement à nos questions.
Un peu plus loin, la deuxième grotte est surnommée “les deux fenêtres” . Deux ouvertures dans la falaise offrent des points de vue splendides sur l’océan. C’est un peu dangereux, il ne faut pas avoir le vertige ! L’entrée de la grotte est étroite et basse, je me cogne la tête plusieurs fois en me tortillant pour entrer et sortir, heureusement que j’ai un casque. La dernière grotte n’a rien de particulier.
Nous sommes contents, nous avons tous les quatre l’air à l’aise sur nos chevaux. Le guide ne semble pourtant pas satisfait, comme s’il était pressé de passer à autre chose. À un moment, tous les chevaux se mettent à galoper, comme s’ils avaient reçu un signal (le guide n’arrêtait pas de les siffler et on se demande s’il n’a pas donné des coups sur les croupes de nos montures). Les filles ne parviennent pas à contrôler leur animal, Zora est déséquilibrée et tombe (ou elle saute de frayeur). Je suis juste à côté d’elle, je suis en panique mais j’ai du mal à gérer ma propre monture.
Le guide arrive un peu tard à mon goût pour la relever, heureusement elle n’a rien de grave, quelques égratignures dans le dos. Elle est choquée, je demande au guide de la mettre sur mon cheval pour la fin de la balade. Léna est 50 mètres devant, elle est restée en selle mais ne parvenait pas à arrêter son cheval. La promenade se termine lentement, dans le silence. Le guide semble mal à l’aise, il ne reste pas près de nous. Lorsqu’on arrive près du chauffeur qui doit nous ramener, il ne nous dit pas un mot et repart avec ses chevaux.
L’homme qui nous raccompagne en ville, par contre, discute bien avec nous, rigole, nous explique que tous les enfants de l’île veulent apprendre à monter mais qu’il n’y a pas assez de chevaux dressés. À notre demande, il nous dépose à l’Alliance Française. Nous pouvons ainsi rendre les livres empruntés mardi, et dire au revoir à Béné, la directrice très sympathique.
La journée n’est pas finie, verrons-nous enfin un beau coucher de soleil ?