07/07/2023 => Jour 309
Il y a des cris d’oiseaux au réveil, Anouck et Zora se précipitent dehors. Toute la colonie d’aras prend son bain dans la rivière, il y en a bien 30 ! Leurs couleurs sont magnifiques ! En arrivant à Torotoro, nous avions trouvé que les freins avaient bien chauffé, on appréhende un peu la remontée. Elle se passe très bien, on est soulagé.
Torotoro Lequepalca
6h45
248 kms
L’étape suivante, c’est l’essence. Il y a deux pompes au début du trajet, notre application nous dit qu’ils acceptent de remplir au bidon, pas directement dans le véhicule. Je me gare à l’écart, pour ne pas être sur les caméras de sécurité. La pompiste me dit qu’il faut une carte d’identité bolivienne, que je n’ai évidemment pas. Elle demande à un passant la sienne. Pendant que je le remercie, elle commence à remplir mon bidon … avec de l’essence ! Quand je l’arrête, il y a déjà 15L. Il faut attendre le client suivant pour qu’il me rachète le contenu du bidon. Ensuite enfin elle me fait le plein de diesel.
Je retourne vers Coquillette pour verser le précieux liquide dans le réservoir. Ce n’est pas sans peine. Le bec verseur est de mauvaise qualité, il me lâche dès le début, j’en renverse partout, y compris sur mes chaussures ! Je le refixe, mais ça met bien 5 minutes à vider les 20L. Nous allons à l’autre pompe, qui veut bien remplir mon bidon, mais il faut une photocopie de mon passeport. Heureusement, j’en ai une dans le camping-car, il ne reste plus qu’à retrouver où c’est rangé !
Nous avançons enfin, mais il est déjà midi, il faut trouver un endroit où manger. On trouve une petite cabane qui sert à manger, on est avec quelques personnes âgées, et un chauffeur de camion nous rejoint. On raconte un peu notre voyage. Les personnes âgées demandent si on est Uruguayens, si on parle espagnol. Et oui, ici la majorité des gens parle quechua (ou aymara) entre eux, ils apprennent l’espagnol à l’école. Beaucoup de personnes âgées ne parlent pas castillan !
Sur le trajet, on croise des péages, c’est rigolo, la barrière c’est une corde que l’agent tend pour bloquer les voitures. Pour éviter d’entrer dans la ville de Cochabamba, on prend une route transverse en mauvais ripio, ça ne m’avait pas manqué. On rejoint la route principale qui mène à la capitale. Nous nous rendons compte que la montée de ce matin, c’était de la rigolade. Nous allons passer de 2200 à 4485 mètres d’altitude, sur une route qui n’en finit pas.
En prime, il y a beaucoup de circulation, y compris des poids-lourds. Ceux-ci monte à 10km/h. Les gens dépassent sans aucune visibilité, et si une voiture surgit en face, ils s’attendent à ce qu’elle freine pour qu’ils puissent se rabattre. Pendant plus d’une heure 30, on serre les dents, chaque camion dépassé nous amène au suivant, je dois souvent rétrograder jusqu’en première pour ne pas caler. On passe des cols à 3800, 4000 mètres, suivis par des courtes descentes, ensuite on recommence à gravir. Il fait super chaud, on roule les fenêtres ouvertes malgré les odeurs de pot d’échappement.
Finalement, on arrive à un changement de département, avec le passage à une 2*2 bandes. Ça roule mieux, mais il est déjà 17h, il faut commencer à penser à s’arrêter, le soleil baisse déjà sur l’horizon. Anouck ne veut pas dormir trop haut en altitude, mais la route ne semble pas descendre beaucoup. Et si on roule plus loin les locaux ne sont pas toujours très amicaux avec les étrangers d’après notre application de voyageurs iOverlander. On se pose finalement dans un petit village, à proximité de la route. Nous sommes repassés en dessous des 4000 mètres : 3986m. Tout le paysage est gelé autour de nous, donc on ressort toutes les protections, la bâche sur le moteur, les couvertures. À part quelques camions qui passent encore en soirée, la nuit est calme.
08/07/2023 => Jour 310
On a besoin du chauffage ce matin. Le réveil est bien matinal, on est prêts à rouler à 8h30 ! Coquillette est vaillante, elle tousse un peu mais démarre quand même. Je décide de m’arrêter dans chaque pompe pour essayer de remplir une dernière fois en Bolivie, même si normalement on a assez pour arriver au Pérou. Nous faisons 5 pompes sur la matinée, elles sont toutes en pénurie de diesel, avec des camions qui attendent le ravitaillement.
Lequepalca Valle de la Luna
3h50
218 kms
Nous avons été médisants sur l’Altiplano, enfin nous arrivons sur un plateau, c’est plus ou moins plat jusqu’à La Paz, à 200 kilomètres de là. On aperçoit des sommets enneigés autour de nous, ça nous rend heureux. Anouck reçoit des nouvelles d’une famille qui arrive du nord, ça nous décide à affronter la ville. Nous avons donc rendez-vous à la vallée de la Lune, dans la périphérie de La Paz.
Nous entrons dans El Alto sur les hauteurs de La Paz. On ne comprenait pas pourquoi Google Maps nous disait qu’on allait mettre 1h pour 17 kilomètres. Nous sommes sur une 2*2 bandes avec des feux réguliers, et des taxis qui s’arrêtent à l’improviste sur la bande de droite. Ensuite cette route est bloquée pour un marché gigantesque, c’est un peu le bazar mais on parvient à prendre des routes parallèles pour avancer.
Le GPS nous fait prendre une route pour descendre vers notre destination, le premier kilomètre en ripio, nid de poule, bosses et épingles. Le retour sur le bitume fait du bien, mais je reste en deuxième, la pente fait avancer Coquillette sans besoin d’accélérateur. Les freins chauffent, car il y a des ralentisseurs réguliers.
On arrive près d’une petite place, où nous attendent la famille « un détour sur la terre« . Marco et Aude, leur grand garçon Maé et leur fille Lili (qui a l’âge de Zora), sont partis du Canada il y a un an et demi. On fait connaissance, et après le repas nous allons visiter cette vallée de la Lune.
C’est un parc que l’on visite en une petite heure, avec des sentiers qui serpentent dans des formations rocheuses pâles. C’est pas vraiment les plus jolies roches que l’on ait vues, mais ce qui est surprenant, c’est que ce soit en ville. On aperçoit des bâtiments de chaque côté du parc. Les filles cavalent devant, elles s’amusent bien.
On revient jusqu’à Coquillette, et on se gare autrement pour ne pas être trop penchés. Nos camping-cars sont l’un derrière l’autre le long du trottoir, on sort les chaises et les tables pour discuter. L’heure de l’apéro approche, on goûte la bière de La Paz (pas terrible). Anouck prépare des pizzas que l’on se partage. Les filles nous préparent un spectacle sur les balançoires de la plaine de jeux, puis vont jouer aux lego.
Nous sommes tous fatigués, vers 20h30 on se dit au revoir. Le quartier commence à s’animer, des jeunes arrivent avec leur sono, il y a un match de foot juste à côté des véhicules. Nous commençons à avoir peur pour notre sommeil, mais la musique s’arrête à 22h30, et le match à 23h. Bonne nuit !
09/07/2023 => Jour 311
Hier soir, les copains nous ont donné leur carte sim du Pérou. Ce matin, après le petit déj’, on cherche après les cartes d’Argentine et du Chili. On leur donne pour la suite de leur voyage, et ça nous donne envie de ranger un peu le camping-car, pendant que les filles jouent à la plaine de jeux. Les copains viennent nous dire au revoir, ils ont une grosse journée de route en direction de l’Amazonie.
On part un peu plus tard vers le centre de La Paz. En chemin, on trouve une pompe à essence qui nous charge 60L de diesel, directement dans notre réservoir (au prix touriste donc *3 mais on est content☺), on est tranquille jusqu’au Pérou. La route en ville est très stressante, les dénivelés sont importants, je passe beaucoup de temps en première pour ne pas caler.
Dans une longue montée, un camion de livraison roule au ralenti, j’ai peur d’être bloqué. Je tente de le dépasser à un endroit où la voie s’élargit, mais je n’ai pas assez de pêche. Je me rabats au forcing avant un rond-point, mais il ne freine pas non plus, je touche son rétroviseur. Ça ne lui fait pas plaisir 🤬, il coupe le rond-point dans l’autre sens pour se garer en perpendiculaire de la route. Le chauffeur sort ultra énervé, j’ai peur qu’il cherche la bagarre. Ce sont des passants qui viennent faire les intermédiaires, ils sont plutôt de mon côté. Ils me conseillent de lui donner un billet. Le gars finit par accepter, il repart en râlant.
Je suis bien stressé pour la fin du trajet. Nous allons nous garer dans un parking qui accepte qu’on y passe la nuit. C’est juste à côté d’une ligne de téléphérique. À La Paz, ils ont eu des gros problèmes d’embouteillages. Comme la ville était déjà construite, et avec tout ce dénivelé, ils ont construit des téléphériques à la place d’un métro. Comme nous sommes à la montagne, ça s’y prête bien.
Après le repas, nous montons dans le télécabine jaune, puis nous changeons pour le bleu. La vue sur la ville est impressionnante, tous les flancs de montagne sont bâtis. Nous marchons jusqu’à Pipiripi, un espace interactif pour les enfants. Cet endroit est génial. Des animations sont organisées à l’extérieur, courses de sac, corde à sauter, cerceau, il y a un immense bac à sable et du mini-foot. Il y a des espaces de sensibilisation à la nature et à l’écologie, une bibliothèque, des ateliers de terre glaise, de tissage de bracelet, de peinture, des expositions, un spectacle de marionnettes, un laboratoire où les jeunes peuvent faire joujou avec des montages électriques, des petits panneaux solaires, des rouages. Les employés sont motivés et proposent plein de choses aux enfants.
Nous repartons avant le goûter prendre le téléphérique violet qui nous emmène sur les hauteurs de La Paz. Nous allons voir du catch. Je n’aurais jamais cru payer un jour pour cela. Mais ici, c’est spécial : ce sont des femmes qui se battent, en habits folkloriques. Il y a peu de locaux, c’est un show pour les étrangers. Rien n’est vrai dans le catch, ça se voit encore mieux ici qu’à la télé. Mais ça reste impressionnant, les prises sont dignes des numéros d’acrobate.
On assiste à plusieurs combats, puis nous reprenons le téléphérique pour rentrer chez nous, en achetant de la nourriture à emporter. La descente en télécabine la nuit tombée vaut la peine, toutes les lumières de la ville montrent bien l’étendue de cette capitale. Ils arrêtent le téléphérique à 23h, la nuit est calme.
10/07/2023 => Jour 312
Matinée tranquille, entre école, appels à la famille, rédaction web… Je pars en expédition laverie et ensuite recherche de dollars US, mais les quelques distributeurs qui proposent l’option ne sont pas ravitaillés. Nous trouvons un « patio de comida » pour le repas de midi, les filles en ont marre du traditionnel almuerzo, soupe et plat, c’est rarement à leur goût. Ici elles prennent hamburger, frites, saucisses style knacky, ça leur fait plaisir. Les adultes restent plus local, empanadas et milanesa.
Anouck emmène les Blondinettes à la plaine de jeux pendant que je vais préparer les sacs pour la surprise de l’après-midi : il y a une piscine intérieure dans le quartier, ça fait 10 mois qu’on en cherche une ! Avant d’y aller, je retente une sortie US dollar, 1 km sur Google Maps, ça ira vite. Oui mais on est à La Paz. Je fais que de la descente raide à l’aller. J’apprends à la banque que suite à la crise économique, plus personne n’a accès aux dollars américains. Je remonte rapidement, malgré les 4000 mètres d’altitude et la pollution.
Les filles sont ravies de la surprise. C’est une petite piscine en L, avec un espace hydromassage qui fonctionne 10 minutes toutes les heures. Il y a aussi un sauna et un hammam. Ce n’est absolument pas une attraction touristique, c’est fréquenté par des Boliviens. On y passe deux bonnes heures, Anouck et moi nous éclipsons chacun notre tour pour tester les sauna/hammam.
Nous achetons un goûter à la pâtisserie en face avant de rejoindre Coquillette. Zora constate qu’elle a perdu une boucle d’oreille à la piscine. Anouck retourne visiter les vestiaires, les employés lui conseillent de revenir à l’ouverture demain, à 14h ! Zut, on avait prévu de partir tôt. Tant pis, on ira visiter le centre-ville du matin. Les filles se lancent une nouvelle fois dans les lego, je vais faire les courses, ici à La Paz il y a des supermarchés ! La journée se termine tranquillement avec des jeux de société et de la soupe.