20/08/2023 => Jour 353
Blas Herrera Shaura
7h15
447 kms
Léna nous réveille tôt aujourd’hui. Ça tombe bien, on a de la route. À 8h30, on quitte notre oasis de tranquillité et on revient sur la panaméricaine. Nous sommes dimanche, notre objectif est de traverser Lima avec un minimum de circulation. Anouck rajoute du challenge, il faut éviter les contrôles de police. Elle passe un moment à me lire les récits de voyageurs qui ont affronté des flics corrompus. Toutes les techniques pour extorquer de l’argent aux étrangers, et toutes les astuces pour éviter de se faire avoir.
La matinée se passe bien, pas de circulation, pas de contrôle. La route longe l’océan, au milieu du désert. D’énormes panneaux annoncent des terrains à vendre, des villas de luxe à venir, la bourgeoisie de Lima doit venir le week-end par ici. Dès l’entrée dans la capitale, la circulation se densifie. Le conseil est de rester sur la bande du milieu. C’est une 2×4 bandes, c’est compliqué. Les gros véhicules semblent suivre cette idée, ils prennent une bande et n’en bougent plus. C’est aux véhicules légers de les contourner, par la droite s’il le faut. Et si deux camions roulent à la même vitesse sur deux bandes, il faut attendre qu’un des deux se décide à freiner ou accélérer.
Nous n’avons droit qu’à un seul petit bouchon, à l’entrée d’un péage. Je suis ultra concentré, les filles sont calmes, et Anouck guette les ralentissements sur Google Maps. L’autoroute traverse la ville, mais ça laisse peu de vues sur les beaux quartiers. Ce qui est étonnant, c’est de voir des collines en plein milieu, totalement vierges. Même pas une antenne au sommet ! Nous franchissons un dernier péage pour sortir de la ville. Et juste derrière, un contrôle de police ! Heureusement, le policier est sympa, il est étonné qu’on parle espagnol. Les Blondinettes achèvent de l’amadouer, il nous laisse partir tranquillement.
Il est 13h10, et on a faim ! On trouve un resto franchisé, on n’hésite pas, on y va. La commande prend un peu de temps, Léna mange super lentement, ensuite on se prend un dessert et un café ultra chaud. Tout ça pour dire qu’on repart royalement à 15h, et que le GPS nous annonce encore 4h de route. Il n’est pas question de chercher un spot sur la côte, des histoires inquiétantes circulent, des braquages à main armée de véhicules étrangers.
Mais on dévie bientôt vers les montagnes, Anouck nous trouve un spot un peu à l’écart de la route. Une petite famille de locaux est posée là, le papa coupe du bois. Il me dit que beaucoup de touristes viennent se garer là, merci iOverlander ! Zora me demande de jouer au ballon, Léna puis Anouck se joignent à nous. On espérait que les trois petites filles péruviennes viennent jouer aussi, mais elles nous ont regardé sans s’approcher. Au moment du coucher, Anouck entend des coups de feu, ou des pétards. Avec toutes les histoires qu’elle a lues, elle passe une très mauvaise nuit.
21/08/2023 => Jour 354
Shaura Huaraz
5h10
170 kms
Nous avons dormi à 400m d’altitude, sur la matinée, nous montons à un col à 4100m. Autant vous dire que Coquillette a chauffé. Même les passages que je pensais à plat ou en légère descente, étaient en fait des montées. Je n’ai pas réussi à passer la quatrième, pas assez de pêche. D’ailleurs, en parlant de ce fruit, on en a vu des vergers entiers, à 2400m d’altitude ! Vallée tropicale ! 😮
En passant le col, on a un premier aperçu de la Cordillère Blanche. Cette chaîne de montagnes réunit les plus hauts sommets péruviens, avec le Huascarán à 6768m. Beaucoup des pics sont enneigés, d’où le nom de la chaîne. Nous achetons un poulet-frites à emporter, et allons manger près d’une lagune. Il y a plein d’oiseaux, des flamants roses, des canards, des poules d’eau.
Nous reprenons la route, en bien mauvais état. Des nids de poule fréquents, je dois rester vigilant. Nous arrivons à Huaraz, on commence par recharger du gaz, une bonne chose de faite ! Ensuite on arrive en ville, beaucoup de circulation, pas d’espace pour stationner. On ne se sent pas bien ici. Mais on a besoin de la 4G, de reprendre du cash. On pensait aller à l’office de la montagne pour préparer nos randos, mais l’agitation nous déplaît, on repart rapidement.
La sortie de la ville est chaotique, une courte portion de ripio horrible, Coquillette tangue et je crains qu’un placard s’ouvre tellement ça bouge. Ensuite un minibus qui me brûle une priorité pour s’arrêter juste après. Un pont étroit où je crains de croiser un autre véhicule. Deux chiens qui courent devant Coquillette en aboyant, je les entends sans les voir pendant un bon moment avant qu’ils apparaissent dans le rétro. Un gamin qui laisse rouler son ballon de foot sur la route. Un dizaine de ralentisseurs non indiqués couleur béton comme la route. Tout ça en moins de dix minutes, le stress !
Dans la campagne, nous suivons une route étroite qui monte jusqu’au départ de la rando. Nous pensions être à un bon horaire, vers 17h tout le monde a fini de marcher. On croise au moins 20 véhicules, des locaux qui descendent du travail certainement. Pas toujours rassurant de se serrer au bord du vide pour laisser passer l’autre voiture. Sur le parking au départ de la rando, nous sommes seuls. Le soleil vient de se coucher, le ciel a des couleurs magnifiques, et les montagnes autour de nous sont belles. Nous sommes au calme, nous allons bien dormir.
22/08/2023 => Jour 355
Quelle nuit horrible ! Immunisés au mal de l’altitude, tu parles ! Les filles se sont réveillées plusieurs fois. Elles ont eu froid, Anouck les avait pourtant prévenu de se couvrir, qu’on avait changé d’altitude donc de climat. Anouck a été malade, elle a passé 2h d’insomnie. Au réveil, toutes les trois ne se sentent pas en super forme après cette nuit à 3800m d’altitude.
Laguna Churup 600D+
6h50
8 kms
On part quand même en rando, à 8h40, la grimpette commence. Le départ n’est pas simple, une côte bien raide avec des marches. Les Blondinettes grognent un peu, réclament des pauses un peu trop souvent pour moi. Anouck est bien essoufflée, le cardio à fond, elle sent le manque de sommeil et d’oxygène. Ensuite le sentier se fait moins pentu, l’humeur s’améliore.
Nous arrivons à des roches qu’il faut franchir à l’aide de chaînes fixées à la paroi, les Blondinettes adorent ça. Elles trouvent ce passage trop court. Surtout que la suite est moins sympa, ça monte fort, au soleil, sans voir où est le sommet. Après, c’est la récompense : un long passage avec des chaînes, des échelons, des rochers à escalader. Des groupes nous dépassent, bien essoufflés, ils admirent la forme des filles.
Nous arrivons au lac Churup, à 4450m d’altitude, sous la montagne et le glacier du même nom. La vue est splendide, nous nous installons sur un rocher pour pic-niquer. D’autres groupes s’installent au même endroit que nous, tant pis pour la tranquillité. Nous prenons notre temps, Anouck a lu les règles de la mourre dernièrement et nous apprend ce jeu, Léna adore.
Nous reprenons la rando, avec une variante. Au lieu de redescendre la partie escalade, qui nous semble périlleuse, nous grimpons encore jusqu’à un mirador. Le point de vue n’est pas vraiment plus joli, mais de là nous pouvons prendre un sentier qui descend abruptement vers le premier passage avec chaînes.
Les filles se lancent dans leur projet d’avenir, cette fois-ci elles nous embauchent, elles vont ouvrir un restaurant ou un salon de thé ou un café littéraire et on devra venir cuisiner nos spécialités. Zora met à l’ouvrage ses grands-pères aussi, « Papou travaille le bois, Papy l’électricité, je dois leur dire quoi faire, ça me coûtera moins cher ! » 🙄. On arrive à Coquillette à 15h30, après un peu plus de 8km et 600m de dénivelé.
Huaraz Caraz
2h05
86 kms
C’est au tour de Coquillette de travailler, on redescend vers la ville. On reprend la sale portion de ripio dans Huaraz, puis on prend une avenue bien large. Ce n’était pas le plan initial, on devait prendre la route qu’on a prise hier et qu’on connaissait. Mais bon, une route asphaltée avec un terre-plein central, c’est tentant.
Au bout d’un moment, il n’y a plus de circulation, juste des piétons qui marchent n’importe où sur la route. Et à 500 mètres de rejoindre la route principale, une descente vertigineuse en ripio, plein de cailloux et de nid-de-poule. Anouck s’en veut de m’avoir guidé ici, je serre les dents et je me lance. Je suis super concentré, le pied ne quitte pas le frein. À moins de 10km/h, on arrive en bas secoués mais sans casse. J’ai à peine retrouvé mon accélérateur qu’un camion de chantier me dépasse en trombe, apparemment je suis descendu trop lentement pour lui.
Les 50km restants sont sur une bonne route, mais avec des tuk-tuk peu véloces, des ralentisseurs cachés et le soleil dans les yeux. Conclusion, le GPS indiquait une heure de trajet, on en aura mis deux, avec des superbes vues sur la Cordillère Blanche ! On se pose au camping de Caraz : un espace d’herbe dans un manège équestre à l’écart du village. Le proprio est sympathique et l’endroit est propre. Il nous propose de réserver notre excursion au lac Paron pour demain, son ami peut venir nous chercher à 8h avec son taxi. On accepte, une chose de moins à régler. Je prépare des crêpes pendant que les Blondinettes vont à la douche, il faut aller coucher tôt pour récupérer de la nuit précédente.
23/08/2023 => Jour 356
Nous sommes prêts pour notre taxi un peu avant 8h, il arrive avec une demi-heure de retard. Pendant ce temps, les Blondinettes vont donner de l’herbe aux chevaux de la propriété. Le chauffeur arrive, nous sommes rassurés, la voiture a l’air solide et spacieuse.
Caraz Laguna Paron
1h40
34 kms
La route commence, nous quittons le village et grimpons dans les montagnes. Nous croisons des hameaux, il y a beaucoup de terres cultivées. Le chauffeur s’intéresse à notre voyage, puis nous donne quelques explications sur la vie ici. La piste commence à devenir horrible, étroite, pleine de bosses, de rochers. Ça monte raide avec des lacets à flanc de falaise.
Nous sommes à présent dans une vallée très encaissée, un torrent en bas et des murailles rocheuses de chaque côté. La végétation est dense, une vraie forêt tropicale. Au bout d’une heure trente, nous arrivons à la Laguna Paron. Comme je suis heureux de ne pas être monté avec Coquillette, elle aurait souffert de la route.
Le chauffeur nous indique un sentier à gravir, pour accéder à un mirador. C’est une aventure pour les Blondinettes, il faut éviter des ruisseaux qui s’écoulent sur le chemin, et sauter de rocher en rocher aux endroits où le sentier n’existe plus. La vue au sommet est à couper le souffle, le lac est d’un bleu turquoise magique, et nous pouvons voir 8 glaciers différents.
Nous redescendons pour aller voir le lac de près. Il y avait moyen autrefois de faire une randonnée le long de l’eau, mais un éboulement sur la route empêche d’y accéder. Nous reprenons donc le taxi. La descente est périlleuse, nous sommes à l’heure où les tours organisés arrivent au lac.
Pendant le trajet, Léna demande à ce qu’on lui lise une bande dessinée, Anouck et Zora se relaient pour la lecture, c’est chouette ! Nous demandons à être déposés au village, il est déjà 13h30, nous avons faim ! Nous mangeons un menu soupe-plat, comme d’habitude, avec deux portions nous avons assez pour nous 4.
Après le repas, nous nous promenons en ville. Nous trouvons une agence pour faire une excursion dans deux jours, le chauffeur d’aujourd’hui est trop cher à notre goût. Nous rentrons au camping en tuk-tuk, c’est rigolo comme transport. La fin d’après-midi est tranquille, les filles jouent aux Lego dehors, ça nous laisse du temps libre.
Comments (1)
Magnifiques ces glaciers de partout. Ça change d’ici où ça fond à vue d’œil !