17/07/2023 => Jour 319
Plateria Port Kalapajra
1h
32 kms
Près du commissariat, tout le monde est réveillé tôt, ça tombe bien, on part en excursion. Notre première étape, très matinale, c’est le temple de la fertilité. Les couples ne pouvant pas avoir d’enfant viennent prier ici. On entre dans une grande prairie, au centre il y a un enclos de pierre. Les murs sont typiques des Incas, des énormes pierres taillées au millimètre. À l’intérieur, c’est un champ de pénis. Enfin, rien de bien choquant pour les Blondinettes, ce sont des cylindres de pierre agrémentés d’une demi-sphère au sommet. Il n’y a rien d’autre à voir, à part deux lamas qui paissent tranquillement dans le pré.
Nous continuons notre route. Notre guide pour les îles flottantes, Richar, nous appelle sur la route, apparemment il a peur qu’on ne vienne pas. La traversée de Puno est un calvaire, les routes sont défoncées, des minibus-taxi s’arrêtent et repartent de partout, il y a en plus des tuk-tuk, et des tricycles-taxi. Je reste très concentré, et nous arrivons au port de Kalapajra.
Richar nous y attend, il nous fait monter rapidement sur son bateau. C’est petit, juste bien pour 4 passagers. Le guide est plaisant, souriant, il coupe souvent son moteur pour nous expliquer des choses : la faune, la flore, le mode de vie, le changement climatique…
Il nous emmène voir une première île, qui n’est pas flottante. Ce lieu appartient à sa communauté, il nous montre des cuis, des petits rongeurs, et nous explique les techniques de construction de ses grands-parents. Tout est fait à partir de la totora, une espèce de roseau qui pousse ici. Il nous propose de prendre des photos à 4, il va le faire souvent cette matinée !
L’étape suivante, après un parcours dans un labyrinthe de totora, c’est l’école. C’est une île flottante, avec 4 bâtiments, chacun abritant une classe. Un instit nous laisse entrer, c’est à la fois dépaysant et à la fois familier. Les uniformes des élèves sont très colorés, c’est plus agréable que les blouses de chimiste argentines.
Nous sortons ensuite du village pour aller goûter la racine de totora, c’est pas mauvais. Ils appellent ça « banane du Titicaca » , ça n’a quand même pas le même goût. Richar nous parle de la pandémie, ils sont restés isolés 11 mois, à manger de la poule d’eau, de la truite et des patates déshydratées. Pas d’échange avec l’extérieur, donc pas de fruits ni de légumes. Et pas d’argent, ils ne vivent que du tourisme.
Le guide nous emmène ensuite sur l’île de sa famille. Il nous présente sa femme, sa belle-mère et sa fille de 2 ans et demi. Il nous explique le processus de fabrication d’une île flottante, qui prend un an. Une fois bâtie, elle tiendra entre 50 et 60 ans. Il faut bien l’amarrer, sinon ils peuvent se réveiller en Bolivie !
Après la théorie, Richar nous fait visiter sa maison, qui consiste en une cabane avec un lit double et une paillasse pour la gamine. La cuisine se fait en extérieur, il y a 7 familles sur son île, 25 personnes. Ils nous invitent à enfiler des vêtements traditionnels pour la photos, puis ils nous montrent leur artisanat : des chemins de table tressés et des housses de coussin. On se laisse tenter en se disant qu’ils faut les aider à vivre. Mais quand la belle-mère nous annonce le prix, on décide de ne pas manger ici.
Richar nous ramène au port, et on se dit au revoir. Il est proche de midi, on se gare rapidement pour manger. Après le repas, on avance vers l’université, Maps nous indique un distributeur dans l’enceinte du site. Je laisse Coquillette à l’extérieur, avec Anouck et les filles, et je passe le poste de garde avec les étudiants. Je parcours tout le campus, pour découvrir que la banque n’a pas de distributeur, merci Google.
Puno Sillustani
1h
36 kms
Nous retraversons Puno, en prenant les grands axes, même si le GPS veut me faire prendre des raccourcis avec des pentes à plus de 20% ! Nous roulons jusqu’à Sillustani, un site archéologique. Sur une colline surplombant deux lacs, les indigènes ont construits des tours qui servaient de tombes. On se promène sur le site, certaines tours sont encore en bon état, la taille des pierres utilisées est incroyable. L’emboîtement parfait des blocs est vraiment stupéfiant.
Le vent se lève, et il y a des nuages gris, nous n’avions pas ça en Bolivie ! Nous demandons au gardien si on peut dormir sur le parking, ce sera plus sûr qu’en ville. Il est encore tôt, ce sera fin de journée pizza / jeux de société.
18/07/2023 => Jour 320
Sillustani Aguas Calientes
4h
216 kms
En quittant le parking ce matin, le gardien me regarde d’un air désolé. Je pense qu’il aurait aimé qu’on prenne un café ensemble. Cela aurait pu être sympa, mais notre journée est chargée. Nous allons à Juliaca, une grande ville des environs, avec une réputation horrible. Nous traversons le joli village d’Atuncolla, avec des jolies constructions et des statuettes de taureau sur les toits. Le nuage de pollution de Juliaca est visible de loin, ce n’est pas très encourageant.
On commence par le gaz, les deux bonbonnes sont presque vides. L’usine plébiscitée par ioverlander n’accepte pas de nous servir, je pense que je suis tombé sur le mauvais ouvrier. Par contre, l’usine suivante, qui ne sert pas les étrangers, veut bien me remplir la bonbonne argentine. Comme quoi, le facteur chance a son importance.
Soulagés, on continue vers un atelier d’électricité mécanique. J’ai un feu de gabarit détruit, le tableau de bord ne s’éclaire plus, ni le voyant des phares quand je les allume. Un gros barrage de policiers nous attend sur l’avenue principale, ils arrêtent beaucoup de monde, mais pas nous, ouf ! L’ouvrier de l’atelier électrique nous invite à repasser dans une heure.
Nous sommes garés devant un garage plutôt spécialisé dans les carrosseries, je vais leur demander s’ils peuvent consolider le marche-pieds. Le patron accepte, il dit qu’il en a pour 10 minutes. Au bout de 3/4h, il s’occupe enfin de moi, et met encore 1/2h à planter 4 vis pour tenir l’escalier. Au final, c’est une bonne chose de faite. Nous déplaçons Coquillette devant l’autre atelier, le gars est super compétent, il me règle mes différents problèmes rapidement.
Anouck a été chercher un repas à emporter dans un stand un peu plus loin, on mange avant de partir. Nous pensions faire les courses et reprendre de l’argent ici, mais le centre-ville est un gros bazar, la conduite est super stressante. Et il n’y a aucun endroit où se garer. On décide donc de quitter (difficilement) cette ville.
Une fois dehors, la route nous entraîne sur l’altiplano, avec des décors de montagnes qui bordent cette immense plaine. Une rivière longe la route, on peut y voir des flamants roses. Il y a beaucoup de petits ruisseaux, et chaque pont pour les franchir est en travaux. On prend au moins 20 déviations sur l’après-midi !
On s’arrête dans une petite ville plus calme pour les courses et le cash, ça se passe beaucoup plus facilement. L’idée était de rester dans cet endroit jusqu’à jeudi, mais les nouvelles sont anxiogènes. Une énorme manifestation nationale est prévue demain, avec des barrages routiers un peu partout. Et ça risque de se prolonger jeudi. Donc on décide d’avancer le plus possible, pour être sûrs d’être là samedi pour accueillir Aline à Cuzco.
Nous traversons la zone des produits laitiers, les gens nous tendent des fromages et des yaourts à bout de bras pour qu’on s’arrête dans leur magasin. Au coucher du soleil, nous arrivons à Aguas Calientes, minuscule village à 4100 mètres d’altitude. Maman Blondinette y a découvert des thermes, nous nous garons là pour la nuit, nous passerons la journée de demain à barboter en attendant que le pays se calme.
19/07/2023 => Jour 321
Zora se réveille en demandant si elle peut mettre son maillot. Il fait 10°C dans Coquillette, sans doute moins à l’extérieur, on va temporiser. Les thermes ouvrent à 7h, mais nous y entrons vers 9h30. Il y a plusieurs piscines en extérieur, on trempe la main dans chacune d’entre elles.
Toutes semblent brûlantes, je vais donc me renseigner sur les températures. Un gars me dit d’aller d’abord dans une piscine sous un préau, c’est une grande piscine. Je l’accompagne, mais il voit tout de suite qu’elle a trop chauffé la nuit, elle est bouillante. Il me dit ensuite d’aller à l’écart du site, il y a un bain tiède.
Je vais chercher les filles, elles ont réussi à entrer dans un bain finalement, il doit être à 38-39°C. Nous allons tester la piscine tiède, elle doit être à 34°C. Les filles s’y amusent bien, nous sommes les seuls clients à cette heure, elles peuvent sauter et crier sans déranger personne. À côté du bassin, il y a un pont tressé, à la méthode Inca. 3 ouvriers sont en train de le réparer, c’est un joli spectacle.
Au bout de quelques temps, des locaux viennent nous rejoindre, les filles veulent retourner dans les bassins plus chauds, mais le contraste est trop difficile, elles veulent sortir. Il est midi, nous retournons à Coquillette. Après le repas, les filles regardent un film, je bricole sur Coquillette, après-midi tranquille. De gros nuages gris s’accumulent au-dessus de nous, le tonnerre gronde, on s’attend au déluge. Nous avons droit à quelques gouttes par ci par là, mais pas une seule averse, juste une grosse chute de température. On se rend compte que le soleil a bien tapé ce matin, nous avons tous les 4 de jolis coups de soleil ! Mince, on pensait que ça irait mais à cette altitude, l’exposition ne pardonne pas! On a les pires rougeurs qu’on a jamais eu du voyage, Zora a du mal à s’allonger : son dos et ses cuisses la brûlent pendant plusieurs jours (Patrick, Léna et moi ne sommes pas en reste)…
20/07/2023 => Jour 322
Aguas Calientes Urcos
2h30
121 kms
Normalement, les manifestations sont finies aujourd’hui. On l’entend au réveil, il y a beaucoup plus de circulation sur la route principale. Nous partons donc sereins vers Cusco, il reste une centaine de kilomètres. On s’arrête rapidement, faire le plein de diesel et d’eau. Pas de chance, il n’y a pas beaucoup de débit pour l’eau, on reste 45 minutes à attendre que la cuve soit remplie. Anouck rentabilise ce temps pour faire du ménage, je reste à surveiller mon tuyau…
L’étape suivante c’est le gaz, on va essayer de remplir la bonbonne française. Les employés l’embarquent, et reviennent me dire 20 minutes plus tard qu’ils n’ont pas le bon raccord. Il est presque midi quand on arrive dans la ville de Sicuani. Nous sommes à côté d’une plaine de jeux, Maman Blondinette emmène les filles pendant que je vais retirer de l’argent. C’est vraiment un casse-tête, nous avons une banque qui nous laisse retirer 200€ par jour sans frais, pour les autres c’est soit payant, soit les distributeurs ne lisent pas ma carte. Beaucoup de choses se payent en liquide, et nous devons avoir assez pour notre trek au Machu Picchu, le solde se paye en cash.
Pendant qu’Anouck prépare le repas de midi, je pars faire un tour des quincailleries pour trouver un adaptateur de gaz. Je comprends que les Argentins soient réputés débrouillards : ils m’avaient construit un adaptateur maison dans la première boutique que j’avais visitée. Ici, j’ai fait au moins 15 enseignes, aucun n’a seulement essayé de trouver une solution. Je rentre frustré à Coquillette.
Après le repas, c’est au tour d’Anouck de s’absenter avec Zora faire les courses pendant que je fais la vaisselle. La route de l’après-midi se fait tranquillement, au rythme des ralentisseurs. La route descend au creux des vallées, nous perdons 1000 mètres d’altitude par rapport à ce matin. Anouck nous a trouvé un spot autour d’un lac, on s’y gare un peu avant le coucher du soleil. Il est 17h, il fait noir trop vite !
Maman Blondinette a le temps d’emmener les filles à la plaine de jeux une dizaine de minutes, le temps de croiser un groupe d’adolescentes en admiration devant nos Blondinettes, celles-ci ont peur d’être enlevées pour leur servir de poupées ! Plus que deux dodos avant l’arrivée d’Aline, l’impatience est grande !
Comments (1)
Magnifiques et intrigants ces villages flottants !